Alors que plusieurs unités de production de la tomate industrielle en Algérie ont disparu, le groupe Benamor se présente comme le dernier des Mohicans. Guelma. De notre envoyé spécial Implanté dan la wilaya de Guelma, dans l'Est algérien, ce groupe a réussi, en l'espace de moins de trois décennies, le pari de devenir leader sur le marché national en matière de tomate industrialisée. Fondé en 1984 par le défunt père Amor Benamor, le groupe dispose d'une conserverie spécialisée dans la production de la tomate concentrée sous plusieurs formes. D'une modeste unité de 200 t/jour, il est arrivé à produire jusqu'à 5200 t/jour actuellement. Au sein du groupe, c'est la jubilation ! « On a réussi à tripler notre rendement en tomate concentrée », s'est félicité jeudi dernier Laïd Benamor, manager général du groupe Benamor, devant une importante délégation du Forum des chefs d'entreprise (FCE). Cette organisation patronale, composée de dirigeants d'entreprises privées, des représentants d'une mission économique européenne et de 4 directeurs de publications (El Watan, Liberté, La Tribune et El Khabar), était en visite jeudi dernier dans les différentes unités de production de ce groupe familial. Pour M. Hamiani, la « réussite » que constitue le groupe Benamor montre que l'entreprise privée, « loin du pouvoir » et « malgré les difficultés », demeure le moteur de la croissance du pays. Les invités du FCE ont eu à se rendre dans la matinée sur le site de la conserverie Benamor (Cab). Celle-ci compte deux unités de production avec des capacités de production de 1500 t/jour et 3600 t/jour chacune. Le nombre de postes d'emploi créés est de 435. Grâce à des efforts soutenus et une stratégie perspicace, la production de la CAB en tomate concentrée est passée de 8500 t en 2002 à 39 450 t en 2009. La production de cette conserverie couvre 50% du marché national, selon M. Hamiani. « Le marché est important. Il y a de la place pour tout le monde. Nous avons développé une politique articulée sur la contribution active des agriculteurs », souligne, Fouad Brahim Benamor, gérant de la conserverie. Les principaux clients sont des grossistes, des propriétaires de grandes surfaces et le ministère de la Défense nationale. Il va sans dire que la réalisation de ces performances n'a pas été sans la mise en place d'une stratégie de développement des plus efficaces. Le groupe contribue d'ailleurs à l'assistance de 600 agriculteurs aux nouvelles techniques de culture de la tomate, notamment la fertilisation, l'irrigation et le choix variétal, sur une superficie cultivée de 2500 ha. Les dirigeants du groupe ont mis également en place une station d'expérimentation de la culture de tomate au même titre qu'une serre multichapelle de 0,7 ha pour la production de 10 millions de plants, soit 500 ha. Des solutions innovantes en matière de production de plants de tomate ont été introduites dans la production de la tomate de serre. C'est ce qu'ont découvert, avec des yeux émerveillés, les membres de la délégation du FCE au niveau d'une serre multichapelle. Selon les explications fournies par Messaoud Chebah, agronome à la Cab, ces techniques permettent de réduire de 50% la période allant entre la phase semis au repiquage sur champ. Concrètement, cette période peut être ramenée de 2 mois à 30 jours, grâce aux performances d'une planteuse dont le rendement est de 200 à 850 plateaux/hectares. Ceci étant, M. Chebah a expliqué que le repiquage mécanisé assure également un gain de temps considérable. Dans l'après-midi, la délégation du FCE s'est rendue sur le site des moulins Benamor, sis dans la zone industrielle El Fedjoudj et dont l'activité principale demeure la transformation du blé dur en divers types de semoule. Le groupe assure, selon les dires de M. Hamiani, 10% des besoins nationaux en céréales. Créée en 2000 sur une superficie de 24 500 m, l'unité semoule dispose d'une capacité de production de 700 t/jour avec des capacités de stockage de blé estimées à 27 500 t. Les capacités de production de l'autre unité, spécialisée dans la production de pâtes alimentaires et couscous, peuvent atteindre 50 000 t/an pour les pâtes courtes et 10 000 t/an. Les deux unités emploient environ 370 personnes. Là encore, les performances du groupe sont indéniables. La production de la semoule est passée de 32 012 t en 2002 à 116 312 t en 2009. Idem pour les pâtes, en passant de 1932 t en 2002 pour atteindre 8888 t en 2009. La production de la farine s'élevait à 51 808 t en 2009, contre 17 312 t. Pour les projets à venir, les frères Benamor prévoient la réalisation d'un moulin à blé tendre de 500 t /jour, d'un autre à blé dur d'une capacité de 400 t/jour, d'une fabrique de pâtes alimentaires et d'aliment de bétail.