C'est cette classe bureaucratique (aussi d'anciens ministres aigris et boulimiques qui veulent encore mendier des postes) que promeuvent les partis, et les redoutables scories vectrices de la réaction que sont les progénitures des responsables, ce sont eux qui vont acquérir ce pouvoir démesuré. La démocratie telle qu'elle existe aujourd'hui n'est que le versant politique d'un capitalisme oppressant, exploiteur, malfaisant, aliénant et dominateur. L'expérience prouve que la représentation n'est pas un véhicule de la démocratie mais un obstacle à sa réalisation. La création des partis en Algérie participe à ces corruptions de la démocratie qui font de celles-ci une forme politique imposée et contrôlée par le haut. Tous les partis sont opportunistes, ont de tout temps récupéré l'énergie et les idéaux sociaux des populations pour légitimer leur propre pouvoir. Les partis usurpent et trahissent la puissance des mouvements et des lignes de masses, une fois installés sur les fauteuils du pouvoir, font recours aux moyens ''institutionnels'' pour reproduire les pratiques autoritaires contre lesquelles les mouvements s'étaient érigés au départ. Ajouter à cela, le pouvoir de l'argent empêche les gens de s'associer et de construire des organisations capables de soutenir les coûts toujours plus élevés des campagnes électorales. Il vous faut être riche, très riche, si vous voulez vous aventurer sur ce terrain avec vos propres ressources. Sinon, pour y parvenir, il faut corrompre et être corrompu (Echkara du FLN, RND, etc.). Et lorsqu'ils sont arrivés au gouvernement, les représentants élus s'enrichissent. Regardez le spectacle affligeant des medias algériens aux dernières élections, qui tendent toujours à contenir et à bloquer activement le développement social des luttes indépendantes, les alliances populaires, qui nous laissent aucune chance, et qui ont recours au montage télévisuel dans le but de nous faire dire le contraire de ce qui a été dit (le différé, la pellicule coupés aux ciseaux, et le montage parfaitement tricoté), nous empêchent de faire valoir politiquement nos positions et idées. Bref, les medias dominants font obstacle à toute forme émergente de participation démocratique. Le représenté est la victime et la cible de la stratégie de la peur que les médias mettent en œuvre (une TV bien connue de chez nous, etc.). Il suffit de regarder les informations du soir pour avoir peur de sortir de chez soi, dans le cas contraire il faut porter une arme: enfants kidnappés, fille violée, complot terroriste, des voleurs qui rôdent dans le voisinage, et plus encore. La nature associative des relations sociales cède ainsi la place à l'isolement dans la crainte et la méfiance. "L'homme est un loup pour l'homme", à travers les processus de la représentation, la politique déverse ces tombereaux d'ordure sur le représenté. Le représenté est manipulé par l'imbécillité assourdissante du cirque médiatique. La représentation aujourd'hui fonctionne tel un mécanisme qui sépare la population du pouvoir, ceux qui reçoivent des ordres de ceux qui les donnent. Le pauvre représenté, trahi et leurré par la représentation et les partis corrompus (ils le sont tous), ne participe plus à la vie politique, se trouve pauvre parmi les pauvres, luttant seul contre les gangs de l'Etat et les forces du mal. Les partis rigolent et méprisent les représentés sous des airs condescendants et magnanimes "Vous avez fait votre devoir dans les rues et les meetings, disent-ils aux mouvements sociaux, et maintenant dispersez-vous, vous pouvez rentrer chez vous et nous laisser sous les dorures du palais, nous occuper de nos costumes, de nos voitures dernier cri, de nos affaires, de notre trafic d'influence, de notre bedonnant embonpoint qui sera bien pris en charge par les meilleurs traiteurs de petits fours et de méchouis d'Alger; on vous convoquera quand on aura besoin de vous, à chaque fois, pour participer à nos liturgies acclamatives folkloriques, suivies du décor et du sifflement des gyrophares de nos voitures Mercedes blindées, flambantes neuves, accompagnées de nos gorilles, pour impressionner et ''écraser la populace''". [La polysémie du mot ''populace'' prête à confusion, ceux qui comprennent mes écrits, je vise à présenter la frange malheureuse, trompée, naïve et manipulable de la population et cela n'a rien d'insultant pour affecter nos masses]. Quel Folklore ! Quelle agression et provocation ostentatoire sur une population perdue dans la jungle sociale ! On perçoit bien le niveau d'arrivisme de nos effrontés ''dirigeants'' ! Roland Dumas dans ses mémoires, qui viennent de sortir, témoigne, que la première mesure que F. Mitterand a prise, c'était d'éliminer le cirque des cortèges officiels et présidentiels. Qu'on s'entende bien, la "démocratie de tous par tous" ne doit pas être confondue avec le concept d'holocratie, c'est-à-dire avec le pouvoir de tous ou de la totalité, qui a été dénoncé tout au long de l'histoire de la théorie politique comme un faux dérivé du pouvoir