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La future Assemblée nationale devra comprendre son rôle
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 22 - 12 - 2016

Promouvoir l'action culturelle et faire de la refondation du système scolaire et universitaire son fer de lance.
L'Assemblée nationale prochainement élue, appelée à être au même titre que celles qui l'ont précédée (sauf que ces dernières ont failli), cette institution chargée d'orienter la politique tant intérieure qu'extérieure du gouvernement devra, par souci d'accomplir la mission pour laquelle elle sera mandatée (réussir le bien-être de la cité), faire de la promotion d'une action culturelle créatrice de renaissance et de la refondation des systèmes scolaire et universitaire, l'axe nodal de celle-ci. En conséquence et parce qu'elle aura, enfin, compris que seule l'optimisation du rendement culturel, scolaire et universitaire est digne d'intérêt et qu'elle est le socle sur lequel s'édifie la croissance civilisationnelle nationale, elle sera, sans le moindre doute, le creuset de cette confiance à laquelle l'auront investie ceux qui l'auront élue. Elle conquerra cette pérennité qui lui faisait défaut.
Promouvoir l'action culturelle en Algérie est une impérativité
Les députés prochainement élus n'ignorent certainement pas que la culture est cet espace civilisationnel en perpétuel devenir dans lequel s'élaborent, de mieux en mieux, le savoir-faire et le savoir-être nécessaires aux hommes pour échapper aux tourments que suscite la part obscure* du «moi » qui est en chacun d'eux et pouvoir, au final, être utiles à la société humaine. Ils ne doivent pas aussi ignorer, qu'engendrant un pôle d'idées-forces où s'associent la connaissance scientifique, l'art et la morale pour se continuer et non pour s'entrechoquer, elle leur permet d'acquérir la maîtrise de soi dans la gestion des approches qui les aideront à déterminer le sens dans lequel devra évoluer une civilisation humaine porteuse d'avenir et à en accélérer l'ascension.
*être tourmenté par la part obscure du moi, c'est ne pas conscientiser ses peurs et ses défenses. C'est ne pas accepter ses sentiments. C'est refuser de vivre dans le respect, dans la sollicitude et dans la compassion pour soi et pour autrui.
Bien pensée et bien comprise, elle deviendra une habitude qui présidera à la vie. Puisant sa substance dans le complexe éducatif et cognitif auquel doit obéir l'homme (à la fois individu indépendant et membre de la communauté), elle balisera de mieux en mieux son cheminement dans une existence qui se veut être de plus en plus raffinée.
Cela dit, éduquer les mentalités à savoir traiter avec les choses de la vie*, à ne plus se sentir amoindries par les lacunes qu'elles peuvent amasser et par les dilemmes qu'elles sont susceptibles de provoquer, mais immédiatement concernées et à ne plus ignorer leur rôle civilisateur, c'est permettre à l'individu de réorganiser, de façon continue, ses pensées, de formuler de nouvelles croyances pour pouvoir choisir de nouvelles options de vivre et d'évoluer, pour ne pas risquer d'être condamner à l'arriération.
* Les choses de la vie : elles se répartissent entre la servitude et la liberté, entre l'injustice et l'équité, entre la faiblesse et la puissance.
Conscientisant la culture comme étant cet espace civilisationnel en perpétuel devenir, les futurs députés n'ignorent pas qu'il est des Algériennes et des Algériens qui, parce que mal armés intellectuellement, manquent de savoir-faire et de savoir-être. Ils subissent alors les flagellations des forfaits majeurs et celles des dénis intolérables générés par la pauvreté de l'esprit et la faiblesse de la personnalité. Ils n'arrivent pas à émerger et se résignent à avoir des contacts avec les progrès que par des liens de consommations immédiates et sans plus. Ils se résolvent à admettre que leur sort se fasse et se défasse et s'astreignent à dépérir au profit de l'émergence d'instincts insolites. En conséquence et inspirés par leurs seuls instincts de base, ils se complaisent dans leur condition de mammifères passifs et s'engloutissent dans leurs conflits. D'où la nécessité de réfléchir à une école qui formera des Césars qui ne ménageront aucun effort pour favoriser l'aboutissement des objectifs de la société algérienne, entre autres :
-assurer concrètement sa protection contre tous les abus d'où qu'ils viennent;
-établir dans les faits la primauté de la loi et de l'égalité absolue devant elle;
-assurer que seuls le mérite et l'effort vaudront l'élévation sociale;
-garantir l'égalité des chances pour tous;
-consacrer les mécanismes appropriés au développement et à la promotion des compétences générales et des qualifications spécialisées et offrir à celles-ci le cadre adéquat à leur pleine expression.
