Pour la première fois depuis 2010, après avoir été dépossédée de son quota annuel de pêche au thon rouge, l'Algérie a pratiquement pêché la totalité du quota qui lui a été attribué en 2014 à Gênes par la Cicta. Selon le directeur général de la Pêche et de l'Aquaculture au ministère de l'Agriculture, Taha Hamouche, les 1.043 tonnes attribuées à l'Algérie, pour qu'elle retrouve progressivement son ancien quota de thon rouge (680 t), au titre des années 2014, 2015, 2016 et 2017, a été totalement réalisé. Jeudi dernier, lors d'une conférence-bilan, il a précisé que cette réalisation va renforcer la position de l'Algérie au sein de la Commission internationale de conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta) pour négocier ses prochains quotas. Le thon rouge du Nord (thunnus thynnus), par opposition au thon rouge du Sud (thunnus maccoyi) ou le thon rouge du Pacifique (thunnus orientalis, classé vulnérable) est classé par la Cicta en danger, et donc sa pêche est strictement réglementée à par l'établissement de quotas. 14 thoniers-senneurs battant pavillon national ont participé à cette campagne de pêche au thon rouge au titre de l'année 2017, qui s'est étalée du 26 mai au 24 juin dernier. En fait, le quota de pêche de thon rouge de l'Algérie pour 2017, fixé par la Cicta à 546 t, avait été 'rallongé'' pour être porté à 1.043 t à raison d'une hausse graduelle de 243 tonnes pour 2014, 370 t en 2015, puis 460 t en 2016 et à 546 tonnes initialement pour l'année 2017, soit environ 2% du Total admissible des captures (Tac). Lors de sa réunion de Gênes en 2014, la Commission, qui avait défini le plan de répartition des quotas de pêche par pays jusquà 2017, avait décidé d'une hausse graduelle du quota de pêche au thon rouge en faveur de l'Algérie, qui avait présenté alors un dossier solide pour récupérer son ancien quota, qui était de 680 t, soit 5% du TAC. C'est lors de la 17ème réunion annuelle de la Commission, organisée en 2010 à Paris, que l'Algérie, en l'absence de sa délégation ministérielle, avait été dépouillée de son quota de capture de thon rouge. Mais, c'est à la dernière réunion de la Cicta de Vilamoura (Portugal), au mois de novembre 2016, que l'Algérie a vraiment commencé à récupérer son quota de thon rouge. Car à cette réunion les membres de la Cicta avaient accepté d'examiner, exceptionnellement, la requête de l'Algérie d'augmenter son quota de pêche, même si le total autorisé des captures (TAC), avait été déjà décidé pour tous les membres en 2014, avec un TAC de 16.142 tonnes pour 2015, 19.296 tonnes en 2016 et 23.155 tonnes en 2017. Seule exception, l'Algérie, qui a été délestée de son quota habituel de 680t/an en 2010 (5% du TAC) lors de la réunion de Paris, a donc pu bénéficier d'une hausse de 546 tonnes à Vilamoura. C'est dans sa recommandation 16-09 adoptée lors de la 20ème réunion extraordinaire de la Commission, rendue publique le 12 décembre 2016 par son secrétariat général à Madrid, que la CICTA a recommandé qu' «en plus du quota stipulé dans le tableau et dans le pied de page du paragraphe 5 de la Recommandation 14-04, l'Algérie pourra pêcher jusqu'à 500 t en 2017». Pour autant, le secteur de la pêche en Algérie est bloqué par d'importantes défaillances, selon le secrétaire général du ministère, Djamel Chabi. Lors d'une rencontre consacrée à la présentation du bilan du premier semestre de 2017 pour les activités de la pêche et de l'aquaculture ainsi que le plan d'action pour le 2ème semestre 2017, il a indiqué que les défaillances enregistrées dans le secteur de la pêche et de l'aquaculture portent sur le manque d'accompagnement des investisseurs, des projets non concrétisés, une faible maîtrise des statistiques et des informations dont celles relatives à la pêche continentale. Il a recommandé un accompagnement de l'investissement productif notamment pour l'aquaculture et dans le sud du pays, et la prise de mesures nécessaires pour instaurer un dialogue avec les différents acteurs, avant d'évoquer sans trop de détails la relance de la pêche au corail prochainement. D'autre part, les dossiers d'investissement dans l'aquaculture portent sur 221 projets, déposés à fin juin dernier, dont 156 dossiers pour l'élevage en milieu marin et 65 en eau douce. Le CNDPA en a validé 112, selon Ousaid Mustapha, directeur de la filière aquacole. En outre, l'exploitation de projets ou en cours de démarrage porte sur 27 projets en aquaculture marine et 9 projets en eau douce. Avec l'intégration des wilayas de Relizane, Bechar, Aïn-Defla et Ouargla, la production aquacole en eau douce, notamment l'exploitation des barrages, a permis une production de 870 tonnes de poisson à juin 2017. En outre, par rapport aux objectifs tracés à l'orée 2020, plusieurs wilayas, selon les cadres du ministère, ont effectué des progrès dans le lancement des projets aquacoles en milieu marin et en eau douce : il s'agit de Sidi Bel-Abbès, Oran, Aïn-Temouchent, Tlemcen, Tipaza, Boumerdès, Tizi-Ouzou, Annaba, Sétif, Bechar et Ouargla. Mustapha Ousaid, qui a relevé de nombreuses défaillances dans le programme de soutien à l'investissement dans des projets d'aquaculture, estime que «les données statistiques des productions aquacoles notamment celles de la pêche continentale sont très en deçà de la réalité», relevant le faible volume des investissements dans nombre de wilayas, en dépit des facilités accordées et les grandes potentialités de ces régions. Au 1er semestre 2017, la production halieutique de l'Algérie était en recul de 361 t par rapport à 2016, soit 19.107 t de poisson.