En réplique à l'attaque aérienne américaine de jeudi dernier sur la base aérienne syrienne d'Al Chaayrate, le président russe Vladimir Poutine dont le pays soutient le régime de Damas à immédiatement ordonné la suspension du mémorandum russo-américain sur la prévention et la sécurité des vols de leurs aviations dans l'espace aérien syrien. Il a de même donné instruction à l'armée de son pays de procéder au renforcement rapide des capacités de défense aérienne de la Syrie. Ces deux décisions du président russe comportent le message qu'une nouvelle agression américaine contre son allié syrien entraînera une réaction dont Moscou est prête à assumer les conséquences. Washington a parfaitement compris le message russe après avoir paru s'être méprise sur la détermination de Moscou à répliquer à une éventuelle nouvelle agression américaine en Syrie. Pour aussi impulsif qu'on le dit et enclin à bomber le torse, Donald Trump semble tout de même avoir pris conscience de s'être engagé sur une pente à grands périls pour la paix mondiale. Ce qui expliquerait qu'il ne donne pas suite aux pressantes incitations des Etats membres de la coalition anti-régime syrien le poussant à «terminer» le travail par une intervention militaire généralisée pour abattre ce régime. La France, l'Arabie saoudite et la Turquie, pour ne citer que les Etats qui se sont distingués par leur propagande hystérique ciblant le régime syrien au prétexte que son aviation a fait usage de gaz de combat contre la population civile dans les environs de la ville d'Idlib, ont en effet cherché à jouer sur l'impulsivité du président américain pour l'emmener à donner corps à l'option d'intervention militaire occidentale et régionale en Syrie. Les Etats ont paru avoir eu gain de cause comme l'a laissé entendre la déclaration belliqueuse de la représentante américaine auprès de l'ONU dans laquelle elle affirme que son pays envisage d'autres opérations militaires contre le régime syrien. Ce qui se serait probablement produit si Moscou n'avait pas émis le message que la Russie ne resterait pas les bras croisés. Le message du Kremlin, à l'évidence, fait l'effet d'une douche froide à Washington, où l'on tente fébrilement d'obtenir de Vladimir Poutine le rétablissement du mémorandum suspendu. Mission devenue désormais la raison d'être de la visite annoncée à Moscou du secrétaire d'Etat américain Rex Tillerons. Pour qu'il en soit ainsi, il faudrait que les Américain admettent qu'en attaquant son allié syrien ils ont défié la Russie et s'engagent à arrêter de le faire. L'on saurait après cette visite si l'attaque de la base aérienne syrienne s'est imposée à Donald Trump comme une démonstration de force qu'il se devait d'ordonner pour désarmer les opposants à son programme électoral ou bien elle amorce son revirement sur ce qu'il disait et que ce programme a défini comme allant être la politique américaine sur le dossier syrien. Placide, le responsable du Kremlin n'apparaît nullement avoir été impressionné par les diatribes belliqueuses de l'occupant de la Maison-Blanche et de ses alliés occidentaux ou moyen-orientaux. Prêt à minimiser la portée de l'attaque américaine contre la base d'Al Chaayrate, le président russe n'en a pas moins ordonné à son armée d'être prête pour le coup d'après toujours envisageable de la part d'un président américain versatile et confronté dans son pays à une situation qui a fragilisé son autorité qu'il pense pouvoir conforter par la pratique de la volte-face.