Par ailleurs, mal armés culturellement, les Algériennes et les Algériens confondent le bien avec leur volonté. Ils sont convaincus qu'ils sont parfaits, irréprochables, puissants, au-dessus de tout soupçon, sereins. Adoptant une attitude de défense contre un monde qu'ils considèrent leur être hostile, leurs comportements sont teintés non seulement de volonté égoïste et de fierté (mal placée d'ailleurs), mais aussi de peur intense (parce qu'ils s'en font une fausse conception, qu'ils sont angoissés à l'idée de perdre tout contrôle sur ce qui les entoure). Mais ce qui est lourd de conséquences, c'est qu'ils ne peuvent affronter le rigorisme de la raison, la sévérité de la vérité, l'impartialité de la justice et la rigueur de la raison.
Quand bien même à l'abri du besoin, ils se livrent en pâture aux injures du temps. Leur souci est d'assujettir autrui. Réduits à de vulgaires humanoïdes, les tourments que génèrent la servitude et la liberté, l'injustice et l'équité, la faiblesse et la puissance (ces choses de la vie), ne les concernent pas. Se limitant à nourrir une platitude culturelle démesurément insensée, ils ignorent que ce sont le savoir, le savoir-faire et le savoir-être qui distribuent les cartes de la richesse et de la puissance. Combien riches et parce qu'ils sont incultes, ils ne s'horrifient pas des affres de ces laissés pour compte qu'ils sont pourtant.
Mal armés intellectuellement et mal armés culturellement, ils ne peuvent qu'être socialement mal armés. Ils désarment alors face aux conditions de l'amarrage aux exigences du troisième millénaire. Conséquence que vous combattrez du haut de votre podium.
Mal armés socialement, ils désarment face aux conditions de l'amarrage aux exigences du troisième millénaire
Provoquer cet événement, c'est faire en sorte que s'expriment les perspectives d'une action culturelle qui apprendra aux Algériennes et aux Algériens à se déterminer de l'intérieur d'eux-mêmes au lieu de se limiter à y survivre en se faisant les victimes expiatoires de leurs conditions, pour certains, et les chantres de la négation (en tout genre), pour d'autres. Dans cette perspective, elle s'assignera pour mission sa propre promotion qui devra, d'ailleurs, relever de la responsabilité de tous ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir sur les citoyens et particulièrement de celle des futurs députés (jusque-là, les Assemblées populaires qui se sont succédé n'ont même pas fait le benjamin de leurs soucis, elles n'y ont même pas pensé). Ils l'érigeront, pour ce faire, en cette latitude dont devra être nanti l'esprit pour pouvoir extrapoler ses aspirations du présent sur un idéal futur, pour pouvoir participer au règne de l'ordre et de la justice avec perspicacité et sans détour. De la sorte, il accomplira le pas libérateur avec conviction mais, circonscription.
Capital idéo-spatio-temporel, le propre de la culture est de ne pas se figer dans un temps qui passe. Elle ne se limitera pas à subir le problème des idées. Elle sera le socle sur lequel s'accomplira leur fécondité, se définira leur utilité et aussi la rampe de lancement de leur exploitation. Elle doit être, alors, sans cesse actualisée et de mieux en mieux universelle.
Appelée à être le moyen existentiel à promouvoir parce qu'il assure à tous l'accès à la vie communautaire en aidant tout un chacun à se connaître pour comprendre autrui et partant, à piloter ses préoccupations pour pouvoir gérer celles d'autrui, l'action culturelle à engager doit offrir à tous la possibilité de conquérir une expression sociale capable d'animer la condition qui leur permettra d'évoluer au rythme de l'international, sans inquiétude et sans trouble et se mêler au monde, sans gêne et sans complexe.
