Le Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA) maintient sa pression sur la tutelle et après son sit-in organisé le 27 novembre dernier au CHU Mustapha Bacha pour exprimer sa colère face au silence des ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur, il a annoncé une nouvelle grève cyclique de deux jours, aujourd'hui et demain. Dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, le syndicat appelle tous les médecins résidents du pays à boycotter toutes les tâches médicales et pédagogiques durant ces deux jours. Seules les urgences seront assurées, précise le document qui appelle les futurs médecins spécialistes des CHU du Centre à savoir Alger, Blida et Tizi-Ouzou à tenir un sit-in, demain, au CHU de Bab El Oued à Alger. Ainsi, la rencontre de mardi dernier entre les délégués des médecins résidents et le ministre de la Santé n'a pas eu d'effets escomptés. Mokhtar Hasbellaoui avait reçu les membres du bureau national du CAMRA venus de plusieurs wilayas, une rencontre qui n'a été qu'une «prise de contact», selon les délégués des médecins résidents qui ont exprimé, lors de ce rendez-vous, leur mécontentement quant à leurs conditions de travail, notamment dans les zones reculées du pays où ils sont affectés dans le cadre du service civil ainsi que leur exclusion des exemptions du service national sans d'autre justification que leur domaine de spécialisation. «Nous avons insisté sur le caractère anticonstitutionnel du service civil car la constitution garantit l'égalité des droits et des devoirs à tous les Algériens alors que seuls les médecins sont astreints au service civil», avait expliqué à un site d'information en ligne le Dr Taileb, membre de la délégation. Un argument auquel le ministre de la Santé aurait répondu par l'invocation de l'article 66 de la constitution qui garantit à tous les citoyens la protection de leur santé. Mais les médecins résidents « refusent que l'on retire leurs droits à certains pour garantir ceux des autres», selon le Dr Taileb. Le ministre a reconnu l'échec du système du service civil et a promis aux résidents la mise en place de mesures incitatives pour ceux qui seront affectés dans les hôpitaux des hauts-plateaux et du sud du pays, sans toucher au caractère obligatoire du service civil. Le ministre a toutefois indiqué que la décision finale revenait au Premier ministre et au gouvernement. Rappelons que la plateforme de revendications du CAMRA s'articule autour de la révision du service civil obligatoire pour tous les nouveaux médecins spécialistes, le traitement équitable de tous les universitaires en ce qui concerne le service national et l'amélioration de leurs conditions de travail dans le CHU ainsi que l'accès aux œuvres sociales des travailleurs de la santé publique. Ils plaident également pour la révision du statut du médecin résident pour l'adapter aux nouvelles mutations que connait leur secteur en Algérie et ailleurs. En cas d'échec des pourparlers, les médecins résidents menacent de recourir à une grève illimitée qui aura de graves conséquences sur le fonctionnement des CHU en Algérie. «Le passage à une grève illimitée reste une option envisageable, pour cela nous appelons l'ensemble de nos résidents à se tenir prêts à toutes les éventualités et à transmettre leurs opinions à leurs représentants respectifs», prévient le communiqué.