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La trahison, source de fierté, titre de gloire ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 23 - 03 - 2017

«Si les traîtres ont été inconnus pendant le cours de la trahison, la suite des temps les a fait connaître… Habituellement, ceux mêmes qui ont profité de la perfidie les en punissent. Les généraux d'armée, les puissances se servent des traîtres, parce qu'ils leur sont utiles. En ont-ils tiré avantage, ils n'ont pour eux d'autres égards que ceux que méritent des traîtres… Le traître ne voit au devant de lui que la haine et l'aversion que tout le monde lui porte. » (Polybe, (-200 à -118) Histoires, Livre XVII , dans «Ch. Liskenne et Sauvan : Bibliothèque historique et militaire, Librairie de l'Art Militaire, Paris 1856, p. 856)
Les mots « trahison » et « traître » sont, sans nul doute, universels dans leur sens et traduits en toute langue vivante ou morte, ils expriment les mêmes significations, et sans nuance aucune. La diversité des sons et des orthographes pour traduire ces deux mots ne saurait cacher l'universalité des concepts qu'ils expriment. S'il y a deux mots qui résistent bien à la « trahison du traducteur », ce sont ces deux mots.
Une confusion dans le sens liée a un emploi fréquent pour décrire des situations banales d'abus de confiance
Cependant, dans le langage de tous les jours, on en fait un tel abus que finalement leur sens premier est oublié. La trahison ne doit pas être confondue avec le mensonge, l'abus de confiance, la rupture de contrat ou de relations, etc. bref, tous ces incidents de la vie quotidienne faisant référence à des actes, des paroles ou des faits qui, d'une manière ou d'une autre, rendent une ou plusieurs personnes victimes de l'excès de confiance qu'ils réservent à un de leurs proches : ami, parent, associé, etc. De plus, trop souvent ces deux mots sont exploités dans la classe politique pour jeter l'opprobre populaire sur les opposants, même si ceux-ci n'ont commis aucun acte de nature à révéler une volonté de tirer profit de la « naïveté » de leurs vis-à-vis. Pendant les périodes de crises qu'a traversées notre pays depuis l'indépendance, l'utilisation de ces deux termes a eu tendance à s'intensifier, sans rien vouloir dire d'autre que l'on a un conflit idéologique ou d'intérêt avec tel ou tel groupe ou telle ou telle personne.
La « trahison » et le « traître » font référence au soutien de l'ennemi de sa propre communauté
Pourtant, en eux-mêmes, ces deux termes font référence à des situations où un individu, ou un groupe d'individus, choisissent de prendre position claire et ferme en faveur de l'ennemi déclaré de leur propre communauté ou de leur groupe social.
La trahison fait référence à une série de faits, d'actes et d'actions, par lesquels l'individu indique qu'il ne se considère plus membre de son groupe, qu'il en refuse même l'existence et qu'il prend position en faveur du groupe adverse et de ses idées, comme de ses intérêts.
Le traître s'auto-expulse de son groupe naturel dans lequel il ne se reconnaît plus, et va plus loin en prêtant main-forte aux ennemis de son groupe qui en préparent, par l'usage de la violence extrême, la disparition ou l'asservissement.
Aucune société humaine ne rend hommage à ses traîtres
Aucune société humaine n'accepte la trahison comme un phénomène normal, acceptable, digne d'être respecté, et le traître comme un homme d'honneur, digne d'être honoré et glorifié. Il n'y a nulle part dans le monde ni de « médaille de la trahison » ni de « monument aux traîtres à la patrie ». Et nulle part on ne consacre un jour du calendrier à rendre hommage aux « traîtres à la Nation ».
Nulle part on ne protège les enfants des « traîtres », leur accordant la qualité de pupilles de la Nation, et l'Etat, si généreux et si disposé soit-il à pardonner à ses « enfants égarés », n'attribue de compensations monétaires ou autres aux « traîtres à la Nation», à leurs ascendants comme à leurs descendants.
De plus, de manière générale, les traîtres, ou ceux qui s'en réclament par vertu des règles de la descendance, tentent de se faire oublier, s'ils échappent à la juste punition que leur réservent toutes les législations pénales du monde, et d'éviter d'attirer l'attention de l'opinion publique et de rouvrir des plaies de l'Histoire plus ou moins mal guéries. Comme tous les pays du monde, et sans exception, l'Algérie a eu son lot de traîtres.
La nature humaine étant ce qu'elle est, le peuple algérien étant composé d'êtres humains, il n'a pas échappé à la malédiction de la trahison, que ce soit pendant l'invasion dont il a été victime en 1830 et les dures batailles qu'il a menées, sous le commandement de divers leaders sortis de sa masse, contre les troupes de l'envahisseur, autrement mieux armées, mieux équipées et mieux entraînées, ou pendant la guerre de libération nationale, où finalement il a réussi à se soulever en masse contre la tyrannie coloniale.
