Le Comité autonome des médecins résidents algériens (Camra) a organisé, hier au CHU Mustapha-Pacha, un sit-in pour exprimer la colère de cette corporation face au silence des ministères de tutelle, en l'occurrence ceux de la Santé et de l'Enseignement supérieur qui, jusqu'ici, ont fermé toutes les voies de dialogue et ne semblent pas décidés à répondre à leurs revendications. Venus de plusieurs wilayas du Centre, dont Alger, Blida et Tizi Ouzou, ces médecins ont ainsi décidé de paralyser tous leurs services pour la seconde journée de protestation. Selon le Dr Mohamed Benmouma du Camra, ils exigent des pouvoirs publics de réviser le service civil dans sa forme actuelle et de penser à un modèle de regroupement familial en révisant le système des affectations dans les régions enclavées. Pour notre interlocuteur, "ces sit-in sont, certes, contre-productifs, mais on n'a pas d'autre choix devant le silence des autorités. Si elles persistent dans leur silence, nous irons vers un mouvement de grève généralisée et radicale". Du coup, le Camra a entériné la décision de poursuivre sa grève aujourd'hui. Même topo à Constantine où les médecins résidents, en grève depuis trois semaines, ont décidé de radicaliser leur mouvement en paralysant tous les services du CHU Ibn Badis. Ils étaient, en effet, 300 médecins à s'être rassemblés dans l'enceinte de l'établissement hospitalier, ce qui a créé une véritable anarchie. Le taux de suivi a atteint 100%, selon le président du comité des médecins résidents de la wilaya. Cependant, notre interlocuteur affirme que "le service minimum est assuré par les médecins résidents grévistes, uniquement au niveau des urgences". Il ajoutera qu'une audience sera accordée aux délégués des grévistes aujourd'hui par le ministre de la Santé, afin d'exposer leurs revendications. "Les résidents sont livrés à eux-mêmes au niveau de plusieurs services du CHU, soit par manque d'encadreurs, soit par manque de moyens", nous dit-on. C'est le cas du service de radiologie où le nombre de médecins résidents dépasse le nombre de patients, alors que les équipements du service en question sont toujours en panne. "Je suis en 4e année de résidanat et je ne sais toujours pas comment faire une mammographie", précise un résident. Un autre renchérit : "Vu l'anarchie qui règne dans nos structures de santé, la médiocrité à laquelle est rabaissé notre système de santé et l'indifférence de la tutelle envers les médecins résidents, nous sommes décidés à nous mobiliser, chaque jour davantage, pour avoir gain de cause." F. BELGACEM/S. Betina