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Les harkis : entre statut de filleul et mépris des aïeuls !
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 14 - 12 - 2017

Seul le temps aide à cicatriser les plaies du passé. Il dispose de cette providence de très longtemps les conserver sous pli fermé. Cependant, de temps à autre, c'est une trituration distraite de l'histoire ou de l'esprit qui les rouvre à nouveau. Et à la foulée, elles s'invitent à distance dans ces discussions byzantines, bien souvent sans probable fin !
Elles sont ainsi remises au goût du jour, avec en plus l'impact du recul dans le temps qui les propulsent à la Une et leur indique une toute autre signification, sinon une toute nouvelle orientation que sous-tendent de résurgentes revendications.
Toutes les guerres sont sales par définition. Leur lot de misères jalonne l'histoire, et nous fait parfois revenir à leur point de départ. On les refait donc dans notre mémoire, de la manière qui nous semble être la mieux appropriée. Et seuls les blessés à vie comptent à présent parmi ses nombreuses victimes. Dès lors que les morts auront été pour la plupart à jamais oubliés.
Leurs bourreaux sont, quant à eux, comme de tradition vilipendés, jetés à la vindicte populaire, sans ménagement ni respect pour les morts cloués au pilori, dénigrés de manière vilaine et très violente, grillés à jamais pour ceux encore restés en vie !
Mais que dire encore d'un acteur d'une guerre qui traine derrière à lui, à la fois, ce boulet du misérable individu au « statut double », l'un fort méprisé du bourreau, conjugué à celui de la pauvre victime ? Comment la société d'origine comme celle d'accueil arriveront-elles à se comporter à son égard ? Le considèrent-elles comme une victime collatérale ? Ou plutôt comme ce vrai bourreau qui a depuis changé de camp ?
En changeant casaque, il s'est de facto ou de droit approprié le surnom de harki. Il est donc, une fois la guerre terminée et les armes tues et définitivement rangées, devenu par excellence cet indésirable d'ici et d'ailleurs ! Il n'inspire plus confiance. Ni à ses anciens confrères ou frères de sang et de lait qu'il a déjà trahis. Ni à ses nouveaux partenaires d'un combat désormais achevé qui le fuient, une fois la hache de guerre déposée !
Il est au milieu du gué de l'histoire, ne sachant quelle rive de la Méditerranée en fin de parcours gagner ! Sur celle située à l'opposé de son village natal, il est ce filleul qui doit rester bien seul au sein de cette société occidentale qui n'a plus le mental à le considérer comme un véritable allié. Sur la terre de ses aïeuls, l'heure était à au plus vite s'en débarrasser, quelle qu'en soit la manière d'y parvenir. Car le crédit à de nouveau lui accorder aura été en totalité déjà consommé !
Par la force des choses, il ne symbolise plus pour ses nouveaux parrains que ce « butin de guerre » si gênant et vraiment très compromettant. Et plus personne n'en veut ! Maintenant comme autrefois ou jadis ! Il trimbale ce maudit statut d'un dangereux soldat qui est capable d'envoyer sa balle dans le camp de ceux à qui il doit tout dans la vie : à commencer par ce lait maternel qu'il aura longtemps ingurgité lorsqu'il n'était qu'un tout frêle et gracile bébé.
Fouiller dans sa mémoire représente pour lui cet exercice si difficile qu'il veut à tout prix éviter. Et comme la nature a horreur du vide, il ne peut s'en empêcher dans ses rêves qui lui causent tant d'insomnies, tous ces grands regrets.
Farfouiller dans les fourrés des plis de l'histoire de la révolution algérienne inquiète très sérieusement les harkis, ces supplétifs de l'armée française du siècle dernier. Au point de tout regretter dans leur vie ! De tout abandonner dans leur quotidien ! Ils se considèrent être « ce dindon de la farce » d'une guerre dont ils n'auront tiré aucun profit !
Ils doivent tous se « mordre les doigts ou la langue » d'avoir délibérément fait ce choix, au départ peut-être vraiment inconscient, qui les a au final conduits vers cette « impasse de l'Histoire » où ils doivent tout endosser, sans la moindre possibilité de pouvoir encore se défendre ou même se dédouaner vis-à-vis de leurs pairs et ancienne patrie.
Ils resteront ces éternels inculpés de l'histoire tout le temps privés de défense, et surtout condamnés bien avant même d'être jugés ! Ils vivront toujours dans la peau de ces reclus sans procès, de ces ignorés de l'humanité, de ces ratés de la société, de ces individus incapables de payer leur dû envers un peuple qu'ils auront trainé dans la boue !
A présent, presque tous octogénaires, ils n'ont plus la tête à se remémorer cet itinéraire si particulier et très escarpé qui les avait malencontreusement conduits à faire ce « chemin de l'exil » somme toute très dangereux, qui a pour finalité de les « extirper de leur milieu social naturel » sans jamais, en contrepartie, leur offrir de « patrie de substitution », en guise de réconfort des efforts consentis au profit du colon d'hier.
Ils sont cette page de l'histoire dont l'Algérie lui tourne le dos et que la France ignore. Ils représentent ce secret suspect dont personne ne lui tend l'oreille ! Ce ballon encombrant que chacun le propulse plus loin chez l'adversaire du coin. Celui de l'autre rive de la Méditerranée.
Ils sont ces « égarés d'une guerre » qui n'émargeront plus jamais aux pages de gloire de l'histoire de la révolution qu'elle enfantée, à laquelle ils ont pourtant pris part. Résignés à vivre en vase clos, ils scrutent ces horizons bouchés qui ne leur répercutent que le reflet de la « bêtise de la traitrise » !
