Ainsi, c'est pour compenser la hausse du prix du kérosène qu'Air Algérie a décidé de procéder à une énième augmentation des prix de billets d'avion, la sixième en 15 mois. Une augmentation venue à quelques jours d'intervalle de l'annonce par Air France de la baisse de ses tarifs à partir du 15 septembre prochain jusqu'au 15 juin 2006. Loin de la comparer au pavillon français, Air Algérie évolue pourtant dans la même conjoncture pétrolière. Le plus intrigant dans l'histoire, c'est la condition exigée par la compagnie nationale pour baisser ses tarifs : « Le retour à un niveau raisonnable du prix du kérosène », autrement-dit la baisse du prix du pétrole qui frôlent actuellement, au grand bonheur de l'Algérie, les 70 dollars le baril. La condition paraît, à première vue, logique pour un transporteur aérien pour qui le prix du kérosène représente 20% des coûts d'exploitation. Mais dans le cas précis d'Air Algérie, il faut dire que cette logique ne tient pas la route. Démonstration. Compagnie publique en position de monopole, Air Algérie, actuellement en pleine phase de restructuration, ne doit sa survie qu'à la générosité du Trésor public. Ce ne sont tout de même pas les quelques dessertes à l'étranger qui font vivre le pavillon national. De l'avis d'experts, les augmentations successives des prix, pratiquées par Air Algérie elle-même conjuguées à la restriction des voyages désormais soumis à plus de conditionnalités font que le marché algérien du transport aérien n'est pas aussi important qu'on pourrait le penser. Air Algérie attend de voir le prix du pétrole repasser au-dessous de 45 dollars pour songer à baisser ses tarifs. La baisse des prix du pétrole profiterait ainsi à Air Algérie. Si l'on suit cette logique, purement commerciale, le prix de baril à 10 dollars profiterait donc davantage à Air Algérie et on peut même s'attendre, à ce moment-là, à des prix défiant toute concurrence. Mais il est clair qu'à 10 dollars, c'est tout le pays et sa compagnie aérienne qui voleront en éclats. Lors d'une rencontre avec la presse, le ministre des Transports Mohamed Meghlaoui, tout en reconnaissant, à demi-mots, le caractère abusif des augmentations des prix, avait déclaré qu'Air Algérie doit surtout « améliorer sa gestion pour baisser ses coûts ». Une gestion que même le président de la République a décriée. L'on se demande, pour le cas du transport aérien, pourquoi tolère-t-on une situation de monopole dont l'une des tares est justement la mauvaise gestion. Des demandes d'agrément pour la création de compagnies privées somnolent dans les tiroirs du ministère de tutelle. La concurrence n'est-elle pas l'un des moyens les plus efficaces en vue d'améliorer la gestion d'Air Algérie ?