Cela dit, débattre de la défaite culturelle nationale programmée (du reste), et qui a fini par faire des Algériennes et des Algériens une «offrande à l'erreur» et par réduire beaucoup d'entre eux à des algérianoïdes passés pour maîtres dans l'art de faire semblant, ne doit pas signifier, pour vous, s'extasier à la manière de poètes taris ou de philosophes arides devant ce qui fut la splendeur et la magnificence de notre civilisation à ses âges d'or, mais s'interroger à la manière d'inquisiteurs avertis sur les causes de son déclin. La réponse à cette question ne relève pas de théories abstraites et d'autant fumeuses de ceux qui aiment s'écouter parler. Elle est dans la mise à nu des dédales de la gouvernance culturelle qui jusque-là s'est enivrée du «nectar» que distillent les promoteurs de l'échec recommencé et qui veillent à ce que la coupe réglée soit l'affectation définitive du peuple algérien. De toutes les façons, au lieu d'approfondir vos investigations en quête d'une réponse mieux cernée, vous vous laisserez prendre en parallèle, à l'illusion de la complainte passionnée ou vous abandonner à des mythes simplistes (comme ce fut un temps), vous ferez fausse route.
Ce que vous ne devez pas ignorer, c'est que les Algériennes et les Algériens doivent comprendre que la puissance ne peut être que de la culture, de la science et de la liberté et que seules la culture, la science et la liberté peuvent défendre leur droit à une citoyenneté sans frontières (les Algériennes et les Algériens doivent devenir des citoyens du monde). Toutefois, une action culturelle qui ne servira pas de refuge à la nostalgie et au mythique ne doit plus être traquée par ce népotisme d'un système éducatif et culturel qui, vaille que vaille, se laisse aller sur la pente d'une imagination féconde en subtilités superflues à telle enseigne qu'il ne peut rien faire d'autre qu'entretenir une flamme vacillante du savoir-faire et une énergie fantasque de ce qui doit être le mieux-être, pour ne produire qu'une culture asthénique n'approchant que timidement le concept du respect de la liberté d'autrui et l'avènement du goût, de l'esthétique et de la morale. De la sorte, il a délesté des générations entières de leur essentiel humain réduisant, de facto, leur notion du rationnel à de banales résurrections idéologiques hâtant, ainsi, une prise de conscience hébétée.
Ce que vous ne devez pas ignorer, en outre, c'est qu'ils doivent apprendre à transcender leurs dilemmes, à réanimer leur conscience humaine de façon lucide et engagée et à s'investir dans une idéologie culturelle de laquelle surgiront des femmes et des hommes qui sauront parler de revanches en annexant les victoires sur l'ignorance, l'adversité, l'injustice, l'impuissance et sur la faiblesse, à leur cause. Là est l'essentiel. Oui mais comment ? En les mettant à l'abri du besoin, pardi ! (ki tachbaâ el kerch t'goul ya rassi ghanni), dit un proverbe bien de chez nous.
Une action culturelle qui ne servira plus de refuge à la nostalgie et au mythique est, désormais, un inéluctable
La culture universelle étant l'apanage originel de la société algérienne et le patrimoine par essence, de cet Algérien citoyen du monde et militant des causes justes, il est de votre mission de veiller à ce qu'elle ne s'appauvrisse et ne dépérisse. Dépositaire de ce coefficient de confort, il valorisera sa fonction sociale, développera son harmonie avec les choses de la vie*, parachèvera son état d'équilibre et trouvera des solutions nouvelles pour réformer un mode de vie fortement carencé par les turpitudes qui l'agressent au quotidien. Ne pouvant donc être l'apanage des seules sociétés humaines développées, une action culturelle algérienne qui ne servira pas de refuge à la nostalgie et au mythique doit impérativement connaître ce raffermissement qu'ont connu les sociétés humaines post-industrielles où l'homme a pressenti la possibilité d'un monde meilleur.
* Les choses de la vie : elles se répartissent entre la servitude et la liberté, entre l'injustice et l'équité, entre la faiblesse et la puissance. (Rappel)
Destinée à le libérer (l'homme) de cette seconde nature qui amalgame la haine, le mépris et l'indifférence qui tentent de l'assiéger, elle :
-appellera sa conscience à des critiques sans complaisance afin qu'elle ne «flotte» plus entre les déterminations du passé et le déterminisme qu'exige d'elle le présent. Désormais, il saura s'amarrer aux idées justes, celles qui lui serviront contre l'ineptie de l'esprit et l'inertie du jugement, contre la platitude ou les égarements du raisonnement;
-l'obligera à refuser de travestir les messages en se contentant de remplacer un «à priori» par un autre;
-l'initiera à évacuer les passions confuses et les plaisirs éphémères, promoteurs incontestés de la dépravation de l'âme et de la perversion de l'esprit;
-le protégera contre les périls que lui réservent les actions et les idées extrémistes;
-l'habituera à lester le temps pour ne pas en faire une succession d'intervalles vides.
