L'affaire de la parturiente morte avec son bébé dans la wilaya de Djelfa, après avoir été ballottée durant toute une journée entre trois hôpitaux de la wilaya, a encore rebondi avec un communiqué du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP) qui dénonce une campagne contre le secteur de la santé publique. Dans son communiqué, qui intervient également à la suite de la détention provisoire de plusieurs sages-femmes de l'hôpital de Djelfa, le SNPSSP «tient à se démarquer du catastrophisme de ceux qui veulent faire de ce malheureux événement le procès du secteur public de santé». «Tout décès, a fortiori d'une parturiente, est un décès de trop», ajoute le texte. «Il faut se replacer dans le contexte d'un pays à forte natalité avec une mortalité maternelle incompressible, ne serait-ce que du fait du fort contingent de grossesses à haut risque que cela implique ». La wilaya de Djelfa est classée quatrième au niveau national pour son fort taux de naissances. Plus loin, le syndicat tente de justifier les conditions de travail dans les hôpitaux relevant que «les conditions d'exercice particulièrement difficiles sont maintenant de notoriété publique et auxquelles tous se doivent de rendre hommage». Le 24 juillet dernier, une femme de 23 ans était morte, sans pouvoir accoucher, après avoir été ballottée entre les hôpitaux de Djelfa, Hassi Bahbah et Aïn-Ouessara, chacune de ces structures sanitaires la renvoyant vers l'une ou l'autre. Finalement, elle est morte dans la voiture de son mari. Par ailleurs, le SNPSSP déplore que «les faits entourant ce décès et qui ont donné à penser qu'il y avait négligence de la part des professionnels, des sages-femmes et une gynécologue aient fait l'objet d'une procédure pénale avec fait inédit et choquant pour tous les professionnels de la santé, la mise en détention préventive de ces derniers. (...) ». «Malgré la dure épreuve endurée, par cette dernière (sage-femme de l'hôpital de Djelfa) et ses collègues, nous restons confiants en un aboutissement de cette procédure conforme au droit et au sens de la justice». Enfin le syndicat a dénoncé «la surenchère à laquelle se livrent certaines parties en exploitant cette affaire à des fins qui leur sont propres». La veille, dimanche, le président de la section ordinale régionale des médecins de Blida, le Dr Yacine Turkmane a dénoncé la détention «incompréhensible» de la gynécologue de l'hôpital de Djelfa, le Dr Ouali, dans le cadre de la procédure judiciaire liée à cette affaire. «La détention du Dr Ouali en rapport avec le décès de la parturiente de Djelfa est incompréhensible», relève-t-il dans un communiqué. Le Dr Ouali «n'a à aucun moment pris en charge la parturiente et ne peut donc avoir une quelconque responsabilité dans le décès»... «Cette détention obéirait donc à un autre motif d'inculpation, que le corps médical ignore, et qui aurait fondé la décision d'emprisonnement du Dr Ouali», estime-t-il. En signe de protestation contre l'arrestation et la mise en détention provisoire de trois sages-femmes et d'une gynécologue, les sages-femmes de l'hôpital de Djelfa ont annoncé la semaine dernière leur démission collective. Elles protestaient également contre la campagne de dénigrement dont elles font l'objet depuis la mort de la parturiente et son bébé dans cet hôpital le 24 juillet dernier. Elles rejettent les accusations de négligence et dénoncent les arrestations «injustes» de trois sages-femmes, d'un chef de garde et d'un aide-soignant à la suite de cette affaire. En outre, le personnel médical de la wilaya de Djelfa avait organisé vendredi dernier un sit-in dans certains établissements de la région pour protester contre les sanctions infligées à certains intervenants directs dans cette affaire. Le ministère de la Santé avait, juste après l'annonce du drame, pris des mesures fermes, dont des sanctions lourdes contre les responsables.