Le Front Polisario qui a dénoncé auprès de l'ONU l'incursion de forces militaires du Makhzen dans la zone d'Alguergarat en territoire sahraoui libéré en tant que violation flagrante du cessez-le-feu est en droit de la considérer comme ayant créé un «casus belli» auquel ses combattants ne sauraient rester sans réagir. D'autant qu'elle a donné lieu à d'intolérables exactions des civils sahraouis sans défense dont c'est leur mission de les en protéger. L'ONU interpellée par la partie sahraouie prenante de l'accord de cessez-le-feu conclu en 91 sous ses auspices ne peut fermer les yeux sur cette violation marocaine en faisant semblant de croire qu'est fondée la fallacieuse justification donnée par le Makhzen et sa propagande: celle d'une opération rendue indispensable pour prétendument éradiquer dans la zone d'Alguergarat une contrebande dont l'ampleur a entraîné de préjudiciables répercussions sur l'économie du royaume et a nui à son image de marque à l'international. L'incursion des forces armées marocaines obéit à la stratégie de la provocation dont le roi et le Makhzen usent pour faire diversion à chaque fois que leur diplomatie enregistre des échecs sur la question sahraouie. Ce qui se produit en cascade ces derniers mois au point que par affolement ils paraissent être à vouloir provoquer une confrontation armée avec le Polisario en pensant que le Maroc serait quitte de ses engagements qu'il a souscrits en signant l'accord de cessez-le-feu de 1991 dont les clauses sont et resteront contraignantes pour la résolution du conflit sahraoui. Leur nouvelle violation du cessez-le-feu est pour cette considération d'une gravité extrême car effectivement elle relance dans les rangs du Polisario la campagne menée par les partisans de plus en plus entendus par ses militants et la population sahraouie d'une reprise de la lutte armée contre l'occupant, au constat de l'échec du processus des négociations et du coupable immobilisme des Nations unies qui l'ont initié devant l'attitude de défiance narquoise même à leur égard adoptée par le roi et le Makhzen. Les autorités de la RASD ont jusque-là fait le pari que les Nations unies parviendront à faire entendre saison à la partie marocaine dans le conflit en lui faisant clairement comprendre que ses atermoiements et diversions ne sont que perte de temps dans la résolution du conflit. Mais le secrétaire général de l'ONU a eu à le constater lors de la visite qu'il a effectuée il y a quelques semaines dans les camps de réfugiés sahraouis et en territoire libéré, l'exaspération est devenue manifeste au sein de la population sahraouie et tout particulièrement chez la jeunesse et l'encadrement du Front Polisario. Ce qui avec les provocations devenues arrogantes et à coût insupportable pour l'ensemble des Sahraouis a rendu incontestablement explosive la situation dans l'interminable conflit. Le Maroc, répétons-le, est dans une dangereuse fuite en avant dont les conséquences risquent non seulement de provoquer la reprise d'une guerre entre lui et les Sahraouis mais de l'entraîner ainsi dans une confrontation ouverte avec les Etats du voisinage que sont la Mauritanie et l'Algérie qui ressentent ses provocations et violation de l'accord de 91 tout aussi destinées à leur faire comprendre qu'ils n'ont pas d'autre alternative que d'accepter ses prétentions et les faits accomplis qu'il pense être ses actes pour les faire prévaloir. Les monarchies moyen-orientales et la France qui en est devenue l'auxiliaire pour des raisons mercantiles existentielles pour elle sont en partie essentielle responsables du dangereux comportement qu'ont le roi et le Makhzen dans l'affaire sahraouie.