C'est dans un contexte social stressé par l'érosion du pouvoir d'achat des ménages, le gel depuis plusieurs années des augmentations salariales, un baril à moins de 50 dollars en moyenne annuelle, et la montée de la contestation des syndicats indépendants que va se tenir ce jeudi au palais du gouvernement la réunion préparatoire à la prochaine Tripartite, prévue le 23 septembre prochain. Des sources proches du gouvernement ont indiqué hier mercredi que cette réunion préparatoire à la prochaine Tripartite, qui va réunir autour de la même table le gouvernement, l'UGTA et les représentants du patronat, aura comme «principal objectif la préparation de la prochaine tripartie». Cette réunion «se veut une prise de contact et une occasion pour des échanges préliminaires entre les trois partenaires dans le but d'une meilleure concertation», précisent les mêmes sources. Le président Bouteflika avait dans son message à la nation, à l'occasion de la Journée du Moudjahid, appelé le gouvernement et ses partenaires sociaux et économiques à «la solidarité, à la mobilisation et à l'unification des rangs afin de mener à bien la bataille du développement et préserver l'indépendance financière de l'Algérie et de sa souveraineté sur le plan économique». «Le gouvernement et ses partenaires sociaux et économiques doivent donner l'exemple à notre peuple, par la solidarité, la mobilisation et l'unification des rangs afin que notre pays puisse investir de manière constructive dans les différentes capacités et potentialités de ses enfants», avait préconisé le président Bouteflika. Pour autant, la première sortie du nouveau Premier ministre, le revenant Ahmed Ouyahia, sera particulièrement suivie par les observateurs. Car cette réunion préparatoire à la 22e Tripartite entre le gouvernement et ses partenaires sociaux et économiques (UGTA et patronat) devrait dégager les grandes tendances économiques et sociales que va préconiser Ahmed Ouyahia dans son plan de relance de l'économie nationale, et, surtout, le type de relations qu'il compte mettre en œuvre autant avec la centrale syndicale qu'avec le patronat. L'exercice sera cependant altéré par les restrictions budgétaires que le Premier ministre devrait imposer pour limiter les effets négatifs sur l'économie nationale de la baisse des recettes pétrolières, alors que le brut est en moyenne à moins de 50 dollars/baril. En prévision de la réunion préparatoire à la prochaine Tripartite de ce jeudi, le Premier ministre a déjà entamé les rencontres avec certains partenaires sociaux, pour au moins dégager les dossiers prioritaires. La réforme de la retraite, la préservation du pouvoir d'achat, les revendications des syndicats autonomes à participer aux travaux de la Tripartite, et les questions relatives aux salaires et à l'emploi, ainsi que les grands projets industriels seront l'autre grande préoccupation du Premier ministre, qu'il devrait aborder en profondeur avant la tenue de la prochaine Tripartite. Le modèle économique qu'il préconise, et qu'il va proposer à ses partenaires sociaux est déjà dans le «pipe»: des réformes urgentes, pas d'endettement extérieur, car selon lui, «il est préférable d'adopter une politique d'austérité que de s'endetter auprès d'institutions financières internationales», la privatisation des entreprises publiques déficitaires comme les minoteries, l'assainissement des banques et une plus grande orthodoxie financière, et, enfin, un autre verrouillage des importations à l'ombre d'une autre période d'austérité budgétaire. Le dialogue social à travers la Tripartite avait été institué en 1991, au lendemain de l'annonce que l'Algérie était pratiquement en cessation de paiement, avec un baril à moins de 20 dollars, et le recours à l'endettement extérieur. En 2014, juste avant un autre choc pétrolier, avec la baisse vertigineuse des cours du brut à moins de 60 dollars/baril, le gouvernement, l'UGTA et le patronat avaient signé un Pacte national économique et social de croissance avec comme objectifs notamment l'accélération du processus des réformes économiques, le développement industriel, l'amélioration du climat des affaires, la protection sociale et l'amélioration du pouvoir d'achat. Ahmed Ouyahia pourra-t-il reprendre les mêmes objectifs dans un contexte économique et social «pourri» avec la baisse du pouvoir d'achat et la hausse des déficits ? Le patronat sera représenté lors de la rencontre de jeudi par le Forum des chefs d'entreprise (FCE), la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), l'Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP), la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), la Confédération des industriels et des producteurs algériens (CIPA), la Confédération algérienne du patronat (CAP), l'Union nationale des investisseurs (UNI), la Confédération générale du patronat-BTPH (CGP-BTPH) et l'Assemblée générale des entrepreneurs algériens (AGEA).