L'action culturelle, cette dynamique appelée à ne pas être la résultante d'efforts isolés et imprécis mais accomplis en commun et de façon ordonnée et coordonnée, forgera l'unité algérienne pour la rendre compacte et réfractaire aux motifs de la division quels qu'ils soient, cette cause qui les a entraînés, à un moment donné, à mordre dans leurs corps pour enfin s'épuiser en futilités.
Se désaltérant, désormais, d'illuminations culturelles, le peuple algérien irradiera la complétude. Il saura à la vie une saveur nouvelle. Il aura tout à gagner et la puissance et la bonté. Désormais, Il existera de droit. Il sera conscient de son statut au sein de la cité, volontaire pour que s'épanouisse le bien-être de celle-ci et solidaire pour un mieux-être collectif. Il deviendra ce peuple où les citoyens seront libres et éduqués.
Soucieux, dès lors, de ne plus vivre à l'intérieur d'eux-mêmes, les Algériennes et les Algériens ne cèderont plus à l'émergence des réflexes extravagants. Ils émargeront plutôt à cette nécessité qui veut qu'ils apprennent à ne plus mépriser la réflexion et ses objectifs, à ne plus sacraliser l'ignorance et les maux qu'elle engendre, à ne plus se fier à leurs intuitions, à ne plus trébucher à reculons, à admettre, convaincus, qu'il existe entre les hommes un avenir commun. Dès lors, ils ne feront plus des courbettes à la fatalité. Dès lors, ils ne négligeront plus leur amarrage à l'universalité des idées saines et justes. Dès lors, ils sauront goûter. Dès lors, ils sauront se comporter. Dès lors, ils sauront envisager des ajustements structurels, c'est-à-dire qu'aux moments propices, ils sauront s'arrêter, relire la conjoncture sociale qui prévaut, discerner les urgences et proposer les virages qui s'imposeront.
Impératif pédagogique, une action culturelle rénovée à bon escient initiera les hommes à s'organiser autour d'un idéal non communautariste mais commun et à conjuguer leurs efforts pour acquérir une puissance civilisationnelle qui leur permettra d'embrayer judicieusement sur le futur et avec optimisme et enthousiasme.
Elle apprendra, par ailleurs, à l'individu à évoluer sans se mettre en conflit avec lui-même. Elle lui apprendra à se connaître pour mieux gérer ses rapports avec autrui en matière de savoir-faire et de savoir-être. Dès lors, s'épanouiront ses initiatives et ses modes d'expression. Dès lors, il ne subira plus le joug de l'attitude passive ou indifférente face à la multiplicité et à la diversité des imprévus. Pour cette perspective, devra se juxtaposer à la transmission de la connaissance du savoir, une dynamique qui incitera ce dernier à se situer dans son temps et à stimuler son mécanisme d'autoformation au moyen duquel il saura conquérir un comportement neuf. L'objectif de cette impérativité est donc de développer en l'homme la perfection dont il a besoin pour pouvoir accéder au statut d'homme intégral.*
*L'homme intégral est cet homme dépositaire de savoir-faire que distille le capital cognitif comptabilisé. Il est cet homme en qui se conjuguent celui qui conçoit et celui qui applique. Il est cet homme qui adopte une position souple et fonctionnelle dans la gestion de ses préoccupations (ambitions, aspirations, besoins et contraintes). Il est cet homme nanti de compétences générales et de qualifications spécialisées, de volonté et de sagesse.
Progressiste, l'action culturelle à engager à cet effet ne pourra être que l'éducation des dispositions de l'esprit à l'éveil de sa conscience de manière à ce qu'il puisse d'abord s'amarrer à ce que les hommes ont en commun, le souci d'entretenir une âme collective et, ensuite, définir et promouvoir les schèmes mentaux et intellectuels nécessaires à son épanouissement.