exprimé par tout un chacun. Comment reconquérir (ou constituer pour la première fois) le projet démocratique, "la démocratie de tous par tous" c'est-à-dire le pouvoir politique du citoyen-travailleur, du citoyen-soldat ? L'une des voies pour parvenir à cette reconquête passe par la révolte et l'insurrection contre les figures subjectives appauvries et dé potentialisées (c'est-à-dire un soulèvement intellectuel massif de sensibilisation pour gagner les défaitistes et les aliénés que l'Etat a décérébrés). M. le Timonier, je vous donne la clef pour assurer cette transition en douceur pour que ne vous soyez pas le dindon de la farce, il faut que la population, dans une première étape, honnira tous les partis qui sont sans exclusive corrompus, dans une seconde étape, subsumera et hypostasiera l'armée dans sa corporéité et évitera à celle-ci de se métamorphoser en junte réactionnaire. C'est-à-dire l'armée du peuple, le peuple en armes. Revenir à la doctrine de notre révolution armée (mais que les embusqués ''dirigeants'' des frontières d'Oujda et Ghardimaou ont réussi à dévitaliser). Nos masses, avec 14.000 émeutes annuelles, sont déjà sur le terrain sans l'appui d'aucun parti, que les ennemis du peuple doivent savoir que c'est sur ce terrain que va se former cette imagination collective sur laquelle tout mouvement trouve appui, créatrice de subjectivité et de biopolitique. C'est-à-dire la résistance, la révolte, le travail d'agitation, la manifestation, le campement, le sit-in, la solidarité, et la discipline. Nos forces sociales sauront bâtir et organiser un ''appareil'' hautement spécialisé et extrêmement discipliné. Face aux grands évènements historiques, l'Algérien est performant et cool. M. le Timonier, la tâche éminente et prioritaire de ces mouvements disparates est de travailler à la conjonction de quatre forces, pour l'instant hétérogènes: primo, cette jeunesse éduquée, formée à l'université, majoritairement en chômage, qui se signale par sa volonté de remettre en cause l'ordre dominant; secundo, il y a la jeunesse populaire et contestataire, celle qui vit dans les bidonvilles à la périphérie des villes, à la campagne, dans les villages, c'est-à-dire celle qui se soulève un peu partout dans le monde; tertio, il y a ce prolétariat en perpétuelle exode, en ''vagabondage'', qui vadrouille à l'intérieur du pays ou à l'extérieur (émigration, harraga, désespérados récupérés et recrutés par les filets jihadistes, Daeschiste americano-sioniste-wahabite visant à pastoraliser le monde arabo-musulman); quarto, ordinairement toutes les petites gens, les femmes au foyer non rémunérées, employés de bureaux, le prolétariat des usines, chauffeurs de taxi, instituteurs, les salariés ordinaires, les petits retraités (ils sont 4,5 millions qui vivent avec moins de 18.000 DA/mois), nos prostituées qui vendent leur corps, tous joignent difficilement les deux bouts, qui se battent contre un pouvoir d'achat continuellement érodé et extraordinaires ceux qui vivent d'expédients, de petits boulots au jour le jour et de travaux précaires sans sécurité sociale. Tous ces acteurs sont sans parts et sans propriétés, peuvent être lentement réunis, fédérés autour de l'idée du commun pour s'approprier les moyens de production et de vie sociale à même de donner un contenu et un horizon à leurs aspirations disparates. Ces forces seront la source et le levier de nouvelles formes d'organisations qui nous feront sortir des circuits habituels, des partis et des canaux politiques traditionnels. L'enjeu est bien plus grand que de savoir si l'on gagnera les prochaines élections, ou si l'on parviendra à infiltrer tel ou tel APC. Donc le travail va se dérouler sur la terre ferme pour prendre en charge leur destin et gagner leur liberté et non dans le "ciel pur des idées" comme le professent certains partis. J'ai toujours fait de la politique avec l'idée qu'il faut d'abord enquêter, discuter, recueillir les avis contradictoires. On est un terroriste et un ignorant si on se ferme d'emblée à tout dialogue. A ces acteurs, nous leur transmettrons le ''témoin'' de notre background et expérience, primo, de les aider à prendre conscience de la nécessité de bien visualiser l'aboutissement d'un mouvement révolutionnaire, secundo, de prévoir ce qui vient, tertio, de se garder des simples impulsions négatives. Elaborer un programme de toutes les actions à entreprendre dans leurs moindres détails avant et après la prise de pouvoir, c'est notre responsabilité, nous les ''anciens''. C'est une responsabilité fondamentale de tout mouvement révolutionnaire, populaire, légitime, juste et performant. Car nous sommes dans un champ de bataille, il faut que l'ordre de bataille doit être extrêmement minutieux et d'une précision microscopique, la capacité créatrice de notre jeunesse est colossale et foudroyante, ils créeront leur propre C4ISR (ils n'ont pas besoin de l'importer de l'étranger), pour alimenter la banque de leurs cibles, finement élaborée et exhaustive et qu'ils sauront traiter