La Caisse nationale des retraites traverse une situation financière difficile, avec de gros déficits, a affirmé, hier, à la radio nationale M. Slimane Melouka, directeur général de la CNR. « La Caisse de retraite traverse une période difficile à cause des départs massifs en retraite, dont les départs à un âge précoce, et d'un autre côté, par la baisse de l'emploi, et donc des cotisants », a-t-il indiqué. Pour pouvoir équilibrer sa trésorerie, « la Caisse doit avoir 5 cotisants pour un retraité », a-t-il dit, « mais actuellement nous en sommes à 2 travailleurs pour un retraité, soit 6 millions de cotisants pour 3 millions de retraités ». Selon le DG de la CNR, les déséquilibres financiers actuels de la CNR sont, notamment, la conséquence des départs massifs en retraite durant ces 3 dernières années. En 2015, il y a eu 150.000 départs, puis 180.000 en 2016, et jusqu'à 50.000 en 2017, a-t-il relevé, avant de souligner que la nouvelle loi sur la retraite, entrée en vigueur le 1er janvier dernier « a été faite, justement, pour ralentir le mouvement et diminuer les départs en retraite, dont celle proportionnelle ». C'est à partir du 1er janvier dernier qu'est entrée en vigueur la nouvelle loi sur les retraites, dont la suppression de la retraite proportionnelle, alors que celle anticipée doit bénéficier à certaines catégories de métiers pénibles. Selon le ministère du Travail, l'application de l'ordonnance 97-13, relative aux nouvelles modalités de départs en retraite (60 ans pour les hommes, 55 ans pour les femmes), a fait que sur 1,6 million de droits directs de retraite (retraités), plus de 50% sont des retraites précoces. Selon toujours le même ministère, « le système reste en place, les droits sont préservés, et aucun paramètre de calcul de la pension de retraite ne change, le taux plein c'est 80% d'un salaire des 5 meilleures années. » M. Melouka a rappelé, en outre, que les dépenses annuelles actuelles, au titre des pensions de retraite sont de 900 milliards de dinars, « en plus il y a une contribution de l'Etat de 140 milliards de DA, soit plus de 1.000 milliards de dinars annuellement ». « La contribution de l'Etat vient en appoint par rapport à certaines couches sociales pour réajuster leur pension, dont les petites pensions », a-t-il précisé. M. Melouka est revenu, par ailleurs, en arrière pour expliquer l'actuelle situation tendue de la trésorerie de la CNR. En 2012, les équilibres étaient très favorables, car il y avait des hausses de salaires très importantes, ce qui avait permis à la CNR de pouvoir rééquilibrer le système et prendre en charge les retraites de 2012 et 2013. Mais après, il y a eu beaucoup de partants, et c'est en 2014 que le déséquilibre s'était effectué ». « Pour pouvoir assurer les paiements des retraites des années 2015, 2016 et 2017, il y a eu des fonds en additif, soit une compensation de 900 milliards de DA, en plus d'un complément de 500 milliards de dinars pour compenser le déficit, octroyé par le gouvernement », a-t-il ajouté. Quant aux 3% de la fiscalité pétrolière, ils rapportent seulement 460 milliards de dinars, mais « ce fonds est laissé pour plus tard, on n'y touche pas », selon M. Melouka. Sur l'avenir du système de retraite, le DG de la CNR reste optimiste, et rassure que « l'Etat a toujours accordé une attention particulière à la retraite d'une manière générale. Il n'est pas question de ne pas prendre en charge les retraités et toutes les décisions appropriées seront prises ». Pour autant, le DG de la CNR estime que « nous devons travailler sur de nouvelles solutions, car beaucoup de pays ont dû revoir leur système de retraite », et une des solutions serait la « la création d'une branche pour la retraite complémentaire, une des solutions déjà envisagée ». Pour lui, cette solution « pourrait être mise en application pour apporter des solutions, et sa mise en place sera effective, dès que tous les aspects de la question auraient été envisagés ». Pour la réforme du système actuel de retraite, le DG de la CNR a indiqué qu' « il faudrait penser sérieusement, à cette question, pour pérenniser le système de retraite, notamment, par rapport aux cotisations, ainsi que le recouvrement des cotisations », et que « ce sont les équipes techniques qui sont chargées de cela ». Enfin, il a indiqué que les revalorisations annuelles des pensions ne seront pas touchées, avant de souligner que la dernière revalorisation de 2,5% a coûté 20 milliards de dinars à la Caisse.