Au-delà de son aspect purement technique et protocolaire, cette première visite du maréchal Khalifa Haftar ne manque pas du tout de charge symbolique. Alors qu'il a été longtemps réticent à tout dialogue avec le gouvernement libyen d'union nationale, soutenu par Alger et l'ONU, son escale à Alger pourrait ouvrir la voie à un accord historique. Un accord consensuel pour la Libye est-il en passe d'être enfin trouvé ? En proie à une crise aiguë, sans issue visible, la Libye est peut-être en train de voir le bout du tunnel. Alger est sans doute pour quelque chose dans cet espoir qui semble se dessiner à la faveur des visites effectuées par de hauts responsables libyens en Algérie. Et c'est dans ce cadre que le maréchal Khalifa Haftar est arrivé, hier, en Algérie. Ce dernier a été reçu par le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des états arabes, M. Abdelkader Messahel pour parler «exclusivement sur les développements de la situation politico-sécuritaire que connaît la Libye et les moyens à même d'encourager le rétablissement rapide de la stabilité et de la sécurité dans ce pays». Cette visite, au-delà de son aspect purement technique, ne manque pas du tout de charge symbolique. Alger le sait, Khalifa Haftar est une partie de la solution. Il contrôle et dirige les forces armées à l'Est de la Libye, mais surtout bénéficie du soutien des puissances mondiales, à leur tête, Washington, Paris, et Londres. Amener, dans ces termes, le maréchal à la table des négociations est déjà, de ce point de vue, un succès en soi. D'autant plus que Khalifa Haftar s'est refusé, jusqu'ici, à tout dialogue avec le gouvernement de l'union nationale (GNA), incarné par Fayez al-Sarraj et soutenu par Alger et l'ONU. Il se pourrait très bien que le maréchal Haftar revienne à de meilleurs sentiments et reparte d'Alger moins réticent à un dialogue large et global avec le gouvernement d'union nationale. Le climat politique actuel en Libye y sied parfaitement et plaide en faveur d'une solution définitive à la crise. La proclamation officielle de la libération de Syrte, avant-hier, peut jouer un rôle catalyseur pour cette solution. «Après huit mois du début des opérations contre Daech dans la ville de Syrte, j'annonce officiellement la fin des opérations militaires et la libération de la ville», a déclaré le premier ministre libyen dans un discours à la télévision, samedi. La bataille de Syrte «est finie, mais la guerre contre le terrorisme en Libye n'est pas finie encore», a averti M. Sarraj, soulignant la nécessité d'unifier les forces militaires dans une seule armée. L'allusion ne souffre d'aucune ambiguïté. Le message est adressé au maréchal Haftar. Un vœu partagé par Alger qui a de tout temps appelé les parties belligérantes à unifier leurs rangs. M. Messahel, cité par l'APS, a en tout cas exprimé, lors de son entretien avec Haftar, tous les encouragements de notre pays à la Libye afin d'atteindre un accord consensuel. Il a, en outre, saisi cette occasion pour rappeler les efforts que l'Algérie «n'a cessé de déployer en vue de concrétiser cet accord pour le règlement de la crise». Le ministre algérien a, par ailleurs, réitéré la position constante de l'Algérie en faveur de «la solution politique au conflit en Libye, dans le cadre de la mise en œuvre de l'Accord politique, conclu par les parties libyennes le 17 décembre 2015, à travers le dialogue inclusif inter-libyen et la réconciliation nationale, seuls à même de préserver l'unité et l'intégrité territoriale de la Libye, sa souveraineté et sa cohésion nationale et de mettre, ainsi, fin définitivement à la crise qui affecte durement le peuple frère libyen».