ces dites cibles à la vitesse de l'éclair dans un minimum de temps. Les mouvements algériens, pourvu qu'ils naissent, doivent être pragmatiques, doivent éviter la passivité d'''Etre avec'' mais ''Faire avec'' les autres qui, en se diffusant, participent à l'apprentissage de la décision contrairement à l'hétéronomie des partis qui les exclut. Et il faut prendre une décision quand ''l'endetté'' décide de ne pas payer sa dette; lorsque le ''médiatisé'' décide d'échapper au contrôle des médias et à leurs mensonges; lorsque le ''sécurisé'' veut devenir invisible par l'exode et de ne plus avoir peur et qui se fout de cet exercice légitime de la violence comme de l'an 40; et lorsque le'' représenté'' refuse d'être gouverné par des représentants indignes et escrocs. Il faut que nos singularités deviennent des sujets politiques autonomes et participatifs, doivent faire le saut vital et obligatoire, en passant de l'individuel vers le collectif. Dans ce contexte, il est évident et exclu que le parti politique moderne - que ce soit dans sa forme parlementaire ou dans sa forme d'avant-garde - ne peut servir d'organe à ce type de prise de décision. C'est lorsque la multitude est capable de se gouverner elle-même que la démocratie devient possible. C'est ce passage incroyable de l'Individu au Sujet, en face d'un évènement et d'une vérité (Heidegger, Etre et Temps), c'est-à-dire lorsqu'un sujet capable de s'en saisir de la démocratie absolue et de la mettre en acte aura émergé. La démocratie de la Multitude s'oppose au souverainisme des partis et des pouvoirs et de leur exigence léonine, seul l'Un peut gouverner. Non ! La démocratie véritable, quant à elle, a besoin d'une innovation radicale et d'une nouvelle Science. Ces mouvements sociaux qui ne font pas la une dans les journaux, contrairement aux chefs des ''partis corrompus'' qui habitent les médias, immanquablement vont se reconstituer sur un nouveau terrain, autre que celui de l'imposture de la ''démocratie des partis'' et trouver de nouvelles compositions afin d'exprimer leur autonomie et leur puissance. La crise d'échelle que traverse actuellement la démocratie offre-t-elle l'occasion de revenir à son sens originel ? Celui du pouvoir de tous et par tous, c'est-à-dire une démocratie qui se développe par le bas. Passons d'abord au Tamis la généalogie des concepts de modernité, de souveraineté et de démocratie. Les concepts de modernité, de souveraineté et de démocratie sont nés dans le concert européen. Suivre l'apparition du concept de souveraineté et de modernité en Europe devrait nous permettre de reconnaître que leurs constructions ne sont ni unitaires ni pacifiques; dès le départ, elles ont été caractérisées par des luttes, des conflits et des crises. On identifie trois moments dans la formation de la modernité européenne, qui énoncent la configuration initiale du concept moderne de souveraineté: premièrement, la découverte révolutionnaire du plan de l'immanence; deuxièmement, la réaction contre ces forces immanentes et la crise contre dans la forme de l'autorité; et troisièmement, la résolution partielle et provisoire de cette crise dans la formation de l'Etat moderne comme lieu de souveraineté qui transcende et médiatise le plan des forces immanentes. Le concept de souveraineté en Europe a servi de pierre angulaire pour la construction de l'eurocentrisme. Il faut pointer du doigt, que dans cette progression la modernité européenne elle-même devient de plus en plus inséparable du principe de souveraineté. La souveraineté moderne est née en Europe, apparue comme le concept de la réaction et de la domination européenne à l'intérieur de ses frontières, c'est-à-dire le pouvoir en Europe et à l'extérieur de ses frontières, c'est-à-dire les entreprises coloniales et la résistance des colonisés, en somme le pouvoir de l'Europe sur le monde. Le plus grand historien contemporain à l'heure actuelle, l'Indien Sanjay Subrahmanian, nous décrit parfaitement ce passage. Sans éclairage philosophique de la situation historique dans laquelle l'Algérie se trouve et de sa place dans le monde, l'action politique est aveugle (personne n'a réussi à la faire jusqu'à maintenant, ni par la façon probe et humble de Malek Bennabi ni par les écrits malheureux, de ses faux disciples, entachés d'amphigouris, de galimatias inintelligibles qui servent beaucoup plus à désarçonner la tête du lecteur par la vanité et la confusion). Cette réflexion doit se déployer sur 3 directions: primo, une généalogie et une étude approfondie de l'aventure coloniale depuis la tentative avortée (grâce à la météorologie) de François 1er d'occuper Alger jusqu'à aujourd'hui (j'ai choisi cette durée de 5 siècles, temps nécessaire pour un changement radicale de nos structures mentales), deuxièmement une généalogie et une étude approfondie de l'aventure capitaliste et ''démocratique'' en Europe depuis les Stuart et tertio le sens profond de ''l'échec'' de cette expérience singulière qu'a été le socialisme historique, essentiellement en URSS.