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GRANDS PARCOURS
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 08 - 06 - 2017


Livres
Dans les arcanes du pouvoir. Mémoires (1962-1999). Autobiographie (et Essai) de Rachid Benyellès. Editions Barzakh, Alger 2017, 1 200 dinars, 413 pages.
Les (anciens) militaires, des généraux, passent au confessionnal. On a eu d'abord Yahia Rahal qui, le premier, avait secoué le cocotier, puis Khaled Nezzar. C'est donc au tour de Rachid Benyellès qui, on s'en souvient, s'était présenté à une élection présidentielle, celle de 2004, mais sa candidature avait été rejetée par le Conseil constitutionnel faute de parrainages suffisants (?!). Evoluant «dans une sorte d'entre-deux très inconfortable», perçu comme réconciliateur et/ou éventuel médiateur par certains (des dirigeants du Fis), ou islamiste par d'autres (les «éradicateurs»), on se souvient aussi de sa «contribution» (il n'y a pas participé directement) aux rencontres dites de Sant'Egidio qui avaient abouti à la signature du «contrat de Rome».
Le général se raconte donc en nous livrant tout (ou presque tout) sur son parcours :
Dans une première partie assez consistante... intitulée «Les années de quiétude», c'est le déroulé de plus de 30 ans de vie (presque) au cœur du système militaire et politique. D'abord en tant que membre de l'Aln, ses études, puis ses premières missions, convoyant des cargaisons d'armes destinées à des mouvements de libération africains (avec un vieux pinardier, l'Ibn Khaldoun), puis préparant la mise en place de la nouvelle Marine nationale, puis en tant que dirigeant la base de Mers El Kébir («évacuée de façon anticipée» par les troupes françaises ), puis avec Ahmed Ben Bella (un «véritable potentat»), puis avec Houari Boumediène (dont il fut le premier aide de camp, le secrétaire particulier et le chef du protocole) et son «coup de force» du 19 juin 1965 et sa politique régionale, puis avec la succession et l'arrivée de Chadli Bendjedid («candidat par défaut»), puis gérant la direction de la Marine nationale au ministère de la Défense nationale, puis au Secrétariat général (il sera alors mis au courant de la présence française à Oued Namous) avec tous ses conflits (entre autres avec Mostefa Belloucif)... puis en tant que membre du Bp du Fln (et du groupe de travail - Messadia, Louanchi et Ait Ouazzou - ayant introduit le fameux article 120... découvert à travers la lecture des statuts du parti communiste de l'Urss) et, enfin, ministre des Transports... Et puis, l'explosion d'Octobre 88 («somme toute, il n'y avait rien de catastrophique», écrit-il sur l'ampleur des événements et les dommages causés!).
La deuxième partie est intitulée «Les années de sang». C'est tout dire ! On aura ainsi l'histoire du pays à travers tous les événements, douloureux pour la plupart, vécus: l'émergence des islamistes et du Fis, le Hce, l'action armée des islamistes, Liamine Zeroual, Sant'Egidio, les «magouilles politiciennes» et les massacres collectifs... Une partie qui relève bien plus de l'essai que de l'autobiographie, avec des points de vue parfois assez subjectifs, tout particulièrement sur les «éradicateurs», sur la presse francophone, sur les «pagsistes» et les «cryptocommunistes», sur le duo Zeroual-Betchine, sur les «panels» de la troïka, européen, onusien... sur Bouteflika («porté, dit-il dans une courte posteface, au pouvoir par une autre (la septième depuis l'indépendance !) intervention de l'Armée, un autre «coup de force»)... et sur certains militaires impliqués dans les «magouilles» politiques. Avec, toujours, cela va de soi, un profond respect pour l'Armée. Une deuxième partie un peu (assez ?) macabre avec la litanie des crimes terroristes, des massacres collectifs et des mesures répressives, dont les éloignements et emprisonnements massifs des personnes soupçonnées d'être des militants du Fis.
Quelques erreurs : N. Boukrouh n'a jamais été ambassadeur au Liban... Le Mcb n'a jamais été agréé en tant qu' «Association à caractère politique» et le Rcd a été agréé en même temps que le Fis et le Pnsd, le 6 septembre 1989.
Quelques silences : Sur les morts de Annaba lors du coup «de force «du 19 juin. On (les sexagénaires et plus) dit (encore) qu'il y a eu des dizaines de morts (et non «une dizaine d'adolescents») mitraillés par un (et non par des) officier (s) qui n'a jamais été inquiété et encore moins jugé... Sur les noms des quatre autres dirigeants de la Révolution ayant partagé, avec Mohamed Khider, les fonds du Fln.