Il n'est pas question ici de faire un inventaire, même succinct, de ceux des Algériens qui se sont rangés avec résolution aux côtés des agresseurs étrangers, ni de déterminer le degré de trahison des uns par rapport aux autres, en fonction des conditions dans lesquelles leurs actes de trahison ont été commis. Il ne s'agit pas également de réveiller de vieilles haines ou de titiller le nationalisme « ombrageux » des Algériens, ou de faire montre de plus de zèle que n'importe qui dans la défense et l'illustration de l'héroïsme de la majorité de la population algérienne face à la trahison d'une faible minorité. Il ne s'agit pas finalement de faire œuvre d'apologétique en faveur d'une région, d'un homme, d'une vision de l'Algérie, contre une région. Mais, il n'en est pas moins indispensable de rappeler un certain nombre de vérités historiques, même si elles peuvent déplaire dans le contexte actuel où règne un révisionnisme rampant visant à réhabiliter certains chefs féodaux complices de la réussite de l'invasion coloniale et de son entreprise de domination du peuple algérien.
Les écrits restent et révèlent sans l'ombre d'un doute la profondeur, la conviction et la persévérance dans la trahison
L'Emir et ses fidèles adjoints rêvaient d'une Algérie unie des frontières avec la Tunisie aux frontières avec le Royaume du Maroc, et n'épargnèrent aucun sacrifice pour que ce rêve devienne réalité. Ce rêve a été brisé par Bouaziz Bengana, alors cheikh des Ziban (mort en 1861) qui se mit spontanément, sans y être invité - et, faut-il le souligner, sans exercice de pression ou de menace d'usage de la force armée contre lui -, à la disposition de l'envahisseur, dès décembre 1838, et alors que les ruines de Constantine étaient encore chaudes des bombardements ennemis qui en avaient détruit la plus grande partie, et a combattu avec férocité les lieutenants de l'Emir envoyés dans les Aurès et le Sahara oriental pour unifier la résistance à l'occupant.
Voici ce qu'écrit à ce propos le second Bouaziz Bengana (voir plus bas) dans son autobiographie :
« Les Bengana envoyèrent au Général de Négrier des émissaires porteurs de lettres dans lesquelles ils offraient leur soumission. Les pourparlers furent continués auprès du Général Galbois qui, pour s'assurer de la sincérité des Bengana, demanda la comparution devant lui de Bouaziz ben Boulakhras. Celui-ci se rendit à Constantine en fin décembre 1838. A ce moment le Maréchal Valée fixa les attributions du Cheikh el Arab et étendit son autorité jusqu'au Djerid de Tunisie…
« Bouaziz ben Boulakhras avait tenu à ce que la sincérité de sa soumission apparût de façon éclatante ; c'est pourquoi il se présenta à Constantine en grand collège et accompagné de son frère M'hammed. Bouaziz ben Boulakhras, de ses trois fils, Ali Belguidoum, Ben-el-Messai et Elhadj Bengana, et de trois de ses neveux, Ahmed-Belhadj ben Ali-Belguidoum, Mohammed-Seghir ben Ali-Belguidoum et Boulakhras ben Mohammed ben Elhadj. Tous s'engageront solennellement devant le Général à servir la France avec zèle et fidélité, ajoutant, qu'on ne tarderait pas à constater les heureux effets de leurs engagements. Et, comme garantie, toute la famille s'installa dans la Cité. » (voir etudiants.touggourt.org)
Car les descendants de Bouaziz Bengana ont laissé des traces écrites de cette trahison ; parmi eux, Boulakhras Bengana, qui a publié en 1879 sur la Revue Africaine une longue défense de la fidélité sans faille de sa famille à l'envahisseur, et un autre Bouaziz Bengana, qui a publié en 1930, et à l'occasion du centenaire de l'occupation de l'Algérie, le récit de la saga des membres de sa famille et ses « exploits » au profit du système colonial français à partir d'octobre 1937. Les deux documents mentionnent avec force détails la bataille de Oued Salsan, le 20 mars 1840, au cours de laquelle leur ancêtre, le chef féodal Bouaziz Bengana, décédé en 1861, montra sa barbarie en faisant couper les oreilles des cadavres des braves soldats de l'armée de l'Emir, avec l'intention de les offrir aux chefs des troupes d'invasion étrangères.