Que l'absence de considération du subconscient de la mémoire collective ! Que l'impact de ces « balles assassines » qui conduisent à la « soumission déclarée » ou au « parricide programmé » à l'égard d'une patrie qui leur a pourtant tout donné !
Ils sont tout le temps hantés par les flammèches des rayons de soleil qui leur fait par inadvertance découvrir la plutôt sombre ombre de la physionomie de leur propre silhouette ! Ils se font intérieurement tant de reproches envers l'histoire qu'ils suspectent tout ce qui meuble leur environnement immédiat et tout ce qui fait partie intégrante de leur quotidien !
Ils sont ce « très lourd fardeau de l'histoire » dont personne ne veut le porter ! Ce cliché du passé qu'on refuse de dénuder ! Qu'on évite de ressasser ! Ce dossier noir que tout le monde nie ou ne manifeste aucun intérêt à encore le consulter, de le rouvrir à nouveau ou de même définitivement le classer, faute d'une issue concertée de très diplomatiquement l'archiver !
Ils n'auront droit ni au silence très pesant qui ensevelit de son voile si épais les oubliés de l'univers, ni même droit au respect et les égards qui l'accompagnent que l'on doit à nos morts, ceux depuis longtemps enterrés dans les jardins de l'Eden et ses majestueux près !
Entre ce misérable statut d'un véritable filleul véhiculé sur cette rive-ci et celui du mépris ouvertement affiché à leur égard par leurs aïeuls, sur ce rivage-là, ils ne rêvent ou aspirent qu'à disposer de ce linceul fait de ce blanc immaculé qui les absout après leur départ pour l'au-delà de leurs méfaits et péchés commis à l'endroit du peuple algérien.
L'individu encombrant que symbolise ce soldat ayant tourné casaque est-il seulement devenu ce vieux guerrier dont ne veut même plus son port d'échouage, en sus de son nouvel environnement jugé comme très hostile à sa présence sur le sol français ?
Le très symbolique et non moins énigmatique Bachagha Boualem, qui a dû de nouveau « racheter sa nationalité française », pour lui-même ainsi que pour la centaine des membres de sa propre famille qui l'accompagnait dans son exil, une fois rapatrié sur les berges de l'autre continent, à la fin de la guerre d'Algérie, en donne d'ailleurs toute la signification du statut dégradant réservé aux harkis, après ce « devoir accompli » au profit de la colonie française de l'Algérie.
Et toutes les médailles de mérite ou galons de guerre du monde réunis ne sauraient atténuer la souffrance des harkis, ni même un tant soit peu satisfaire à leur quête de retrouver leur dignité, sinon de trouver juste de la considération auprès de ceux dont ils ont pourtant défendu leur cause et hégémonie au péril de leur vie et contre ceux qui furent autrefois les leurs !
Cherchent-ils, après tout, à coûte que coûte devenir ce « véritable outil d'une surenchère politique » aux mains des français et aux contours encore indécis dont ils ne sont guère déjà assurés qu'ils en seront les premiers à en profiter ?
Le temps ayant depuis fait ses effets, mais aussi beaucoup de chemin, les générations de gouvernants français se succédant l'une après l'autre, ils réalisent, enfin, qu'ils représentent, de nos jours, cette « carte à jouer » dont dispose à présent la France officielle pour contrecarrer toute tentative de repentance liée à sa responsabilité au regard des crimes de guerre commis contre le peuple algérien.
Aussi, la France cosmopolite peine sinon refuse d'assumer son histoire pour vraiment bien saisir à la volée le reflet que lui répercute le « miroir de son passé colonial ». Elle refuse donc manifestement à considérer sur un pied d'égalité et au même titre que ses enfants de souche- ces vieux soldats ainsi que les membres de leurs petites familles, autrefois rapatriés en métropole à l'indépendance de l'Algérie.
Dans l'esprit « diplomatique et relationnel » de la France avec l'Algérie, la question des harkis intègre désormais le « volet mémoriel » de leur histoire commune, comme simple pirouette servant à son Président Emmanuel Macron de trouver l'échappatoire qu'il faut en vue de se dérober devant l'Histoire, quant à ses sulfureuses mais néanmoins très courageuses déclarations au sujet des crimes de guerre autrefois commis sur le sol algérien par l'armée de la France coloniale.
Cela reste tout de même une façon comme une autre de faire de manière plutôt hypocrite diversion sur une question de fond, à au plus vite évacuer, à l'effet de regarder ensemble dans la même direction et de projeter en commun un partenariat durable basé sur le respect mutuel des peuples, grâce à la bonne considération de ces référents de l'Histoire, seuls garants de leur succès futur.
Comme un cheveu dans la soupe, la question des harkis revient de nouveau au-devant de la « scène politique commune » pour davantage envenimer les relations algéro-françaises. Après l'histoire du retour et des biens des pieds-noirs en Algérie, voilà qu'on en fait ce grain de sable qui compromet très sérieusement l'esquisse choisie pour dénouer l'écheveau du statu quo.
Bâtir l'avenir des relations futures entre les deux pays concernés sur des considérations liées à cette génération en voie de disparition, que le temps a déjà classées dans les archives désuètes du passé désormais largement dépassé, n'augure guère d'un schéma de pensée politique qui s'inscrit dans la durée.
Il ne nous fait que de nouveau revisiter l'histoire. Que revenir à ses vieux démons !


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