Le nouveau gouvernement, concocté en moins de 48 heures, laisse perplexe. Le Premier ministre désigné, issu d'aucune formation politique si l'on suit la logique, a-t-il vraiment choisi ses collaborateurs ou lui ont-ils été imposés? La question vaut par le fait que les nouveaux ministres, de par leurs fonctions, tranchent avec la tradition des nominations qui ciblent les personnalités du monde politique, des secteurs économiques et même des experts et universitaires. Cette fois-ci, la logique a été oubliée. Des walis bombardés ministres pour des secteurs sous pression, dont l'Habitat, le Commerce et l'Agriculture. En outre, la nouvelle équipe que dirige M. Tebboune ne donne pas l'impression d'être venue pour trouver des solutions alternatives pour contourner la difficile crise financière qui frappe le pays de plein fouet, avec la baisse des recettes pétrolières, mais seulement pour maintenir le statu quo, avec un ministre pour resserrer l'étau fiscal et donc durcir la fiscalité ordinaire. Lors de la passation de pouvoirs au ministère du Commerce, le Premier ministre a donné des indications sur sa politique économique: verrouiller les importations, limiter la facture des importations, sans 'créer des pénuries avec la disponibilité'' des produits de large consommation. Ces recommandations du Premier ministre confirment non seulement que les Algériens vont devoir se serrer la ceinture à l'avenir, mais surtout que ce gouvernement ne va pas tenter de sortir de la crise économique, de créer de la richesse et renouer avec la croissance. Depuis sa nomination, dans toutes ses déclarations, le Premier ministre n'a pas soufflé un mot sur ce qu'il compte faire pour relancer la croissance, créer de nouvelles opportunités d'emploi, lutter contre le chômage, réduire le déficit budgétaire, ou tout simplement faire redémarrer la machine économique. Rien sur la relance économique, comment il compte mettre en œuvre sinon poursuivre le programme de relance de l'industrie, avec d'importants chantiers (aciéries, mines, automobiles), la reprise en main du secteur de l'énergie, l'agriculture, etc. En fait, ce gouvernement, avec les nouveaux rentrants presque tous du FLN, donne plus l'impression d'être venu pour liquider les affaires courantes, gérer une transition politique, et non trouver des solutions économiques, en attendant l'échéance de 2019. L'arrivée de walis comme ministres confirme en réalité que le gouvernement Tebboune ne va pas trop chambouler les choses, juste gérer une période transitoire en évitant de trop s'aventurer dans des chantiers lourds et coûteux politiquement. Avec de nouveaux ministres sans stature politique réelle, inconnus de l'opinion publique, des « commis » de l'Etat en fait, habitués à porter des bottes et courir sur les chantiers, à qui ont été confiés des ministères lourds, dont celui de l'Industrie et des Mines, ou de l'Agriculture, un secteur qui produit près de 20% du PIB national, et occupe près de 25% de la main-d'œuvre algérienne, il est clair que le nouveau gouvernement ne prendra pas de décisions stratégiques. Mais juste faire un travail d'exécution, faire tourner les chantiers, mais avec comme arrière-fond la gestion d'une période transitoire, laissant les grandes décisions politiques et économiques pour l'après 2019. Le calme dans les états-majors politiques à l'annonce du gouvernement et sa composante, le refus de Hamas d'y participer, sonnent comme le début de la course pour la prochaine présidentielle. Entre-temps, des compétences avérées ont été sacrifiées sur l'autel de la sacro-sainte règle des « quotas » politiques.