Le syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (SNECHU) en collaboration avec les résidents en sciences médicales prévoit la tenue d'une journée de protestation «sous forme de sit-in» à travers l'ensemble des structures de la santé, ce lundi 25 septembre, à partir de 11h. Cette protestation, a pour but de dénoncer «la campagne de dénigrement lancée contre le personnel de la santé», précise le syndicat dans un communiqué rendu public. Les protestataires devront ainsi porter des brassards ou des badges sur leurs blouses avec la mention «Médecins en colère», et ce en guise de protestation contre la campagne de critiques et d'insultes, notamment sur les réseaux sociaux, ayant pris pour cible le corps médical. Faut-il le rappeler, «cette campagne de dénigrement» a été déclenchée suite au décès d'une parturiente de 23 ans et de son bébé, à Djelfa, le 24 juillet dernier. Le personnel médical en place a été accusé de «négligence» pour avoir renvoyé la malade d'une structure à une autre sans lui apporter une assistance médicale. Le parquet général près le tribunal d'Aïn-Ouessara (Djelfa) a requis, jeudi, une peine de deux ans de prison femme assortie d'un amende de 100.000 DA à l'encontre de la gynécologue poursuivie dans l'affaire de la parturiente décédée avec son bébé. D'autres peines d'une année de prison ferme ont été requises à l'encontre de chacune des autres personnes arrêtées dans cette affaire, soit trois sages-femmes, un directeur de permanence et un contrôleur médical. Le parquet a également requis deux mois de prison ferme assortie d'une amende de 20.000 DA à l'encontre du staff chargé de la morgue de l'hôpital d'Aïn-Ouessara. Le collectif des médecins résidents du centre a lancé un appel à l'ensemble des médecins résidents des hôpitaux universitaires (CHU, EPH, EHS) à participer massivement à la journée de protestation. Le collectif s'est dit outré de l'acharnement médiatique sans précédent, sur les professionnels de la santé, et contre le corps médical en particulier. Le collectif craint, à vrai dire, l'impact de «cet endoctrinement médiatique sur les relations du personnel et du corps médial avec les citoyens». Et de s'interroger: «Pourquoi présenter le médecin comme l'unique responsable d'un système de santé défaillant? Un système que nous dénonçons d'ailleurs avant tout parce que nous en sommes les premières victimes». Les syndicats du secteur de la santé avaient, bien avant le réquisitoire du parquet, appelé à la libération des personnes arrêtées. Le SNECHU se dit contre le fait que le personnel médical soit le bouc émissaire qui doit endosser les faiblesses et le dysfonctionnement du secteur. Le syndicat a remis en cause les défaillances d'un système de santé dépassé par les transitions socio-économiques. Le syndicat national des praticiens de santé publique (Snpsp) s'est prononcé, à plusieurs reprises, sur cet état de fait. Il a appelé les plus hautes autorités du pays pour intervenir afin de libérer les personnes arrêtées, mais en vain. Le SNPSP avait dénoncé, dans le même contexte, «la désorganisation chronique du secteur de la santé et l'insuffisance en offre de soins à Djelfa et ailleurs». Pour ces syndicats, dresser les citoyens contre le personnel médical ne peut qu'aggraver la situation, sachant qu'aujourd'hui le personnel médical fait face quotidiennement à des agressions physiques et verbales dans les établissements sanitaires. Le SNECHU appelle le personnel médical «à rester vigilant en assurant les urgences».