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«Harkis* de la France» et «Harkis du système»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 02 - 12 - 2010

Un bref survol des titres de la presse algérienne de cette dernière décade du mois de novembre 2010, traitant tous du contenu du nouvel ouvrage édité par Georges W Bush, l'ex-président américain, fait état de «la vente» du défunt Saddam Hussein aux Américains par le président égyptien Hosni Moubarak.
Déduction faite : il serait le vrai «Harki des américains» ! Une bien nouvelle fonction, jusque-là inconnue au plan international de haut rang ou presque !
Elle se situe bel et bien un cran au dessus de ces Harkis qui font le titre de notre exposé.
Et pour mieux cerner et circonscrire le sens et la portée des uns et des autres dans cette trahison, devenue un vrai métier pour ces faibles voulant toujours vivre au crochet ou dans la périphérie de la cour des grands du moment, contentons-nous pour le moment de faire tout juste la relation entre ces «Harkis» qui intéressent d'abord et avant tout l'Algérie, notre très beau et cher pays.
A vouloir trop longtemps s'étaler sur le sujet au-delà des frontières du pays, l'on risquerait de s'égarer dans les dédales de ce labyrinthe profond de la traitrise dont l'Egypte comme l'Algérie détiennent toutes les deux, chacune à sa manière et au prorata de son adhésion au phénomène suscité ou considéré, une grosse part de vérité de son expansion et propension. A un moment donné, le rapporteur d'occasion trouvait ce malin plaisir à tenter de changer de statut grâce à ses «tuyaux» qui mettaient en péril l'ensemble de la communauté.
Et là où l'espionnage ou l'investigation buttaient sur ce refus indigène de communiquer ou de collaborer, ces «collabos» d'un autre genre les suppléaient. Ils le remplaçaient au pied levé, léguant à l'ennemi d'autrefois le pays et ses nombreuses richesses, le peuple algérien et ses braves «fellagas» tapis dans l'ombre de ces rochers et touffues forets, juste par manque de foi dans la réussite du combat de leurs frères de langue, de lait et de religion.
C'est dans ces conditions atroces qu'est apparu ce «concept» qui même aujourd'hui fait très mal encore –rien qu'à l'évoquer- à toute une génération bien née, avec tout ce qu'il charrie comme haute trahison envers sa nation d'origine et impossible intégration avec celle d'allégeance contractée contre son propre pays dans sa défense d'une si noble cause à laquelle pourtant ont participé de nombreux peuples étrangers.
Les mots que nous utilisons peuvent ne pas être si forts pour bien caricaturier l'époque ou le temps et surtout véhiculer ce sens donné à l'expression aujourd'hui usitée avec plus ou moins une certaine appréhension, tenant compte des susceptibilités qu'elle engendre et des débordement qu'elle suscite. En d'autres termes, le Harki de la France avait contre toute logique et parfois raison des choses choisi son camp : la France. Et c'est d'ailleurs avec les derniers contingents de ses soldats qu'il est parti vers cette même France à la veille de l'indépendance de l'Algérie.
Ainsi donc avec la fin de la guerre prit fin l'histoire des Harkis, du moins officiellement ! Transposant personnes, familles, vœux et espoirs de toute une tranche de population –à l'origine indigène- qui devait choisir la France comme nouvelle patrie ou territoire d'habitation et surtout de demeure éternelle au regard du statut acquis par cet individu ou soldat ayant volontairement choisi de changer de camp et de veste durant la révolution.
Là, tous les historiens comme le monde d'aujourd'hui en sont au demeurant bien situés sur la question au point où personne n'en parle depuis 1962. Pas même ces Harkis d'autrefois ou de toujours, souvent emportés par leur rêve impossible de visiter de nouveau l'Algérie !
La France qui les avait pris jadis pour «collabos» d'autrefois les considère à présent tout bonnement comme ces quelconques «bougnoules» dont elle dispose sur son territoire à profusion à côté de toutes ces vagues migratoires qui lui rendent visite depuis la nuit des temps.
Mais depuis, une aitre forme de Harkis est apparue en Algérie. Elle sort tout droit des arcanes du système politique du pays. Ces derniers Harkis étaient autrefois des «apparatchiks» très puissants et capables à tout faire et de tout décider, pour faire la pluie et le beau temps, faire l'évènement et défaire les carrières des gens les plus médiatisés jusqu'à ce que leur tour à eux soit enfin arrivé.
Ils sont aujourd'hui en bordure de route faisant de l'auto-stop à ceux qu'ils avaient un moment donné engagés comme vrais subordonnés ou simples chauffeurs dans leur métier au contact de cette vraie hiérarchie. Par dépit ou par acquit de conscience tardif et difficilement digéré, ils se surprennent à présent d'être comportés comme des «dupes» d'un système qui les a carrément écartés ou tout simplement dupés.
Alors, de guerre lasse, ils lâchent du leste et se laissent aller à ces considérations de la vie où ils se considèrent eux-mêmes comme les vrais Harkis du système. Et c'est eux qui le disent haut et fort, de manière crue et à haute voix et, dans les journaux les plus lus et les plus aptes à fidèlement rapporter leurs propos. Ils apportent à ce qualificatif longtemps tu cette élasticité à contenir un nouveau monde qui faisait hier l'actualité, aujourd'hui déchu de son pouvoir et nombreux avoirs.
