Le 10ème congrès international de chirurgie vasculaire qui s'est tenu les 28 et 29 octobre à Tlemcen, a été riche en enseignements et plein d'appréciations et de commentaires formulés par des spécialistes. Le Professeur Zekri, chef de service de médecine interne à Alger, a évoqué le drame des patients souffrant d'un pied diabétique. Il s'agit d'un véritable problème de santé publique dont la solution est loin dêtre trouvée puisque le taux d'amputation dans notre pays est effarant et en constante progression. Il est nécessaire d'aller vers la création de centres multidisciplinaires dont l'équipe composée de plusieurs spécialistes se concerteront et trouveront toutes les solutions aux problèmes complexes que pose le pied diabétique. Le Pr Zekri s'est insurgé, à juste titre, de ne pouvoir faire admettre ses patients dans un service de chirurgie vasculaire dont l'équipe a les compétences pour réparer les artères malades du diabétique, réparation nécessaire pour mieux irriguer ces pieds souvent mal vascularisés. Selon le Pr Mohamed Nadjib Bouayed, président de l'association de chirurgie vasculaire à Oran, c'est un immense dilemme, car selon lui, il est impossible avec seulement deux services de chirurgie vasculaire validés sur l'ensemble du territoire national, un à Alger et l'autre à Oran, de pouvoir espérer une prise en charge du nombre impressionnant de patients avec un pied diabétique. «Pour faciliter l'accès de ces patients à la chirurgie vasculaire, il faut tout d'abord augmenter le nombre de lits d'hospitalisation et le nombre de salles opératoires dans ces deux services déjà fonctionnels et rodés. Il faut ensuite créer d'autres services de chirurgie vasculaire dans d'autres villes, de vrais services avec tous les moyens modernes d'exercice de cette spécialité, car la chirurgie vasculaire a actuellement ses propres spécificités et elle ne peut en aucun cas être pratiquée avec les moyens des autres spécialités chirurgicales. Nous formons des chirurgiens vasculaires, mais le plus souvent, après l'obtention de leurs diplômes de spécialité, ces chirurgiens sont affectés dans des hôpitaux régionaux dénués de toutes structures conformes aux standards normatifs de la chirurgie vasculaire. Une aberration car ces chirurgiens se retrouvent souvent à ne rien faire, oubliant progressivement les acquis de leurs formations alors que, pendant ce temps, le taux d'amputation augmente. La séance sur l'hypertension artérielle a été intéressante à plus d'un titre. L'hypertension artérielle touche environ 11 millions d'Algériens, ce qui est énorme, avec comme conséquence, un coût insupportable pour les caisses de sécurité sociale. L'aggravation de l'hypertension artérielle est étroitement liée à la consommation de sel. L'Algérie est l'un des pays les plus consommateurs de sel au monde. Nous avons toujours pensé que le sodium contenu dans le sel était l'électrolyte à l'origine de l'élévation de la tension artérielle. Le Dr François Allaert a dit le contraire, soulignant que c'était plutôt le chlore qui était hypertensif. Sa communication basée sur des recherches de qualité, plaide pour la consommation d'un nouveau sel, qui a le même goût que le sel de table, mais dénué de chlore. Une avancée importante car diminuer l'incidence de l'hypertension ou l'incidence de son aggravation permettra, entre autres, d'abaisser le taux de complications parfois dramatiques en rapport avec cette hypertension artérielle». Un autre gros problème de santé publique a été évoqué lors de ce congrès, c'est celui de l'insuffisance rénale chronique et par voie de conséquence celui de l'hémodialyse. Un patient insuffisant rénal chronique est un patient qui vit mal, qui prend beaucoup de médicaments et qui est souvent attaché à un appareil d'hémodialyse selon les intervenants. «Beaucoup d'efforts ont été réalisés par les médecins et l'Etat pour diminuer l'incidence de cette maladie et pour en améliorer le traitement. Certes la prévention est fondamentale, mais celle-ci est difficile à réaliser pour éviter cette maladie. Quand celle-ci est installée, se pose le problème de l'hémodialyse. Cette dernière est étroitement liée à la réalisation chirurgicale d'une fistule artério-veineuse de qualité dont le bon fonctionnement permet la vie et la bonne qualité de vie des insuffisants rénaux. Cette chirurgie, contrairement à certaines idées, doit être réalisée dans les règles de l'art par des chirurgiens réellement formés à cette technique. Enfin, la solution thérapeutique idéale pour cette maladie est la greffe rénale. Elle permet au patient de se libérer de la machine d'hémodialyse et de retrouver le goût à la vie. Malheureusement le nombre de greffes rénales dans notre pays est encore largement insuffisant. Des solutions existent, elles ont été relevées et débattues lors de la séance dédiée à ce sujet. La prévalence des anévrismes aortiques ne cesse d'augmenter dans notre pays en raison de l'amélioration du dépistage. La complication fatale de ces anévrismes est la rupture. Le traitement de cette pathologie a été largement débattu lors de ce congrès. Le traitement chirurgical de ces anévrismes est parfois compliqué notamment lorsque l'anévrisme touche l'aorte thoracique. La chirurgie ouverte de l'anévrisme thoracique est suivie d'un fort taux de complications parfois mortelles dont la diminution ne peut se faire que par l'acquisition de gros moyens humains et matériels. Or il existe une technique mini-invasive, avec très peu de risque de mortalité, et qui consiste à introduire une endo-prothèse par une petite ouverture au niveau de l'aine. Cette technique que nous réalisions, dans notre service de l'EHU d'Oran, de manière routière et qui a permis à beaucoup de patients d'en bénéficier avec comme conséquence, aussi, une réduction des transferts à l'étranger, se fait actuellement difficilement car nous manquons de manière drastique de consommables indispensables à ce genre de techniques. Actuellement, un bon nombre de patients ne peuvent plus bénéficier de cette avancée technologique majeure», a ajouté Pr Bouayed. En conclusion, les spécialistes ont été unanimes à souligner que ce congrès de chirurgie vasculaire 2017, a été d'un grand intérêt. Il a permis une expertise de certaines graves pathologies, un échange d'expérience concernant leurs traitements et l'exposition de solutions qui peuvent améliorer leurs prises en charge dans notre pays.