Et, pas mal de «révélations» ou de précisions... dont la «découverte» du «Fonds national de solidarité nationale» (surtout des bijoux) dans un coin du bureau de A. Ben Bella, trésor alors confié après inventaire à la Banque d'Algérie ; les bilans «mitigés» de certains grands travaux (Barrage vert, Route transsaharienne…).
L'Auteur : Né à Tlemcen le 2 mars 1940 à Mansourah (Tlemcen). Général à la retraite, il avait rejoint encore lycéen (terminale) au Maroc (Fès) les rangs de l'Aln en 1957... qui l'envoya (d'office) étudier à l'Académie navale d'Alexandrie. En 1964, il prend le commandement du navire l'Ibn Khaldoun pour transporter des armes au profit des guérilleros mozambicains et angolais... Commandant de la base navale de Mers El Kébir, juste après son évacuation par l'armée française... Sg du Mdn en 1984... Ministre des Transports... et départ à la retraite après Octobre 1988.
Extraits : «La nouvelle armée algérienne prit le nom (le 28 septembre 1962) d'Armée nationale populaire (ANP), une appellation dans le droit fil du discours populiste alors en vogue, au lendemain de l'Indépendance» (p 35), «Houari Boumediène aurait confié, à certains collaborateurs, son intention d'opérer des changements importants dans le pays, mais sans préciser lesquels, ni quand. D'aucuns avancèrent qu'il parlait du Fln. Houari Boumediène disparaîtra sans avoir révélé ce qu'il comptait en faire vraiment» (p 108), «Calme et efficace, Chadli Bendjedid est un homme solitaire et introverti ; il n'a certes pas l'autorité et la vision lointaine de son prédécesseur, mais il compense ses lacunes par une bonne expérience des hommes «(p 137), «Patriote sincère, intègre et travailleur infatigable, Mouloud Hamrouche est un homme que le doute ne traverse jamais. Lorsqu'il a une idée en tête, il n'en démord plus, quelle que soit la réalité sur le terrain» (p 245).
Avis : De l'Histoire contemporaine assez «vivante». Avec tous les détails. Un livre qui se lit (car écrit), d'ailleurs, comme un roman... et, ce qui est le plus intéressant, il a pris le parti (délicat) de citer nommément les acteurs du moment. Dommage qu'il ne p (v) eut (pas) écrire sur l'après-1999. Il est vrai, dit-il, que «l'ère ouverte avec l'avènement de Abdelaziz Bouteflika nécessite, à elle seule, la rédaction de plusieurs ouvrages» et il «ne se sent pas en mesure de le faire». Tellement de choses à dire !
Citations : «C'est tout là le drame de notre diplomatie. Elle aura été au service de toutes les causes justes dans le monde excepté celle qui la concernait en premier lieu» (p 143), «Les Algériens éprouvent une méfiance atavique envers ceux qui détiennent le pouvoir ; ils leur prêtent une intelligence diabolique et pensent que rien n'est fortuit de leur part. C'est un phénomène qui remonte à la guerre de libération, époque au cours de laquelle il était déjà question de complot des colonels... Et la liste est longue ! Pour beaucoup d'Algériens, tous ce qui vient du pouvoir est sujet à caution» (p 221).
Amor Benamor. Une réussite algérienne. Biographie et essai par Omar Hemissi et Taïeb Hafsi. Casbah Editions, Alger 2017, 1 000 dinars, 268 pages
Laïd Benamor ! Connaissez-vous ? Un peu, surtout en tant que sponsor de la Faf et de président de la Caci (Chambre algérienne du commerce et de l'industrie) et vice-président du Fce. Un patron, quoi ? Et «Amor Benamor» ? Beaucoup puisque la marque garnit (garnit est bien le mot car la qualité y est) nos tables quasi quotidiennement à travers, entre autres, son couscous et ses pâtes, son concentré de tomate et sa harissa, la confiture, les légumes en conserve... que l'on retrouve, bien souvent, à l'étranger (à partir de décembre 2011, le double concentré de tomate ayant été exporté en Libye et en Irak déjà dans les années 90)... dans des pays arabes et des pays occidentaux : Canada, France, Belgique, Uk, Allemagne... et, tenez-vous bien, l'Italie pour les pâtes, ce qui est une performance.
