«Cadre personnel», le décor est planté pour une visite présidentielle, première du nom, du nouveau président français au Maghreb. En effet, l'annonce du déplacement de Macron au Maroc, pour ce qui est sa deuxième sortie en Afrique, avait suscité les commentaires les plus divers et les analyses les plus «tirées par les cheveux». Les lectures ont tôt fait de placer le Maroc en tête des priorités françaises dans la région, preuve du choix fait par l'Elysée dans «son» favori du moment. Macron préférant Rabat à Alger et Tunis, on était plus dans une logique de querelles de cours d'école que dans une projection pragmatique de realpolitik. En effet, on avait donné à cette visite des relents passionnés, allant jusqu'à faire de la venue de Le Drian à Alger un lot de consolation, oubliant que la démarche de Macron est en rupture totale avec les vieux réflexes des partis traditionalistes français. Voulant remettre les choses dans leur contexte, l'Elysée a précisé que cette visite rentre dans «un cadre personnel pour que le président et le roi fassent mieux connaissance et posent les bases de la relation franco-marocaine». Deux en un -pour reprendre une formule publicitaire- qui suggère que Macron se présente à Rabat pour au moins un dossier factuel : la crise du Golfe. Si Doha a salué le rôle de Paris dans cette crise diplomatique, le président français sait que la proximité de Mohamed VI avec les monarchies saoudienne et émiratie pourrait lui être d'un grand apport dans sa mission de médiation. Les autres sujets sont communs à la région : le conflit libyen, la lutte antiterroriste et la situation au Sahel, particulièrement au Mali, d'où la France veut se désengager. Le Conseil de sécurité de l'ONU ayant rejeté le projet de résolution présenté par la France pour le déploiement d'une force militaire régionale au Sahel, Paris serait tenté de trouver un appui à Alger et Rabat. Si les dossiers sont connus et la position française bien tranchée, l'inconnue réside dans le traitement de la question sahraouie. Paris, version Sarkozy et Hollande, résolument derrière la politique marocaine à ce propos, reste à connaître l'avis de Macron sur un éventuel changement de cap dans la vision française. D'aucuns assurent que le choix du président de visiter en premier lieu le Maroc est un signal fort de la continuité de la politique française à ce sujet. Mais avec Macron on se sait jamais, d'autant plus qu'il a été destinataire d'une lettre, signée par 25 associations de France et du Maghreb, pour dénoncer la répression dans le Rif marocain.