Rapportant les déclarations de Mauro Pili, député et fonda teur d'Unidos, le mouvement de libération du peuple sarde, la presse italienne évoque la mise à l'eau de 70 embarcations, ce vendredi, à partir des côtes de Annaba, transportant quelque 350 à 400 clandestins algériens, en route vers Teulada, une commune côtière de la province de Cagliari, dans la région de la Sardaigne. Mauro Pili parle de véritable invasion de Sulcis, citant des sources fiables. Même s'il reconnaît qu'il ne peut pas vérifier ses informations, il affirme que ses sources sont sérieuses et responsables. Selon ces dernières, dans l'après-midi de ce vendredi, à partir des côtes de Annaba, le point le plus avancé vers la Sardaigne, quelque 200 km, une véritable flotte de 70 petits bateaux, avec à leur bord 5 à 6 passagers, avec pas moins de 150 litres de carburant par embarcation, aurait pris la mer. «Une invasion à grande échelle de la côte sud de la Sardaigne», dira encore le député, profitant d'une fenêtre météo idéale de 24 heures. Pour lui, cette invasion a été organisée en détail suivant un calendrier basé sur quelques-uns des moyens les plus sophistiqués pour les prévisions météo. Il affirme que ces vagues d'immigration clandestine sont orchestrées par une organisation criminelle qui gère le passage de ces hommes. Il s'interroge sur le rôle des hommes politiques italiens et balaye d'un revers de la main l'hypothèse qui veut que la route entre l'Algérie et la Sardaigne soit occasionnelle et autogérée. Il appelle le gouvernement à des solutions pour sauver des vies. En 2009 déjà, Giampaolo Cantini, l'ambassadeur italien en Algérie, avait reconnu l'implication de réseaux criminels dans ce trafic humain des temps modernes. Il n'a pas hésité à lier le phénomène des «harraga» à des réseaux criminels de blanchiment d'argent et de recyclage illégal de fonds qui exploitent la détresse humaine à des fins strictement pécuniaires. Si le député italien, grand défenseur de la Sardaigne semble certain de son fait, difficile de croire qu'une flotte de 70 barques quitte les côtes algériennes sans attirer l'attention des services de sécurité, d'autant plus qu'on parle des rivages de Annaba, véritables rampes de lancement des «harraga» en direction de l'Italie, et étroitement surveillées par les garde-côtes algériens. En juin dernier, quatre embarcations, équipées chacune d'un moteur de 40 CV, transportant 91 harraga, dont 90 originaires des différents quartiers de la ville de Annaba, ont été interceptées. Parties depuis la plage d'échouage de Oued Bagrat, elles ont été détectées par le radar de la caserne de la Marine nationale située sur les hauteurs du Cap de Fer, à la limite des wilayas de Annaba et Skikda. Si les prises des garde-côtes sont nombreuses, il arrive que des embarcations clandestines leur échappent. En août dernier, et en l'espace de 24 heures, une cinquantaine de jeunes harraga' ont réussi à accoster sur les côtes de la Sardaigne. Ils avaient pris le départ des côtes de Annaba.