Laïd Benamor est, aujourd'hui, le Pdg du groupe industriel Amor Benamor, héritage (la mère, les 5 frères et les 2 sœurs... tous associés et aussi presque tous gestionnaires au sein de l'entreprise), une société construite par le père, Amor. Annabi de naissance (famille originaire d'Oued Souf), il a commencé, en 1984, avec une petite conserverie de tomate (le «cœur de métier» du groupe) du côté de Guelma (village de Bouati Mahmoud). Le groupe est, aujourd'hui, dans les pâtes alimentaires, la meunerie, l'importation et la revente en l'état de céréales, la promotion immobilière, le tourisme, la boulangerie industrielle... Le patriarche avait inauguré à El Fedjoudj, en présence du président A. Bouteflika (qui, pourtant, avouera, d'un air taquin, «ne pas aimer beaucoup les briqueteries et les minoteries»), en 2003, un grand moulin, une usine de production de semoule et de farine et une usine de production de pâtes alimentaires. Trois mois après, épuisé par des années d'efforts, il succombe à la maladie. De la «Conserverie Amor Benamor» (Cab) à la «Conserverie Amor Benamor (Cab»), puis au «Groupe Amor Benamor» (Gab), en hommage au père fondateur. Quel parcours !
Désormais, cinq filiales au total (en 2015) et d'autres projets. Une société au capital de plusieurs centaines de millions de dinars, qui brasse un chiffre d'affaires d'environ 200 millions d'euros et qui emploie des centaines de travailleurs et des dizaines de cadres de très haut niveau, tout particulièrement dans l'Est algérien (Bouati, El Fedjoudj, Boumaïza...) et , plus récemment, dans l'Algérois.
Les Auteurs: Omar Hemissi est enseignant-chercheur universitaire à l'Ecole supérieure de commerce d'Alger (Esc) et enseignant associé à l'Ena. Egalement consultant et conseiller auprès d'organismes publics et privés. Fondateur et président d'honneur d'une association, «Elite», qui active dans le développement des compétences managériales chez les jeunes diplômés. Taieb Hafsi, ingénieur en génie chimique et titulaire d'un doctorat de la Harvard Business School (déjà auteur d'un ouvrage sur Isaad Rebrab) est un spécialiste universitaire dans le management stratégique des organisations complexes (Hec -Montréal et Essec-Paris).
Extraits : «La nationalisation du pétrole en 1971 et l'explosion des recettes pétrolières détourna l'attention de l'agriculture qui devint un appendice dans une économie rapidement centrée sur l'industrialisation la plus sophistiquée» (p 35) , «Les tentatives pour décréter le bonheur des agriculteurs aboutissent souvent à leur malheur et, parfois, comme ce fut le cas de l'Algérie, à la destruction de la capacité de production du pays» (p 45)
Avis : Style trop académique pour une «success story»... Presque un cours d'économie agricole avec étude de cas ! Mais, un ouvrage utile, très instructif, pour les étudiants et, tout particulièrement, pour les jeunes et/ou nouveaux entrepreneurs désireux d'investir et de s'investir, entre autres, dans l'agro-alimentaire et/ou l'agriculture. La famille Benamor ? Une leçon de vie. Un exemple d'efforts, de ténacité et de solidarité familiale. Pourvu que ça dure !
Citations : «Le futur est tellement proche qu'il doit se construire dès à présent» (Laïd Benamor, p 114) , «Celui qui construit est celui qui édifie les piliers du futur, celui qui peut grimper rapidement et s'adapter à toute nouvelle dimension» (Laïd Benamor, p 127), «Les personnalités sont souvent révélées ou du moins affinées à partir des regards des autres» (185), «Le monde des affaires a des rapports un peu schizophréniques avec le pouvoir. D'un côté, ils considèrent que le pouvoir ne comprend pas l'économie et ne fait pas grand-chose pour encourager les entrepreneurs et le développement économique privé, mais ils ne manquent pas de solliciter systématiquement les structures de l'Etat pour des aides, des avantages ou des facilitations» (p 209)
Chérif Kheddam. Abrid iggunim. Le chemin du devoir. Biographie et témoignages par Said Sadi. A compte d'auteur, Alger 2017, 1 200 dinars, 455 pages
Il est né un jour de janvier 1927 à Bou Messaoud, un petit village haut perché de la Grande Kabylie niché au cœur du massif du Djurdjura, dans une famille paysanne très modeste, maraboutique (donc sinon conservatrice, du moins rigoriste)... et après, sept années d'études religieuses dans une zaouïa (Boudjellil)... Première rupture : à dix-sept ans, il prend, comme beaucoup d'autres, en ces temps d'oppression et de misères, le chemin de l'exil. Alger, puis la France en 1947. Avec l'accord de son père qui, au fond de lui-même, voulait certainement en faire un imam. Il est décédé en France un jour de janvier 2012 (sa santé - il ne vivait qu'avec un seul rein et les séances périodiques de dialyse l'épuisait - avait commencé à décliner à partir de 1995) et il sera enterré dans son village natal qui, tout au long de son itinéraire, n'a jamais quitté l'âme de ses chansons et de sa musique.
