Le comité central de Talaie El Houriyet a tranché hier à Zéralda. Le parti de Ali Benflis n'ira pas aux prochaines élections législatives. Sur les 320 membres du collège électoral, 291 ont opté pour le boycott, 16 pour la participation et 3 se sont abstenus. Le vote s'est déroulé dans l'après-midi en présence des représentants de la presse. Le président du parti, Ali Benflis, avait déjà tracé la voie lors de son discours inaugural de la session du comité central. «Votre parti ne s'épuise pas à tenter de détecter les vents dominants pour aller dans leur sens, nous avons notre propre cap et nous nous y tenons et nous avons la voie que nous nous sommes choisie et nous n'en dévions pas», avait-il affirmé d'emblée. «Votre parti avance et ne recule pas au premier obstacle, à la première contrariété et à la première épreuve», a-t-il lancé à l'adresse des membres du comité central qui l'ont applaudi longuement. «Talaie El Houriyet est porteur d'un projet politique, il a une identité politique et une ligne politique. Cette identité et cette ligne politiques ne sont pas à géométrie variable, c'est-à-dire modulables au gré des conjonctures passagères, des calculs à courte vue et des petits bénéfices que peuvent procurer les petites tactiques politiciennes», a-t-il ajouté. Ali Benflis est plus que jamais convaincu qu'«il n'y a pas de grands bénéfices à attendre des petites causes, car il n'y a que les grandes causes qui rendent même les gains les plus petits plus gratifiants et plus honorables». Rappelant les objectifs qui avaient présidé à la création du parti politique, l'ancien candidat à l'élection présidentielle d'avril 2014 qui cite, entre autres, celui «d'aider à éloigner notre pays de l'impasse globale dans laquelle il se trouve et d'apporter notre contribution visant à le mettre sur la voie de la modernisation politique, de la rénovation économique et des réformes sociales», veut se proposes comme une alternative au régime en place. Selon lui, «l'archaïsme politique ne produira pas la modernité politique. Un Etat patrimonial, clientéliste et rentier ne produira pas la rénovation de notre système économique. Un régime politique qu'un gouffre abyssal sépare du reste de la société ne produira pas des réformes sociales profondes et significatives». Soutenant qu'«un régime politique qui n'a pour objectif que sa pérennité et sa survie ne peut pas être l'auteur d'un projet national emportant l'adhésion de toutes les Algériennes et de tous les Algériens», le président de Talaie El Houriyet, qui a balisé le terrain pour l'option du boycott, a tiré à boulets rouges sur le pouvoir. «Un régime politique qui se borne à compter les jours et n'a pour seule perspective que de gagner du temps ne peut pas regarder au loin et ne peut pas être l'auteur de grandes ambitions pour notre grande nation», souligne Ali Benflis dans un discours bien charpenté. «Le régime politique en place n'a pas le monopole de l'amour, de la loyauté et de la fidélité au pays ; il n'est pas le détenteur exclusif du patriotisme et nous n'acceptons pas l'instrumentalisation politicienne de l'amour de la patrie», dit-il en martelant que «nul n'est plus patriote que l'autre et ceux qui se battent pour les droits, les libertés et le changement politique, économique et social ne sont certainement pas moins patriotes que ceux qui veulent nous faire prendre la stagnation pour de la stabilité, l'immobilisme pour de la tranquillité et les réformes pour du chaos et de l'anarchie». Pour le président de Talaie El Houriyet, «le mal du pays porte un nom : la grande crise de notre système politique national». «Celui-ci étant connu, souligne-t-il, nous nous serions attendus à ce que le régime politique en place nous propose un remède adapté à sa gravité. Or, ce qu'il nous propose c'est un placebo et ce placebo s'appelle élections.» Selon Ali Benflis, «il n'y a qu'une seule stratégie qui a fait la réputation du régime politique en place et dont il maîtrise parfaitement tous les rouages : c'est la stratégie du passage en force, de la fuite en avant et de la diversion. C'est cette stratégie qui est à l'œuvre avec ces élections que l'on s'échine à nous présenter comme une opération normale devant se dérouler dans un pays en situation normale».