Ils sont pour ainsi dire ces tout nouveaux Harkis ! Ceux du système. Et Sid Ahmed Ghozali, l'ex PDG de SONATRACH, ambassadeur, ministre et tout puissant chef du gouvernement en est témoin. Oh ! pardon l'érudit auteur de l'expression considérée. Le monde d'aujourd'hui et celui de demain lui reconnait le droit d'auteur de ce nouveau concept qui jette un pavé dans la mare ! Cela suscite tout de même un commentaire.
Faisons donc le comparatif ou l'analogie avec clan des Harkis. Essayons donc d'expliquer ce que sont les «Harkis de la France» et ce que signifient les «Harkis du système».
Les premiers sont donc connus pour avoir depuis longtemps tourné casaque. Les seconds l'ont donc été tout dernièrement, en changeant bien évidemment de veste. Ceux-ci renient totalement et frontalement leurs origines au moment où ceux-là critiquent ouvertement le pouvoir après avoir longtemps fait partie de ses vieux meubles et puissantes arcanes.
Et si les Harkis de la France sont considérés comme ceux ayant vendu leur patrie et dignité à l'ennemi d'hier et à leur allié d'aujourd'hui, les Harkis du système, eux, se croient avoir trahi les leurs et le pays en sous-traitant leurs bras et esprits à leurs adversaires d'aujourd'hui, amis intimes d'hier et d'avant-veille de la révolution. Tous les deux boudent ou tout simplement regrettent quelque chose : ceux de la France, indéniablement leur vraie patrie, ceux du système la cour de leur vraie famille et giron tribal ou hameau de naissance.
Et si les premiers sont le plus logiquement du monde au regard de l'histoire interdits de séjour en Algérie, les seconds le sont volontairement ou par dépit pour leur village natal. Par conséquent tous les deux craignent un quelconque danger : il s'agit d'un horrible méfait pour les uns bien loin du pays, et d'une totale et durable ignorance des doléances pour ces autres à propos de leur propre tribu et grande famille.
Harkis de la France et Harkis du système sont donc tout naturellement logés à la même enseigne. Tous les deux ont trahi, chacun à sa façon, qui tout un peuple qui sa véritable patrie ! Ils sont quelque part tous indésirables. Surtout en Algérie. Là où ils sont pourtant nés !
Et c'est Là où ils comptent le plus grand nombre de leurs familles et amis qu'ils sont paradoxalement le plus honnis, bannis, vomis ! Et même ailleurs, ils ne mènent pas, de nos jours, cette belle vie tant espérée ou longtemps recherchée ! Si dans l'ordre logique des choses, le Harki de la France est la résultante ou «le produit naturel du fait colonial» au regard de son statut d'autrefois librement choisi ou astucieusement imposé au sujet indigène qu'il fut, celui du système aura, par contre, été un «pur produit de ce même système», aujourd'hui tout simplement mis sur la touche ou à l'écart des affaires du pays. Du pouvoir encore en place, je veux dire. Monsieur Sid Ahmed Ghozali à qui revient le mérite de la découverte du concept du «Harki du système» détient par conséquent les droits d'auteur de cette nouvelle appellation. Et puisque l'origine historique du terme est déjà connue, l'auteur n'en dit pas plus sur l'expression malheureusement.
Gardons-nous donc de faire ce parallèle à distance pour mieux cerner la comparaison entre ceux affiliés à la France et ceux générés par le système Algérien, sans trop déranger l‘ordre des choses. Avouons tout de même que sur ce plan-là, il nous a laissés sur notre faim… ! Ainsi donc, les Harkis de la France sont des citoyens Français issus de l'Algérie, leur pays de naissance, qu'ils aimeraient tous venir le visiter un jour, pour fouler de nouveau leur pays de naissance et d'enfance.
A l'inverse de tout cela, les Harkis du système, n'entretenant plus la moindre relation avec les hommes au pouvoir du moment, sont tout naturellement démis de leurs fonctions par leurs pairs d'hier. Eux aussi ne lorgnent plus des yeux du côté des gens encore au pouvoir pour cause de simple rancœur contre ceux-là mêmes qu'ils considéraient hier comme de vrais enfants de cœur !
Harkis de la France et du système n'aiment pas le système politique Algérien : les uns pour avoir fait leur choix et pris le parti de la France coloniale comme modèle, et les autres juste pour avoir été évincés ou virés de leurs hautes fonctions étatiques par ce même système qui les propulsait autrefois au somment de la sphère du pouvoir économique et politique.
De France ou du système, les Harkis sont toujours restés dans la peau des vrais Harkis connus au travers de la nature de leur trahison. Mais comment reconnaitre donc ces Harkis du système ? La réponse est toute simple à donner : ce sont plutôt eux-mêmes qui le disent, fiers probablement de nous le déclarer, une fois descendus de leurs grands chevaux. Une fois ayant quitté à jamais et à contrecœur le navire à long cours du pouvoir et ses nombreux avoirs ! Une fois éjectés du haut de leur perchoir pour tomber à pic aux fins fonds de ces abysses des mers et des océans, en véritables proies à ces gros poissons affamés voulant faire du vide autour de soi ! Ce sont eux-mêmes qui divulguent cela en public, le moment venu. Bien souvent après qu'ils soient complètement largués ou lâchés par ce même système, et jamais avant !
