Le pôle pénal spécialisé d'Oran s'est prononcé sur l'affaire des 81 kg de cocaïne, en prononçant 15 ans de réclusion contre les 16 inculpés qui étaient en détention, 20 ans par contumace contre 8 accusés en fuite et la relaxe des 7 qui étaient sous contrôle judiciaire. Un verdict qui a ulcéré les parents des condamnés qui ont laissé éclater leur colère contre le Tribunal et les agents de l'ordre : «C'est une hogra ! Les vrais coupables ont été acquittés à Béchar et on veut embastiller des innocents ! C'est une honte !», pouvait-on entendre parmi ceux qui avaient la force de parler pendant que d'autres étaient pris de malaise ou sanglotaient le visage dans les mains. Alors qu'ils étaient poussés hors de la salle d'audience par les agents de l'ordre, et qu'un dispositif de sécurité se mettait en place autour du Tribunal, des parents de détenus criaient que «ce sont des éléments de la marine nationale qui sont les véritables coupables nos enfants ont juste alerté sur la présence de paquets de drogue en mer il faut que la vérité soit dite ». Cela, certains avocats de la défense l'avaient déjà évoqué dans leurs plaidoiries, lors du procès qui s'est tenu le 27 septembre dernier : «Ce sont les trois services de sécurité (gendarmerie, marine et sécurité militaire) qui sont derrière cette machination qui tend à sacrifier de pauvres innocents», pendant que d'autres avaient dénoncé la torture que leurs clients aurait subie et «le refus du juge d'instruction d'autoriser un examen médical pour constater les sévices». Pour rappel, l'affaire des plus de 81 kg de cocaïne avait éclaté à l'hiver 2015 avec la découverte de 63 plaquettes près des îles Habibas, par des pêcheurs qui ont alerté les services de sécurité. Une enquête avait été ouverte et, entre autres, déterminé que les caractéristiques physiologiques du produit stupéfiant étaient similaires à celles de quantités de cocaïne saisies dans quelques wilayas du pays. Plus de 30 personnes, entre civils et marins, avaient alors été interpellées et inculpées pour trafic de cocaïne. Au cours de leur procès où ils étaient poursuivis pour détention, commercialisation, distribution de drogue suivant l'article 17 de la loi 04-18 portant prévention et répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes, les 23 accusés qui se sont succédé à la barre ont tous affirmé leur innocence, certains dénonçant des sévices dont ils auraient fait l'objet lors des interrogatoires dans les locaux des services de sécurité : «J'ai été humilié et avili alors que je n'ai rien à voir avec le trafic de drogue, encore moins de cocaïne», s'était insurgé l'un des inculpés en appelant le président d'audience à le réhabiliter. Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public avait requis 15 ans de réclusion contre tous les accusés, sans définir le degré de responsabilité de chaque accusé, et demandé la délivrance de mandats d'arrêt contre les fuyards. Les avocats, eux, ont plaidé la relaxe de leurs mandants en insistant sur l'absence de preuves matérielles justifiant la peine requise et en remettant en cause le dossier de l'accusation.