L'Algérie ne désarme pas devant le conflit libyen et s'attelle à une solution pacifique à travers un dialogue national inclusif. Toutes les démarches diplomatiques d'Alger tendent à trouver un terrain d'entente entre les frères ennemis et la présence du ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, à l'est de la Libye est une étape de ce fastidieux mais ô combien important processus de sortie de crise. Actuellement, le dossier libyen est loin de constituer la priorité de la communauté internationale, relégué au second plan par le conflit syrien et la nouvelle donne américaine et surtout par le danger d'une confrontation nucléaire entre Washington et Pyongyang. Le fait même de ne plus évoquer la menace Daech à partir de Syrte donne l'impression que le monde s'est détourné de la Libye, la laissant seule face à son destin. Alger, consciente du danger qui pèse sur ses frontières Est, ne cesse de développer un argumentaire de paix pour au moins un minimum consensuel, base d'un dialogue inter-libyen. Les interventions sporadiques de l'Otan, sous couvert de lutte contre le terrorisme, et d'autres capitales pour des intérêts claniques et idéologiques compliquent la situation. L'Algérie cherche à transcender les clivages nourris par ces intérêts étrangers et à trouver une solution politique consensuelle. Messahel devra rencontrer des personnalités et autres acteurs de la scène politique libyenne, mais le vrai défi est de faire rencontrer les deux hommes forts du pays. A Al-Bayda, le fief du gouvernement contrôlant l'Est libyen, qui soutient le maréchal Khalifa Haftar, Messahel devra redoubler de diplomatie pour rapprocher deux parrains qui ne reculeront devant rien pour ne pas perdre leurs privilèges et leur mainmise sur le pays. Sarradj, soutenu par la communauté internationale et Haftar, soutenu par des monarchies du Golfe. L'Algérie sait qu'elle n'a d'autres choix, au même titre que la Tunisie ou l'Egypte, que dans une solution pacifique à cette guerre civile qui déchire la Libye depuis six ans. Elle sait également que la moindre étincelle pourrait faire exploser toute la région et du coup donner l'occasion à une intervention militaire étrangère directe au risque de pousser les éléments armés hostiles et les hommes de Daech vers ses frontières.