L'Algérie a répondu à la demande de retour du Maroc sous conditions dans l'Union africaine en affirmant qu'aucune adhésion à l'UA ne peut être conditionnée. La réaction algérienne était attendue, scrutée par tous les observateurs surtout après la lettre de circonstance de Mohamed VI qui devait être lue à l'ouverture du 27e sommet de l'UA qui s'est tenu à Kigali, mais qui a été zappée au grand dam du Sénégal. La réponse algérienne, tout en retenue, s'appuie sur l'acte constitutif de l'organisation continentale, comme l'a expliqué le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel. Le ton péremptoire et volontairement offensif du message du souverain marocain n'est donc pas passé actant un autre échec de la diplomatie marocaine qui pensait avoir mis l'Afrique sous lobby à la lumière de sa stratégie en direction du continent noir mise savamment en plan à travers un rapprochement avec les pays africains à coups d'effacement des dettes et de renforcement des relations bilatérales. Alger rappelle les fondements mêmes de l'UA loin d'évoquer la suspension d'un de ses membres qui ne peut se faire que lorsqu'il y a changement anticonstitutionnel dans un pays. Messahel évoque aussi la nature juridique de la volonté marocaine, précisant qu'on ne peut parler de retour mais d'adhésion dont les conditions sont dictées par l'article 29. Alger s'appuie sur la loi pour répondre au voisin alaouite lui rappelant qu'il faut l'accord de 28 pays, composant la majorité simple, pour que la demande d'adhésion soit acceptée, «mais sans conditions», encore une fois. Le ministre, éludant une question sur la nature du message du roi marocain à Bouteflika, n'a pas voulu commenter la position de l'Algérie à propos de ce dossier, position qui reste, comme le veut la tradition diplomatique algérienne, fortement dépendante de la légalité internationale. Cet échec consommé doit certainement faire mal au Maroc, lui qui se voyait déjà accueillir en héros au sein de l'UA. Une certitude tellement ancrée qu'elle a fait oublier à Mohamed VI toutes les règles de la bienséance. Son message était plus une succession de directives qu'un souhait de faire amende honorable. Rabat n'a pas hésité à faire la leçon aux Africains coupables d'avoir permis l'admission en son sein d'un «pseudo-Etat», la République arabe sahraouie démocratique (RASD), «un fait accompli immoral» donnant le beau rôle aux Marocains qui, pour éviter la division du continent noir, s'est sacrifié. A parcourir la lettre du roi, on a l'impression qu'il est en terrain conquis et que les équilibres au sein de l'UA ont été bousculés, bouleversés même. Ceux qui attendaient la réponse d'Alger, ont été servis.