Nouveau rebondissement dans ce qu'il est convenu d'appeler dorénavant l'affaire «El Khabar» avec l'annonce, hier, de l'homme d'affaires Issad Rebrab sur l'ouverture du capital du Groupe médiatique El-Khabar, en plaçant la majorité des actions dans la Bourse d'Alger. Le patron de Cevital a indiqué sur son compte twitter officiel qu' «un comité de surveillance indépendant» sera nommé, invitant les citoyens «qui défendent la liberté d'expression» à devenir actionnaires du Groupe. Ainsi, Nes Prod, la filiale de Cevital, au cœur d'un feuilleton judiciaire après l'opposition du ministre de la Communication à la vente d'«El Khabar», ne sera plus ainsi actionnaire majoritaire. Une démarche qui, si elle venait à être concrétisée et réussie, sera élargie au quotidien «Liberté». Trois semaines après l'annonce officielle du rachat, le ministère de la Communication décide de saisir la justice pour faire annuler la transaction au motif qu'elle serait illégale. Si le représentant du gouvernement affirme que cette transaction a enfreint l'article 25 du code de l'information de février 2012, «une même personne morale de droit algérien ne peut posséder, contrôler ou diriger qu'une seule publication périodique d'information générale de même périodicité éditée en Algérie», ses détracteurs affirment qu'elle obéit à un agenda politique en perspective de la succession de Bouteflika. Saisi en référé, le tribunal administratif de Bir Mourad Raïs a renvoyé le dossier à trois reprises. La vente d'«El Khabar» est devenue une affaire nationale, impliquant citoyenneté et politique. Pour les partis politiques de l'opposition, l'immixtion de Grine dans une affaire commerciale reflète le désarroi du pouvoir face à la liberté de la presse. Pour les relais du gouvernement, cette vente fait partie d'un vaste complot pour imposer un président de la République, dixit Saâdani du FLN. Par ailleurs, le patron de Cevital, et dans une interview accordée à la chaîne française «France 24», a indiqué que ses ennuis et le blocage de ses projets sont dus à certains cercles qui gravitent autour de la Présidence. «Je ne crois pas que le président Bouteflika s'intéresse à cette affaire. Je pense que certaines personnes autour de lui peuvent être derrière cette campagne hostile contre ma personne et Cevital», a-t-il répondu à une question de «France 24». Répondant indirectement à Saâdani qui l'avait sommé de choisir entre argent et politique, Rebrab a assuré qu'il ne s'intéresse pas à la politique. «Je suis uniquement passionné par la création de richesses et d'emplois», a-t-il dit en affirmant qu'il n'envisage pas de «quitter l'Algérie». Toujours pendant la même interview, il est revenu sur le mandat d'arrêt affirmant qu'il a été émis à son encontre «mais ils l'ont retiré par la suite. C'est ce qu'on m'a dit».