En conclusion de ce qui précède, retenons tout de même que tout Harki porte sur sa conscience un lourd fardeau dont le poids équivaut à la gravité de l'acte odieux commis contre la communauté et contre tout le peuple Algérien. Sur ce strict plan de la morale, le Harki du système n'en sera jamais moins condamnable que celui de la France, puisque à la base, il y a déjà cette intention d'aller vers la trahison.
Tout naturellement donc, ceux qui ont opté ou choisi la France et sa légendaire puissance et fait cette sale guerre à l'Algérie et contre leur peuple et famille, éprouvent ce besoin pressant du repentir ou du regret d'avoir, à un moment de leur vie, maladroitement agi ainsi. Ceux du système, par contre ne regretteront jamais d'avoir longtemps fait partie de ce même système qu'ils vouent aujourd'hui aux gémonies de l'enfer. Dans leur for intérieur, ils auraient tous aimé continuer à encore en faire partie. À l'inverse des Harkis de la France qui eux se sont retrouvés exclus de la France et de l'Algérie.
La nuance est donc de taille : et si les premiers cités avaient donc pris part à cette horrible guerre contre les leurs, ces tout derniers Harkis des années deux mille n'ont plus les moyens de la faire contre leurs pairs, leurs supérieurs d'hier et compères ou comparses d'aujourd'hui. Ils se limitent tout juste à dénoncer un système dont ils ont été les vrais artisans de sa charpente et stratégie à long terme. Les premiers sont condamnés par la mémoire collective de l'histoire, tandis que les seconds se condamnent eux-mêmes et par eux-mêmes, tout simplement !
Ils se plaisent à nous montrer ses nombreuses carences comme s'ils n'avaient auparavant jamais fait partie ou allégeance avec les hommes forts de ce même système contre ce pauvre peuple qu'ils veulent à tout prix duper, berner, titiller ou taquiner. Alors comment les croire maintenant qu'ils ont complètement changé de raisonnement, de voie à suivre et de statut et de démarche à adopter ? Comment donc arriver à vraiment croire en ces gens qui ne cessaient pas plus tard qu'hier de ne jamais conforter ce même pouvoir dans son éternel et absolu pouvoir ?
Comment donc ne pas les refuser à présent ? Les récuser ? Les repousser… les dénigrer à leur tour ?
Le peuple Algérien n'est pas dupe ni ignorant. Il saura reconnaitre les siens dans les moments les plus difficiles. Et si les Harkis du système avaient été de son côté, celui-ci ne l'aurait jamais fui pour les pousser à épouser dès le début de leur retraite l'étoffe d'un vrai Harki, Algérien de conception et de condition ! Il ne les aurait pas considérés comme de vrais Harkis, selon cette terminologie dont ils s'identifient eux-mêmes à présent !
Dans cette comparaison à distance ; tout comme la France prend ce malin plaisir de marginaliser ses propres Harkis, l'Algérie le fait avec les siens ! Dans ce cas-là, il vaut mieux mourir debout, les armes à la main pour éviter après l'humiliation comme châtiment réservée au Harki, d'ici ou d'ailleurs.
On aura au moins évité de terminer un jour notre vie comme Harki du système malgré nous, après avoir longtemps combattu pour l'indépendance, la liberté ou le développement économique de l'Algérie. Les autres Harkis, ceux de la France bien entendu, sont eux depuis longtemps connus comme les vrais ennemis de l'Algérie. Grace à cette négative attitude vis-à-vis du pays et de leur belle patrie, ils avaient hypothéqué leur vie et largement compromis celle de leur progéniture, obligée après de tenir le même raisonnement que leurs aïeux. Ceux du système ont voulu tout simplement habiller un peuple riche de pauvreté, au prorata de leur misère culturelle et esprit tordu. Une fois redescendus de leur piédestal, ils veulent fouler ce sol commun à tous les Algériens en tentant de se dédouaner d'avoir longtemps pris en otage ce vaillant peuple qui ne les écoutera plus jamais !
L'aveu de reconnaissance ne vaut parfois que le degré d'impuissance de son auteur à continuer le même combat qu'autrefois sous un autre angle. Et quelque soit la nature de ces vérités déballées après à coup, il ne dédouane pas non plus son auteur aux yeux de l'opinion publique.
En résumé : le Harki Américain –qu'il soit d'Egypte ou d'un autre pays- a tout juste servi à faire éclater un pays Arabe en mille et un morceaux, et faire partir un pays comme l'Irak en ruine. Dans le cas des deux autres Harkis, c'est plutôt l'Algérie qui est sérieusement menacée. Puisqu'elle se trouve face à un réel danger de disparition ou d'extinction de toute une nation.
(*) Supplétif de la France du temps de la guerre d'Algérie.


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