Les sans-papiers algériens en Espagne font de nouveau parler d'eux. Ainsi une cinquantaine de migrants, dont la plupart sont des Algériens en situation irrégulière, suivaient hier une grève de la faim dans un centre de rétention des étrangers à Barcelone, quelques jours après une nuit de rébellion de migrants dans un autre centre à Madrid. Selon la police barcelonaise, 68 internés ont refusé d'entrer dans la cantine pour manger et de regagner leur chambre, ce dimanche en milieu d'après-midi. Hier matin, «47 restaient sur cette position», précise la même source. Les migrants, pour la plupart algériens, ont refusé de s'alimenter depuis le début du mouvement et passé la nuit, avec des couvertures, dans la cour du centre situé à la périphérie de Barcelone. Les Algériens demandent à «être remis en liberté», selon le réseau Fermons les CIE dont plusieurs membres ont rendu visite hier aux migrants retenus. «Ce sont des personnes qui sont arrivées à bord d'embarcations de fortune et se demandent pourquoi ils vivent cette situation après avoir risqué leur vie», a déclaré à la presse l'avocat de ce réseau, Andrés García Berrio. La semaine précédente, une quarantaine de migrants s'étaient rebellés dans un centre de rétention de Madrid, sans faire de blessés. Ils avaient passé toute une nuit sur le toit du bâtiment. Dans la première semaine d'octobre, 67 migrants de différentes nationalités se sont évadés du centre de rétention de Sangonera près de Carthagène, à la faveur d'une mutinerie. Au moins 26 migrants algériens étaient encore recherchés par la police espagnole après cette évasion. Le centre de rétention du sud-est de l'Espagne, n'abritant que des hommes, a été le théâtre d'une évasion à grande échelle de migrants qui y étaient détenus. Sur les 127 étrangers, sans titre de séjour, présents à Sangonera, 67 migrants de différentes nationalités se sont fait la belle. Le lendemain, «il en manquait encore 26, quasiment tous de nationalité algérienne», avait indiqué une porte-parole de la préfecture de Murcie. Selon une source policière de Murcie, «un des étrangers a d'abord feint d'être malade et quand l'ambulance est entrée pour l'extraire, les autres se sont mutinés». Au cours de la révolte, cinq policiers qui faisaient partie de l'escorte venue porter secours au migrant supposé malade, ont été agressés, selon la même source. Ils ont été blessés, victimes de «nombreuses contusions» et «traumatismes», selon une source préfectorale. Les mutins armés d'extincteurs du centre, ont cassé les accès au centre pour s'enfuir. Cet établissement public n'en est pas à sa première évasion puisqu'il a connu ces dernières années d'autres épisodes du même type. Les 21 août dernier, dix hommes s'étaient ainsi enfuis dans des conditions comparables. Le Syndicat unifié de la police (SUP) a exigé dans un communiqué «la fermeture immédiate du centre», en dénonçant des carences en matière de sécurité et un manque de personnel. Des organisations des droits de l'Homme et partis espagnols de gauche s'intéressent eux aussi à ces centres mais sous un autre angle. Ils y dénoncent les mauvaises conditions de séjour et réclament leur fermeture. «Ils enferment des internés dans des cellules d'isolement, en représailles à de petites choses, c'est un traitement dégradant», a notamment déclaré un juge chargé du contrôle du centre de rétention de Madrid, estimant que ces centres de rétention sont «pires que la prison». Selon un rapport du Défenseur du peuple (le médiateur de la République), 6.930 personnes sont passées en 2015 par les sept centres de rétention du pays, dont 41% ont été finalement expulsés.