Voici ce qu'écrit le second Bouaziz Bengana dans l'introduction à son ouvrage autobiographique (qui peut être consulté dans son entièreté sur le site suivant :www.etudiants.touggourt.org) où se déplorent, sans honte, ni gêne quelconque, tous les exploits qui ne laissent aucun doute sur une trahison à long cours, passée de père en fils pendant plus d'un siècle :
« L'éminent Gouverneur Général de l'Algérie, M. Pierre Bordas, en faisant revivre, à la veille du glorieux Centenaire de la Conquête de l'Algérie, le titre de Cheikh El Arab, tombé en désuétude en 1861 à la mort de Bouaziz ben Boulakhras Bengana, pour nous en investir, au nom de la France, fit naître pour nous l'obligation d'évoquer le passé, afin d'indiquer comment cette dignité fut l'apanage de nos aïeux. Nous nous devions aussi de remercier avec gratitude le Gouvernement Français et son distingué représentant en Algérie de l'insigne honneur rendu à notre famille en notre personne. »
La bataille de l'Oued Salsou (Wilaya de Biskra) : tournant décisif dans l'invasion de l'Algérie
Dès qu'il fut informé de la volonté des envahisseurs de prendre Constantine, alors la seconde ville la plus importante de l'Algérie, l'Emir Abdelkader voulut étendre son autorité sur le Constantinois en se soutenant de l'affaiblissement de Ahmed, le dernier Bey de Constantine -par ailleurs beau-frère de Bouaziz Bengana, dont la sœur était son épouse -, qui ne pouvait plus refuser son aide, ou même pouvait aller jusqu'à accepter de faire cause commune avec lui pour mettre en échec le plan des envahisseurs d'occuper tout le territoire algérien.
Après plusieurs tentatives déterminées de pénétration de l'Est, à partir de 1837, l'Emir envoya finalement, début 1840, vers le Constantinois, une force militaire commandée par le Khalifa Benazzouz, dont l'adjoint était l'un des frères de l'Emir, et composée de troupes régulières provenant essentiellement de la Kabylie et appuyées par des volontaires du Sud et de l'Est algériens. Cette force était suffisamment importante pour mener à bien sa mission et compléter l'unité de la résistance contre l'envahisseur de l'ouest à l'est du pays.
Ce fut Bouaziz Bengana qui servit de rempart aux envahisseurs et leur permit d'étendre leur occupation au sud-est du pays, et fit échouer la tentative de l'Emir Abdelkader. Pour la suite du récit de cette trahison, rien ne vaut que de céder la parole à un historien colonial, ancien procureur à la cour de justice de Constantine et écrivain prolifique. Il est essentiel de laisser la parole à un des défenseurs de la colonisation, car elle reflète, sans l'ombre d'un doute, le caractère crucial de la trahison de Bouaziz Bengana dans le succès du système colonial en Algérie, car, bien que la bataille de l'Oued Salsou n'ait duré qu'une seule journée, elle eut un impact néfaste sur l'avenir de notre pays, dont les conséquences continuent à être ressenties aujourd'hui encore le 23 mars 2017, c'est-à-dire cent soixante dix sept années après :
Bouaziz Bengana, le traître qui a brisé le rêve de l'Emir Abdelkader et a assuré la victoire de l'envahisseur et l'asservissement colonial du peuple algérien
« Victoire de Ben-Gana sur le khalifa d'Abd-El-Kader, à l'Ouad-Salsou.(24 Mars 1840) - Un grand succès fut obtenu par Bou-Aziz ben Gana, son fils Mohammed, et son neveu, Si Ahmed-Bel-Hadj. Vers la fin de mars, ils livrèrent, à l'Ouad-Salson, au nord de la plaine d'El-Outaïa, un rude combat à Ben-Azzouz, khalifa d'Abd-El-Kader. Les Ben-Gana avaient, avec eux, les forces de cinq grandes tribus du Sud, formant un effectif de 1.200 cavaliers et de 900 fantassins.
Quant à Ben-Azzouz, il disposait d'un bataillon de 500 réguliers, avec une armée de 1.000 cavaliers et de 800 fantassins des régions du Zab et du Hodna. La victoire de Ben-Gana fut complète. Ben-Azzouz ne dut son salut qu'à la fuite; ses askar furent détruits; deux canons, trois drapeaux et tout le bagage de l'ennemi restèrent aux mains des vainqueurs, qui, de leur côté, supportèrent des pertes.
« Ce succès avait la plus grande importance pour notre domination dans les régions du Sud et tout l'honneur en revint aux Ben-Gana… « Les trophées de Ouad
Salsou sont apportées à Constantine.
- La nouvelle de la victoire de l'Ouad-Salsou fut apportée, à Constantine, par un membre de la famille Ben-Gana, Khaled, qui s'était vaillamment conduit dans cette affaire. Il présenta, au général, comme pièces justificatives, deux drapeaux (le troisième avait été déchiré) et des sacs contenant 900 oreilles coupées aux cadavres. Le commandant de Constantine envoya, au gouverneur, un rapport spécial sur cette affaire, par un de ses officiers chargé de lui remettre les drapeaux.
