Ce qui avait été annoncé en fin de semaine par la presse américaine, une réunion «informelle» en septembre des pays Opep à Alger pour des discussions centrées sur une relance des prix du brut, a été confirmé hier lundi par le président en exercice de l'Organisation, le ministre qatari Mohammed Ben Saleh Al-Sada. Il a dans un communiqué indiqué qu'une réunion «informelle des (14) pays membres de l'Opep est prévue en marge du 15e Forum international de l'énergie», qui sera organisé du 26 au 28 septembre en Algérie, a-t-il précisé. L'Opep se préoccupe du «rétablissement de la stabilité et de l'ordre dans le marché pétrolier», a-t-il ajouté, avant de réaffirmer l'optimisme de l'Opep concernant un prochain rééquilibrage de l'offre et la demande, malgré la récente rechute des cours du brut. «Nous tablons sur une hausse de la demande de pétrole aux 3e et 4e trimestres», grâce à un rebond économique dans les «principaux pays consommateurs», relève-t-il. «La baisse des cours du pétrole observée récemment et la volatilité actuelle des marchés n'est que temporaire», ajoute le communiqué, qui a évoqué des facteurs conjoncturels dont l'annonce du Brexit et des surplus de stocks. Pour le ministre qatari, 'les prévisions de hausse de demande de brut aux 3e et 4e trimestres couplée à une baisse des disponibilités amènent les analystes à conclure que la baisse des marchés n'est que momentanée et que les prix du pétrole progresseront durant la dernière partie de 2016". Selon le Wall Street Journal (WSJ) de vendredi, l'Opep devrait de nouveau discuter d'une réduction de la production de pétrole pour soutenir les cours du baril en marge du Forum mondial sur l'énergie devant se dérouler en Algérie. Il y aura autant les pays membres que non membres de l'Opep à ce forum au cours duquel 'les pays OPEP pourraient trouver un accord sur un gel, voire une réduction de l'extraction d'hydrocarbures pour soutenir les cours du pétrole'', estime le quotidien de la finance new-yorkais. Interrogé sur les spéculations de hausse des cours du brut après cette annonce, le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, cité par les agences russes, a rappelé être prêt à négocier. Mais «je pense que les conditions préalables pour cela ne sont pas encore apparues», a-t-il fait remarquer, avant de relever que les prix se trouvaient actuellement «à un niveau plus ou moins correct entre 40 et 50 dollars». Sur les marchés, les traders restent prudents. 'On voit mal ce qui a changé depuis l'échec du sommet du 18 avril», estime Tim Evans, un trader sur la place new-yorkaise. «On peut parier sur le fait que ces nouveaux efforts ne vont rien donner et que la production totale de l'OPEP va continuer à avancer peu à peu.» Les traders pensent au contraire que l'offre OPEP va s'accélérer avec le retour sur le marché du Nigeria et de la Libye. Légère remontée des cours L'annonce d'une réunion des 14 pays de l'Opep en septembre à Alger pour soutenir les prix a été suivie hier lundi par une remontée, légère cependant, des prix du pétrole en cours d'échanges européens, retrouvant un peu de vigueur. Vers 10h00 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 44,79 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 52 cents par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en septembre prenait 57 cents à 42,37 dollars. Mais, globalement, les pays Opep doivent redresser la barre en urgence, car entre juin et juillet derniers le prix de pétrole a perdu au moins 20% de sa valeur. Vendredi, le prix moyen des 14 bruts de l'Opep avait terminé à 40,8 dollars le baril, loin du niveau d'équilibre, notamment pour l'Algérie, des 50-60 dollars. Pour les ministres des pays membres de l'OPEP, la question est simple: il s'agit de trouver une issue, après deux échecs successifs en avril et juin, pour sortir du cycle infernal de la surproduction avec un message rassurant aux marchés. Ensuite comment contenir l'arrivée du schiste américain et canadien, dont l'abondance de l'offre a perturbé le marché. Même si, pour les experts, le pétrole de schiste ne peut être rentable à moins de 80-100 dollars, avec une importante marge de cash flow pour les investisseurs. A contrario, l'Arabie Saoudite, qui pratique une politique de surproduction pour faire baisser les prix, et donc pour littéralement 'couler'' les producteurs américains, n'est pas perdante même à un prix de 10 dollars/baril. Pour l'heure, pourtant, il s'agit pour les pays Opep de reparler d'une même voix, et, surtout, de fédérer les pays non-Opep à une initiative globale qui travaillera pour réajuster les prix et les faire repartir à la hausse en limitant l'offre, pour relancer la demande. Pour cela, encore faut-il qu'un ensemble de facteurs soient réunis, dont la relance de la croissance mondiale notamment en Chine, et un climat politique plus apaisé en Europe après le Brexit.