C'est ce jeudi à Alger, probablement au Palais du gouvernement, que se tiendra une séance préparatoire pour la prochaine réunion de la Tripartite. A l'ordre du jour de cette réunion, il y aura d'abord des discussions avec les partenaires sociaux (UGTA et patronat) pour déterminer l'ordre du jour de cette tripartite, prévue le 23 septembre prochain, à Ghardaïa, ensuite et selon des sources informelles la désignation d'un autre lieu pour cette rencontre. Pour rappel, c'est le gouvernement débarqué d'Abdelmadjid Tebboune qui avait, fin juillet dernier, décidé, avec les partenaires sociaux (UGTA et représentants du Patronat), de tenir cette rencontre à Ghardaïa. L'arrivée d'Ahmed Ouyahia devrait changer autant le calendrier que le lieu de cette rencontre. Mais, surtout, une autre vision sur les priorités de la relance économique, mais toujours selon les termes du pacte de croissance économique. La réunion préparatoire de juillet entre l'ex gouvernement Tebboune et les partenaires sociaux s'était déroulée dans un climat exécrable, tendu, après le «clash» provoqué par le Premier ministre avec le patron du FCE (forum des chefs d'entreprises), alors soutenu par le SG de l'UGTA et la majorité des organisations patronales. Du coup, le Premier ministre avait été mis en infériorité face à la grogne de ses partenaires sociaux, qui n'avaient pas apprécié le traitement réservé par Tebboune, au chef du FCE, Ali Haddad. Pour autant, la réunion de juillet préparatoire à la Tripartite de septembre prochain s'est tenue dans un climat «apaisé», selon Abdelmadjid Sidi Said, patron de l'UGTA. Pour répondre à certaines questions sur le climat dans lequel s'est déroulée cette rencontre de juillet, entre l'ex gouvernement et ses partenaires sociaux, Sidi Saïd a dit que «tout cela s'est déroulé dans l'entente cordiale et la cohésion de l'ensemble des partenaires du Pacte national économique et social de croissance.» Selon lui, la prochaine Tripartite doit «donner un saut qualitatif à l'Economie nationale». «Il y a l'engagement, a-t-il dit, du Premier ministre et celui de tous les partenaires sociaux, y compris l'UGTA, qui va, encore, s'atteler davantage à conforter cette stabilité, qui est le moteur du développement économique et social». La donne sera, pourtant, autre avec l'arrivée d'Ahmed Ouyahia, qui devrait renforcer son soutien au patronat et à l'UGTA, un partenaire traditionnel du Premier ministre, avec lequel Ouyahia avait, notamment, négocié à la fin des années 1990 le démantèlement des entreprises publiques sur injonction du FMI, et mis en place l'impopulaire plan d'ajustement structurel (PAS). Plus tard, vers la fin des années 2000, Ouyahia donnera son feu vert à la revendication de l'UGTA de hausse du SNMG. Dès lors, certains observateurs voient mal le Premier ministre dialoguer avec les syndicats autonomes, même si une lueur d'espoir reste possible. Meziane Meriane, coordinateur du Snapest, s'il reste optimiste, n'en pense pas moins que le nouveau gouvernement, tout comme les précédents, campera dans la même position, celle de «diaboliser» les syndicats autonomes. Il a expliqué dans une déclaration au Le Quotidien d'Oran' que les «syndicats autonomes n'ont pas été invités à participer à la prochaine Tripartite.» «C'est à n'y rien comprendre», a-t-il affirmé, avant d'ajouter: «on parle de dialogue social au gouvernement, mais la réalité sur le terrain est tout autre» Pour Meziane Meriane, «les syndicats représentatifs de la Fonction publique sont, une nouvelle fois, marginalisés. Il y a 1,5 million de travailleurs qui demandent à être écoutés». Pour lui, «il y a, toujours, cette diabolisation des syndicats autonomes, et avec Ouyahia, cela ne va pas changer.» Plusieurs syndicats autonomes membres de l'Intersyndicale avaient dénoncé cette attitude négative des gouvernements Sellal et Tebboune, les accusant de marginalisation des syndicats représentatifs de la Fonction publique, en particulier des secteurs de la Santé et l'Education. «Nous aussi, nous avons notre poids économique», soutient Meziane Meriane, qui a annoncé, à notre journal, qu'une lettre de l'intersyndicale sera bientôt transmise au Premier ministre pour qu'il nous accorde une audience au cours de laquelle on va lui transmettre nos revendications.» Car, «si on ouvre le champ syndical, il n'y aura plus aucun travailleur à l'UGTA», a-t-il dit. Par ailleurs, la prochaine Tripartite devrait être orientée, avec Ahmed Ouyahia, au Palais du gouvernement, vers une plus grande visibilité économique de l'apport des entreprises privées dans la relance économique, avec l'UGTA comme gage d'une paix sociale qui ne peut être, cependant, garantie, les syndicats autonomes ayant promis une rentrée sociale difficile. Pour autant, globalement, le menu principal de cette Tripartite sera la mise en place du Plan national économique et social de croissance. Ce pacte avait été signé lors des travaux de la Tripartite, de février 2014, à Alger. Ce pacte s'est donné pour objectifs l'accélération du processus des réformes économiques, le développement industriel, l'amélioration du climat des affaires, le système de santé et de la protection sociale, l'accès au travail et l`amélioration du pouvoir d`achat, ainsi que la sécurité énergétique et l`adéquation du système de formation avec les besoins de l`entreprise. Ses signataires sont le Gouvernement, l'UGTA, la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), le Forum des chefs d'entreprises (FCE), l'Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP), la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), la Confédération des industriels et des producteurs algériens (CIPA), la Confédération algérienne du patronat (CAP), I'Union nationale des investisseurs (UNI), la Confédération générale du patronat-BTPH (CGP-BTPH) et l'Assemblée générale des entrepreneurs algériens (AGEA).