« Peu après, les Ben-Gana arrivèrent et campèrent sur le Koudiat. A l'occasion de la fête du roi (premier mai), le général Galbois se rendit auprès d'eux et fut reçu au bruit des salves tirées avec les canons de l'Ouad-Salson, qui lui furent ensuite remis. On déploya une pompe et une mise en scène, quelque peu exagérées, dont l'organisation fut attribuée à M. Urbain. Ben-Gana reçut à cette occasion la croix d'officier et une gratification de 45.000 francs, comme remboursement des sommes par lui distribuées à ses adhérents.
Cette affaire de gros sous fit mauvais effet et donna lieu à bien des commentaires. Cependant on ne fait pas la guerre avec des paroles.
« Au demeurant, le succès était très beau, et l'on aurait pu glisser sur ces détails. Un Ben-Gana avait pris possession de Biskra, et de nombreuses tribus envoyaient leur soumission. » (Dans : « Ernest Mercier : Histoire de Constantine, J. Marle et F. Biron, Imprimeurs-Editeurs, Constantine, 1902, pp. 488-489)
Ce ne fut évidemment pas le dernier combat de Benazouz Bengana contre les différents khalifas qu'envoya jusqu'en 1847 l'Emir Abdelkader dans la région pour soulever les populations contre l'envahisseur.
En protégeant pour le compte des envahisseurs la région contre l'Emir, qui, en passant, ne s'est jamais proclamé Sultan, et s'est toujours contenté du titre de « Commandant, traduction du terme « émir », Bengana a permis à cet envahisseur de concentrer ses efforts militaires sur l'ouest du pays et en finir avec sa résistance. Faut-il que les Algériens lui sachent gré pour cette collaboration meurtrière avec l'envahisseur ?
Doivent-ils chanter ses louanges pour avoir jeté le peuple algérien dans les griffes d'un système colonial oppresseur ?
Doivent-ils même garder un souvenir attendri des malheurs qu'il leur a fait subir du fait de sa trahison ? Doivent-ils prononcer son nom avec le « respect » dû à un homme qui a consacré sa vie à les combattre et à les exploiter ?
En conclusion
Aucun pays ne fête ni n'honore ses traîtres, qui, depuis les temps les plus anciens, sont conspués et honnis et toutes les langues du monde, sous des termes différents, qui donnent la même signification aux deux mots qui vont en couple, « traître » et « trahison » ; les traducteurs les plus incompétents n'ont aucune difficulté à rendre ces deux termes dans les langues sur lesquelles ils travaillent . L'Algérie ne saurait échapper à ce principe humain universel, que l'on peut appeler anthropologique car il est partagé par tous les peuples, toutes les nations, malgré la diversité de leurs langues, de leurs civilisations, ou de leurs valeurs et de leurs croyances religieuses.
La trahison ne saurait être ni titre de gloire ni source de fierté, en Algérie comme ailleurs dans le monde. Toutes les valeurs peuvent être inversées, mais la fidélité à sa communauté dans les périodes de grand danger ne souffre pas d'exception. Celui qui abandonne sa communauté dans les temps périlleux et passe au service de l'ennemi ne saurait se glorifier de sa trahison et en tirer fierté et source de gloire. La fidélité à sa communauté menacée de disparition par un ennemi acharné fait partie des valeurs cultivées par tous les peuples et toutes les nations.
La distinction entre les traîtres et ceux qui ont servi leur peuple et leur pays au péril de leur vie et de leur confort personnel n'est ni sujette à polémique, ni affaire mettant aux prises deux familles.
Ceux qui ont défendu leur pays et leur peuple dans les périodes difficiles de notre histoire sont connus. Dans la période suivant immédiatement l'invasion de l'Algérie, la prééminence de l'Emir Abdelkader ne fait aucun doute tant chez les Algériens qu'à l'étranger, y compris parmi ceux des envahisseurs qui l'ont combattu.
Ceux qui ont décidé de trahir leur peuple dans ces temps d'épreuves, de misère et de sang sont également connus. Le plus proéminent d'entre eux est Benaziz Bengana.
Aucun écrit, quel que soit le « sex-appeal » de son auteur, ne pourra le réhabiliter. Il restera pour l'éternité le traître fondamental et « fondateur » qui a facilité le triomphe du système colonial et porte une lourde responsabilité dans la «nuit coloniale » qui a été imposée à notre peuple pendant cent trente deux ans.
Au lieu de tenter de résoudre la quadrature du cercle dont le centre serait la trahison et le diamètre le traître, pourquoi ses descendants ne demanderaient-ils pas pardon au peuple algérien et ne feraient-ils pas vœux de repentance pour les crimes de leur ancêtre ? Ce serait la meilleure façon de lui assurer finalement le repos éternel et lui réapproprier le droit à l'identité nationale algérienne à la destruction de laquelle il a consacré sa vie.


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