Trente et une personnes ont été jugées hier au pôle pénal spécialisé d'Oran, désormais établi au tribunal correctionnel de Cité Djamel, pour des faits de trafic de drogue dans le cadre de l'affaire des plus de 81 kilogrammes de cocaïne découverts près des îles Habibas en janvier 2015. Accusés de détention, commercialisation, distribution de drogue suivant l'article 17 de la loi 04-18 portant prévention et répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes, les accusés ont tous plaidé l'innocence, déplorant avoir été injustement incarcérés. Certains ont même dénoncé les sévices dont ils auraient fait l'objet lors des interrogatoires dans les locaux des services de sécurité : «J'ai été humilié et avili alors que je n'ai rien à voir avec le trafic de drogue, encore moins de cocaïne», s'est insurgé l'un des inculpés en appelant le président d'audience à le réhabiliter. Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public a requis 15 années de réclusion criminelle contre tous les accusés sans définir le degré de responsabilité de chacun. Contre les absents, il a réclamé la délivrance de mandats d'arrêt. Présomptions de torture De leur côté, les avocats ont plaidé la relaxe de leurs mandants en insistant sur l'absence de preuves matérielles justifiant la peine requise et en remettant en cause le dossier de l'accusation. Certains avocats s'en sont pris aux trois services de sécurité (gendarmerie, marine et sécurité militaire) qu'ils ont accusés «d'être derrière cette machination qui tend à sacrifier de pauvres innocents», d'autres ont dénoncé la torture que leurs clients aurait subie et «le refus du juge d'instruction d'autoriser un examen médical pour constater les sévices», alors que d'autres encore ont estimé que l'arrêt de renvoi «est une insulte à l'institution de la justice». Alors que nous écrivions ces lignes, les avocats continuaient de défiler à la barre pour défendre les intérêts de leurs clients, dont certains sont incarcérés depuis plus de deux années. Le verdict devrait être mis en délibéré pour les prochains jours. Rappelons que l'affaire des plus de 81 kilogrammes de cocaïne qui a défrayé la chronique à l'hiver 2015 a démarré avec la découverte de 63 plaquettes près des îles Habibas par des pêcheurs qui ont alerté les services de sécurité. Une enquête a été ouverte et a, entre autres, déterminé que les caractéristiques physiologiques du produit stupéfiant étaient similaires à celles de quantités de cocaïne saisies dans quelques wilayas du pays. Plus de 30 personnes, entre civils et marins, seront alors interpellées et inculpées pour trafic de cocaïne.