Alors que les billets d'Air Algérie sont parmi les plus chers au monde, le ministre des Transports et des Travaux publics, Abdelghani Zaalane, a affirmé, jeudi dernier, que la hausse des tarifs de la compagnie nationale aérienne n'est pas à écarter. En marge d'une visite d'inspection à Alger, le ministre a reconnu les difficultés financières du pavillon algérien tout en écartant l'idée d'une quelconque faillite. Air Algérie «n'est pas en situation de faillite», indiquera-t-il. Ainsi, la compagnie aérienne a décidé d'opter pour la solution de facilité en augmentant ses tarifs au lieu de se projeter dans un plan de restructuration de la boîte et une gestion plus rationnelle des ressources humaines. Une décision qui ne réjouira pas les Algériens d'autant plus que la majorité des clients d'Air Algérie dénonce les prix prohibitifs de la compagnie. Les premiers à en pâtir sont la diaspora algérienne installée particulièrement en France et au Québec. L'été dernier, le communiqué de l'association DARE «Diaspora des Algériens résidant à l'étranger» avait fait part du mécontentement de la communauté algérienne en France sur la promesse non tenue du président de la République concernant la baisse des prix des billets d'avion. L'association rappelle qu'elle «n'a eu de cesse, depuis trois ans, d'alerter les autorités algériennes ainsi que l'ancien PDG d'Air Algérie sur la hausse continuelle des prix des billets d'avion qui en fait le vol le plus cher au monde au km aérien», sans résultats. La même source avertit la compagnie des conséquences de ses tarifs qui «risquent de se retourner contre elle». Une campagne de boycott d'Air Algérie avait même été initiée par un groupe d'Algériens vivant en France pour dénoncer des «arnaques» et fustigeant des prix qui handicaperaient les familles modestes. «Les prix des billets d'Air Algérie sont synonymes de racket. La compagnie ne cesse d'augmenter ses prix jusqu'à devenir les plus chers au monde !» Sans aller jusqu'à désavouer le P-dg du pavillon national, Bakhouche Alleche, la sortie médiatique de Zaalane mesure le contenu de la lettre du 19 novembre dernier, adressée aux employés d'Air Algérie par son premier responsable. Ce dernier avait clairement signifié, à propos de la situation financière de la compagnie publique, qu'elle est l'une des plus difficiles qu'elle traverse de son histoire en raison d'une gestion catastrophique. Situation des plus «délicates», «des résultats opérationnels négatifs», «des coûts en constante augmentation», «une concurrence, directe et indirecte», «un sureffectif dans les fonctions non productives» et «des sujétions de service public onéreuses et un lourd endettement» ont conduit, selon Alleche, «à l'affaiblissement de la compétitivité et de la profitabilité globale de la compagnie». En soulignant que «sans investissements, la compagnie ne pourra soutenir longtemps la concurrence des mégas compagnies qui opèrent sur le marché national», il avait ouvert la porte de l'augmentation des tarifs, seule source d'argent frais à injecter pour soulager la trésorerie d'Air Algérie. Pourtant, on avait fait de la restructuration de la compagnie l'un des chevaux de bataille du gouvernement mais force est de croire que tout le travail fait en amont a été une pure perte de temps puisque, revenant sur ce sujet, le ministre des Transports a précisé que le plan de son développement est encore en cours d'élaboration, expliquant qu'une nouvelle équipe, en charge de ce dossier, a été installée depuis environ six mois. Par ailleurs, le Syndicat national des techniciens de la maintenance avion (Sntma), et dans un communiqué daté du 21 novembre dernier, avait souligné une série de mesures jugées erronées prises par la direction d'Air Algérie à l'image du retrait des trois B767-300 du service ou encore le volet des avions-cargos et de l'acquisition de nouveaux avions.