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Tunisie: L'orgueil comme qualité politique
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 01 - 08 - 2016

Tunis, 30 juillet 2016 : le chef du gouvernement Habib Essid vient d'effectuer une sortie de la scène politique qui respecte la lettre et l'esprit de la Constitution. Dans la maltraitance constitutionnelle qui régit la gestion effective du pays, il est rassurant de voir qu'un haut cadre de l'Etat a su donner à son départ une forme qui, en appliquant le texte constitutionnel, conforte le citoyen. Le chef du gouvernement aura su convertir son orgueil blessé par la tentative présidentielle de le faire «démissionner» en créant un précédent utile pour construire l'Etat de droit. Son départ a été voté sans surprise par les députés mais en ces temps où la politique en Tunisie montre un visage plutôt hideux, il y a un certain panache à affronter un parterre acquis à la coalition gouvernante et manquant de tonus. Ce geste illustre à sa façon la dignité que peut signifier n'importe quel individu, fût-il en situation de faiblesse et/ou de défaite.
Action et opinion
On parle d'une défaite du gouvernement Essid depuis son arrivée, en février 2015, à la tête du premier gouvernement nommé après les élections de fin 2014. Sous prétexte qu'il n'était pas issu des rangs de Nida Tounès, la contestation a commencé dans les rangs du parti vainqueur des élections pour s'étendre petit à petit. Cela ne coûte rien de commenter dans son coin, à partir d'un clavier ou dans un micro, les difficultés que n'importe quelle formation gouvernementale aurait eu face à la situation tunisienne, confrontée au terrorisme, au chômage, à la corruption et à l'inertie des structures économiques et sociales. Le plus choquant est de voir l'irresponsabilité de la parole de nos gouvernants aller jusqu'à se désolidariser du chef de l'équipe dans laquelle ils jouent. C'est un peu comme les footballeurs qui «vendent» un match et font semblant de jouer, en favorisant la défaite de leur propre camp. Ces responsables sont censés «jouer» pour des électeurs et des citoyens qui les ont accrédités, directement ou indirectement, pour occuper des postes de décision. Députés, ministres et fonctionnaires sont là pour penser à des solutions capables, sinon de guérir la multi-crise du pays, tout au moins pour concocter, avec les moyens mis à leur disposition, des actions et des outils destinés à soulager les premiers maux, en tenant compte des urgences et des défauts structurels. En vérité, ce qui est demandé à ces chargés de mission c'est moins leur opinion (une posture réservée à l'opposition et à la société) que de travailler et donc, de préférence, de se taire pendant le laps de temps où ils sont en charge. C'est vrai que le déferlement de la parole qui a envahi le pays déstructure l'espace médiatico-politique et a installé une cacophonie de voix, d'opinions et de jugements. Nous vivons une saturation de la parole ou plutôt de l'impact de la parole, qui devrait inciter -au moins les responsables en titre- à être plus économes et discrets, à donner les gages de leur sérieux en termes de résultats plutôt qu'en déclarations verbeuses. Les journalistes qui occupent les canaux d'information et d'expression participent à la cacophonie car ils reflètent une confusion des rôles et propagent un trouble entre les compétences et la liberté d'opinion. La fonction de journaliste en Tunisie renvoie l'image d'un malaise entre la capacité et le droit de s'exprimer. Le phénomène est normal en ces temps de construction de la parole publique mais n'excuse en rien l'indécence dont ont fait preuve des acteurs politiques dénués de la réserve qu'exige leur fonction. En un mot, la prise de parole inopportune des responsables ne plaide ni pour leur capacité ni pour leur légitimité et accentue la méfiance du citoyen envers la politique.
Un mécanisme de séparation des pouvoirs
Habib Essid a exigé de passer par le mécanisme du vote de confiance devant l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Son légalisme l'a emporté devant l'argument d'autorité exhibé sur la base de l'Accord de Carthage du 14 juillet 2016. Aussi consensuel que ce document puisse paraître, il est un arrangement laborieux et a minima, imposé par la dissolution de l'alliance des partis qui l'ont nommé. La feuille de route qui prétend s'inspirer du Dialogue national alors qu'elle est mise au point pour amenuiser les risques du choix d'une nouvelle équipe, est contestée par l'exigence obstinée du chef du gouvernement de revenir au mécanisme constitutionnel du vote de confiance plutôt que le départ «volontaire». En plus de l'usure de l'entente artificielle entre quatre partis (Nida Tounès, Ennahdha, Union Patriotique Libre et Afek Tounès), cette confrontation entre La Kasbah, Carthage et le Bardo nous enseigne que la trilogie du pouvoir, en construction fragile, est mise à l'épreuve. L'histoire du pouvoir politique en Tunisie est marquée par l'autorité exclusive jusqu'à l'excès du palais de Carthage, une instance qui a pris l'habitude de recourir au mensonge, au népotisme et à l'arbitraire, jusque dans le passé le plus récent. On a beau mettre en avant l'entrée scène de l'instance législative, le manque de sérieux de nos députés et leur absentéisme, critiqué et raillé sans succès, sont corroborés par leur présence massive en cette journée de vote de confiance. La séance fait presque le plein de l'ARP (191/213, un quasi record) ; elle montre que les députés ont besoin de contrainte. L'exercice de la parole y est comme d'habitude exhibitionniste, convenu voire inutile, mais ce serait bien si l'on pouvait ressentir la même astreinte au devoir dans l'exercice quotidien des commissions et des assemblées plénières, souvent désertes et livrées à la ténacité des entrepreneurs de lois empressés d'enchaîner le futur du pays. Sans nier l'importance de quelques mesures, l'activité parlementaire tunisienne frappe par la désinvolture et le conservatisme des députés (par exemple face à la question de l'égalité des hommes et des femmes devant l'héritage) et fait douter de l'efficacité de ce foyer décisionnel. Devant la tradition présidentialiste, la faiblesse de proposition des partis politiques, l'ARP, toute impuissante et inopératoire soit-elle, héberge ce 30 juillet 2016 un mécanisme qui oppose aux clans et aux ententes occultes une procédure et des interventions où s'incarne l'exercice de la séparation des pouvoirs. En l'absence d'une Cour constitutionnelle et d'un Conseil supérieur de la magistrature, contrepoids empêchés jusque-là d'advenir, cette journée de parole publique (la séance est retransmise en direct à la télévision) sur fond de renouvellement du gouvernement, est un petit pas vers le fonctionnement démocratique, une brèche ouverte contre la loi du plus fort. L'événement est regardé et commenté en direct, alors que personne ne doute de l'issue, ce qui dénote d'un intérêt citoyen.
Dans une Tunisie ballotée dans le désordre des partis et livrée aux calculs des mieux placés, Habib Essid a fait preuve d'un orgueil bienvenu. Sa ténacité a attiré l'attention sur un conflit de pouvoirs qui aurait pu être réglé en catimini. Il s'en va en ayant obligé l'ARP à travailler un peu plus. A l'affectation des remerciements hypocrites, il a préféré une mise en scène parlementaire (qui n'en a pas manqué hélas) offerte à l'arbitrage des citoyens. En affrontant le consensus présidentialiste, Habib Essid a mis sa pierre dans la construction d'un espace public où actions des institutions et opinions doivent se conformer aux formes et aux impératifs constitutionnels. Nous avons besoin de milliers de pierres pour bâtir la légalité et de marches continues pour inscrire la Constitution dans les faits et gestes du pouvoir. Espérons en ce pas comme en un commencement.


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