Education de la fonction sociale de l'homme par essence, elle attisera en lui ce loyalisme qu'on appelle le souci du devoir dont la rigueur dépend de la vigueur avec laquelle il aura été suggéré par l'école. Education de son autorité par nature, elle lui apprendra à étayer sa volonté et à sentir en lui cette force qui l'animera et sans laquelle il ne saura l'idée de sa mission sociale parce qu'il ne saura matérialiser cet essentiel que suppose la vie en commun.
Respectueuse des legs établis, l'action culturelle se chargera de développer en tout un chacun de saines traditions de penser et d'agir. Elle y forgera une personnalité faite de dignité, de liberté et de raison. Elle affinera le sens de l'exactitude, de la rectitude et de la franchise. Elle y structurera ce qu'il a de meilleur et de proprement humain.
Désormais, chacun saura s'autogérer et faire par conviction ce qu'il risquerait d'accomplir par dépit. Désormais, chacun saura canaliser ses carences et se sentira devenir la force motrice de sa liberté engagée et de sa responsabilité indifférente aux fantaisies. Désormais, chacun saura se faire une idée claire et sans bavure de ses objectifs et des moyens à mettre en œuvre pour les atteindre, défendre à chaque instant la netteté de ses idées et la fermeté de ses principes et, enfin, réaliser son état d'équilibre.
Réaliser son état d'équilibre, comment ?
Réaliser son état d'équilibre, cela suppose que l'action culturelle en question soit un processus qui permet à la sensibilité de se conjuguer dans la raison. Appelant à la sensibilité, elle éclairera la raison, hiérarchisera les passions et régulera les émotions. Pour cela, elle sollicitera l'intelligence spéculative, cette intelligence qui mettra à nu la vérité, la rétablira dans sa légitimité et animera l'esprit pour qu'il démêle, au moyen d'une démarche intellectuelle prospective, le vrai du faux, le réel du factice, l'essentiel du secondaire. Cela dit, en ce début du troisième millénaire, l'humanité est projetée, avec frénésie, dans un monde en pleine turbulence et où la sensibilité ne se conjugue plus dans la raison, où les idéologies s'affrontent dans la discordance, où les dialogues s'agitent et où la propagande fait tout pour l'asservir (l'humanité), à l'indiscipline et à l'indigence du comportement. Une action culturelle délestée de tout slogan propice à l'émergence d'instincts réducteurs, s'impose donc pour lui permettre de :
-s'élever des croyances périmées, des préjugés tenaces et des jugements hâtifs qui ont tendance à s'entrechoquer pour féconder l'ignorance, l'anarchie et la déshumanisation;
-se rendre capable de collaboration efficace pour que prévale la décision réfléchie sur l'apriorisme;
-communier avec les obligations d'ordre légal et moral qu'exige la décence;
-se soustraire de toute forme de dogmatisme pernicieux.
De toutes les façons, le temps est venu pour la société algérienne de discerner entre la liberté et la servitude et de s'engager dans le chemin qui honore et qui glorifie. Réanimée, la culture algérienne deviendra cet espace universel stratégique où l'esprit ne sera pas contrarié par la survie de ses anciennes manières de penser et d'agir, où il prendra conscience que son autonomie ne trouvera son expression éloquente que s'il apprend à se mêler au monde, à s'extraire de l'invincible chantage des sentiers battus, à développer des champs culturels exempts d'incertitudes, à condamner le misonéisme, à ne plus se contenter de concepts grossièrement formés, à se rapprocher de plus en plus de ce qu'il ignore. En somme, sa raison ne dérivera plus de la puissance de connaître vers la vulgaire passion d'admettre.
L'action culturelle que vous engageriez sera donc la force motrice des conduites authentiquement humaines. Elle galvanisera ce pouvoir qui a de tout temps fait défaut au peuple algérien, celui de s'élever de la servitude vers la liberté, de l'injustice vers l'équité, de la faiblesse vers la puissance. N'acquérant pas cette vertu, il demeure un conglomérat de mammifères tantôt passif, tantôt effrayé par sa destination, tantôt humilié par sa condition.
*Directeur de l'éducation - Professeur-Chercheur INRE - Ecrivain-Auteur de 12 ouvrages


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