Vétusté du parc roulant, application partielle et limitée de la loi, absence de formation des chauffeurs, inexistence de la notion du service public, désuétude des plans de transports urbains et des plans de circulation, multiplications des accidents de circulation ; le secteur du transport terrestre cumule les tares les unes après les autres. C'est le constat peu reluisant dressé par l'Union nationale des transporteurs algériens (Unta) et l'Organisation nationale des transporteurs algériens (Onta). « Nous souhaitons l'application de la loi par ceux qui sont censés l'appliquer », a réclamé hier Kharchi Lakhdar Nazim, vice-président de l'Onta, lors d'une conférence de presse organisée à Alger. Ces propos ont une valeur d'interpellation à peine voilée en direction du ministère des Transports, accusé de laxisme et d'inefficacité dans l'élaboration des textes d'application, de décrets et autres circulaires afin d'assainir le secteur. D'après M. Kharchi, cette situation, qui persiste depuis plusieurs années, est à l'origine de la pagaille caractérisant le secteur du transport terrestre. Plus dramatique encore, sur un parc de 60 000 bus empruntés par 10 millions d'usagers quotidiennement, les bus et autres autocars représentent 3% des accidents de la circulation en 2008, alors que les véhicules touristiques sont à l'origine de 66% des accidents routiers. Face à l'hécatombe routière, les deux syndicats reprochent au ministère des Transports de dormir sur ses lauriers. La raison ? Les plans de transports urbains et de circulation n'existent pas pour certains et sont rarement mis à jour pour d'autres, déplore M. Kharchi. Abondant dans le même sens, Rabah Abdouni, membre de l'UnTA, révèle que 90% des cahiers des charges ne sont pas appliqués dans toutes les wilayas du pays. S'agissant de la décision de Amar Tou d'ouvrir le secteur à l'investissement, les deux syndicats s'insurgent. « Devant l'absence d'une étude préalable concernant l'ouverture de nouvelles lignes, ça sera le désordre le plus total », prévient-il. Même son de cloche chez Mohand Aïder, président de l'Unta : « On n'est pas contre l'ouverture de nouvelles lignes. On s'élève contre l'injection sans études préalables de nouveaux véhicules sur les lignes déjà saturées. On combat la pléthore », observe-t-il. Et de souligner la nécessité d'associer les deux syndicats dans la préparation des cahiers des charges à titre d'exemple. Toutefois, les responsables de ces syndicats estiment que l'unilatéralisme prôné par le ministère de tutelle aura des répercussions fâcheuses sur les opérateurs. « Notre souhait est d'avoir un système de transport adéquat qui répond aux normes internationales de sécurité et de confort. On veut seulement qu'on soit consultés », plaide M. Aïder. Les deux syndicats, qui ont saisi le ministère de tutelle le 1er octobre, réclament l'application, dans le cadre des plans de transport, de la circulaire n°104/09/M/DDT du 10 février 2009 en collaboration exclusive et coordonnée avec l'Ansej, l'Andi et la Cnac, la publication des textes réglementaires en retard relatifs à la loi n°13/01 du 7 août 2001 portant définition de la notion du service public de transport et des mécanismes de l'indemnisation à la sujétion de ce service. Aussi, ils interpellent le département de Amar Tou afin d'encourager les transporteurs à renouveler le parc roulant à travers la reconduction de l'autorisation jusqu'au terme de 5 ans, période de mise en circulation du véhicule neuf, la détermination des horaires et de la fréquence du service en fonction du flux des usagers et la formation professionnelle des transporteurs.