Il avait hérité de la sensibilité de la mère qui l'avait, comme toutes les mamans berbères, bercé en chantonnant. Premier disque 78 tours enregistré... seulement en 114 exemplaires et sans faire figurer son nom sur la pochette. «Par modestie ou prudence sociale» mais «une astuce marketing (involontaire ?) qui provoqua intérêt et demande du public».
Le reste est «une succession de ruptures» qui l'amèneront, lui, «l'homme à la fierté muette», le toujours «solitaire et solidaire» (il aurait pu avoir pour devise de vie : «Agir seul mais toujours demeurer disponible pour l'autre»), à la reconnaissance d'un public de plus en plus large, à la renommée - en Algérie et en France - et, surtout, au grand respect de son peuple. Déjà solidement installé sur la scène musicale kabyle, il rentre à la radio nationale (la Rta) en 1963 (chaîne kabyle qui deviendra la II... une «institution politiquement tolérée faute de mieux»). Là, surtout lorsqu'il est chargé du «Bureau musique», il croisera, soutiendra et encouragera bien des talents émergents ou confirmés... dont Mohamed Iguerbouchène, lui aussi rentré au pays, Cheikh Nordine, Mohamed Hilmi, Akli Yahyaten, Nouara... et beaucoup de «maquisards de la chanson». Et, plus important encore à signaler, il se rapprochera des jeunes étudiants kabyles animateurs du mouvement culturel amazigh naissant (dont l'auteur). Cela lui permis de rencontrer et de chanter - entre autres - devant plusieurs centaines d'étudiants (1200) , à la salle de cinéma (700 places disponibles) de la cité universitaire de Ben Ak' avec...Taos Marguerite Amrouche, invitée alors au Festival panafricain de la culture de juillet 69 mais, écartée du programme officiel... sur instruction de Boumediène lui-même, au grand regret de M-S Benyahia, alors ministre de l'Information et de la Culture.
«Témoin et acteur primordial de son temps», il résistera, durant les années 90, à la vague de «ceux qui avaient déclaré la guerre à la liberté, au beau et à la raison». Ainsi, pour «relooker l'image d'un pays dévasté», il annonce son retour sur scène (conférence de presse en janvier 1996) et le 23 juin 1996, accompagné par l'Orchestre philarmonique international, il anime un fabuleux concert au Palais des Congrès de Paris (3500 places... et 4000 spectateurs). La quasi-totalité des jeunes chanteurs (dont Matoub Lounès) sont présents.
La suite de sa vie est bien remplie avec, toujours, une fidélité sans faille à son engagement politico-culturel.
L'Auteur : Médecin psychiatre, membre fondateur de la Ladh, à l'origine de la création de la première section d'Amnesty International en Algérie, plusieurs fois emprisonné (car très tôt engagé dans le combat pour la réhabilitation de l'identité amazighe et la défense des droits humains), fondateur (en février 1989) du Rcd qu'il dirigera jusqu'en mars 2012. Deux fois candidat à l'élection présidentielle, élu deux fois député à l'Apn... auteur de plusieurs ouvrages.
Extraits : «En Kabylie, où vivre signifie violence et combat contre l'autre, famine ou maladie, on n'exhibe pas son intériorité, on ne confie pas ses sentiments, heureux ou pénibles» (p 275), «Cinq ans après sa disparition et jusqu'à plus ample informé, aucune rue ne porte le nom de Chérif Kheddam, aucune place ou édifice public ne lui a été dédié» (p 440)
Avis : Une grande aventure humaine, culturelle et artistique... et, aussi, politique. Selon l'auteur, Chérif Kheddam, en «ouvrant, pour les nouveaux chanteurs, l'école musicale qui a marié l'esthétique et le combat, fut le quatrième pilier qui a porté la plate-forme politique et doctrinale sur laquelle prendra appui la jeunesse estudiantine qui a lancé le mouvement culturel berbère».
Citations : «L'échec engendre la violence et la violence, accentuant l'échec, entretient la gouvernance de l'abus» (p 16), «Quand le pouvoir et la société font cause commune, il reste le dialogue avec soi-même. Galilée avait ses certitudes, le chanteur peut parler à son compagnon de travail. Sans médiation, l'instrument ne trahit pas. Lui, au moins, vibrera selon les impulsions de l'artiste» (p 216), «Du courage, il y a en eu une telle consommation pendant la guerre qu'il ne doit plus en rester grand-chose dans cette société» (Taos Marguerite Amrouche, p 263).


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