Le Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui a hérité d'une situation catastrophique au plan social et économique, politique également, n'a pas beaucoup de choix devant lui pour éviter le «crash». L'homme, en tant que responsable politique du second parti du pays, avait déjà donné son opinion sur certains dossiers d'actualité. En particulier celui de la relance économique, de l'état désastreux du climat des affaires et de la situation des entreprises publiques, et du climat social. Maintenant qu'il est en charge de ces «dossiers», Ouyahia, c'est connu, va très vite mettre en place ses solutions, et son programme d'action qu'il compte soumettre à la rentrée au Parlement. C'est le porte-parole du RND Seddik Chihab qui l'affirme. Et confirme que la légalité institutionnelle et constitutionnelle sera respectée par le nouveau Premier ministre, en allant soumettre aux représentants du peuple son plan d'action, qu'il doit mettre en œuvre selon le programme de travail du président. La perspective de la réunion prochaine de la Tripartite, programmée le 23 septembre prochain par son prédécesseur et qu'il n'a pas décalée pour le moment, lui donne l'occasion de rencontrer dans un cadre formel et officiel ses partenaires sociaux et économiques. Et de clarifier dès le début ses objectifs. Et Ouyahia devrait particulièrement remettre sur rail le pacte national de croissance économique et sociale, mais avec de nouvelles règles, de nouvelles orientations. Il devrait notamment agir sur plusieurs segments, dont les finances, l'industrie et l'agriculture, dans la perspective de réformes économiques urgentes, qu'il avait préconisées, afin de parer à l'érosion des recettes d'exportation d'hydrocarbures. La situation des entreprises publiques déficitaires, l'apport du secteur privé industriel à l'économie nationale, la question de l'endettement extérieur, et, également le niveau des investissements publics seront au centre de ses préoccupations, qu'il devrait travailler avant la prochaine Tripartite. Pour M. Ouyahia, il s'agit d'un double objectif: confirmer l'embellie du dialogue social et obtenir un franc soutien de ses partenaires sociaux à son plan de relance économique, avec une austérité budgétaire. A priori, et au vu de la mauvaise expérience vécue par son prédécesseur, le Premier ministre part déjà avec l'entière adhésion des représentants du patronat et l'UGTA à la politique économique qu'il compte mettre en place. Car il n'est un secret pour personne qu'Ahmed Ouyahia entretient des relations plutôt bonnes avec le patronat et, surtout, avec la centrale syndicale, ce qui est un gage supplémentaire pour que l'ensemble des dossiers posés sur la table des discussions de la Tripartite passent comme une lettre à la poste. Et, il s'agit en particulier du système des subventions aux produits de première nécessité, qu'il compte revoir, car, pour lui, «notre système de subvention est trop généreux. Il profite à tout le monde. Il ne profite pas aux nécessiteux». Il est attendu ainsi qu'il devrait proposer un plan de lutte contre le gaspillage et le détournement des subventions et aides publiques aux couches sociales les plus défavorisées. A ses partenaires sociaux, Ouyahia devrait par ailleurs exposer son plan de relance économique en faisant le raccourci de l'endettement extérieur, un resserrement budgétaire pour limiter les déficits (balance commercial, du Trésor et de la balance des paiements), et surtout un plan de relance de l'industrie, en particulier l'industrie automobile. Autant de chantiers, qu'il compte explorer lors de cette première rencontre avec ses partenaires sociaux, avant de finaliser tous les dossiers et les soumettre au Parlement à la rentrée, et les relifter pour l'ordre du jour de la prochaine Tripartite.