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FEMMES COURAGE, FEMMES D'AMOUR
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 14 - 12 - 2017


Livres
Boulevard de l'abîme. Roman de Nourredine Saadi. Editions Barzakh, Alger 2017. 700 dinars, 213 pages
Une belle femme d'origine algérienne - musulmane- est retrouvée morte en son domicile parisien. Une «bourgeoise» (quartier chic de Paris) ne manquant (en apparence) de rien ! Meurtre ? Suicide ? Mort naturelle ? Un inspecteur est chargé de l'enquête... Suicide certainement (dépression... alcool... barbituriques), mais les supérieurs hiérachiques demandent instamment à ce que la thèse du suicide soit écartée et celle de la mort accidentelle (Avc et chute par exemple) faviorisée. Pourquoi ? Il ne le savait pas : c'est la fille d'un ancien bachagha constantinois («tant aimé et tant haï» et décédé) alors ami de la France coloniale («il a été de tous les côtés... se disant homme de paix pour chaque bord...» mais considéré comme «traître à tous»), mère d'une cantatrice connue refusant le suicide. Hasard ! Lui est un ancien appelé sous les drapeaux durant la Guerre de libération nationale, affecté dans le corps des Sas et ayant effectué un séjour dans une ferme connue (dans la région de Constantine) comme lieu d'emprisonnement et de tortures.
L'enquête suit son cours... grâce surtout, un autre hasard, aux documents laissés par la défunte, dont un petit carnet noir racontant sa vie et ses souvenirs de jeune fille à Constantine, ses amours, sa passion, ses angoisses, sa déprime... et sa «trahison» forcée. La mémoire de l'inspecteur de police ne va pas tarder à croiser celle de la défunte... Il avait connu la «Ferme des suppliciés», et il avait assisté, en mai 1958, aux «spectacles» de la fraternisation organisés par la Sas et au «dévoilement» d'une jeune femme. Qui ?
L'Auteur : Né à Constantine, il a fait ses études à Alger où il est prof' de droit. 1994 : Il quitte Alger pour la France. S'installe à Douai où il enseigne à l'Université d'Artois. Auteur de plusieurs livres (quatre romans, quatre essais et deux ouvrages d'art) dont trois à Alger : deux romans aux Editions Barzakh, ( «La Nuit des origines» en 2005 et «Il n'y a pas d'os dans la langue» en 2008) et un essai aux Editions Chihab («Houria Aïchi, dame de l'Aurès» en 2013.
Extraits : «L'attachement à un homme peut se rompre ou se dissoudre , mais entre la mère et l'enfant, aucun lien ne peut se défaire, c'est inscrit sur les traits du visage, dans les gènes, dans les racines... La page de la naissance ne peut jamais être déchirée...» (p 87), «Durant plus d'un siècle, ils se sont crus la race des conquérants, des seigneurs et ils n'avaient rien vu venir, n'avaient rien compris ni à cette terre, ni à ce peuple- des pouilleux, des ratons, des bougnoules ! Depuis la conquête, ils en ont tué, gazé, enfumé, bombardé, napalmé, mitraillé, tortur酻 (p 156) , «La torture, j'en ai vu tant de fois, j'en connais tous les cris, tous les râles, les trente-six positions, c'est comme le Kama Soutra, plus on pratique, plus on devient artiste» (p 164).
Avis : Un auteur aux œuvres toujours torturées et «possédé» par sa ville natale et son passé. Un auteur représentatif de toute une génération prise entre les feux de la Guerre de libération (car encore trop jeunes, avec des parents engagés et/ou torturés) et les lumières de l'indépendance ( déjà trop vieux, avec aux commandes du pays, et pour bien longtemps, des «maquisards» bien plus âgés), et toujours à la recherche de la (ou des) vérité(s). Un livre mi-polar, mi-récit historique.
Citations : «Il n'y a pas de vérité sur un défunt sauf la certitude qu'il n'existe plus» (p.14), «La richesse ne se mesure pas à ce qu'on possède, mais à ce dont on peut se passer» (p.62), «Etre heureux, c'est ne pas avoir à se souvenir» (p 160), «On croit être plus fort que sa mémoire, mais elle vous rattrape souvent «(p.177)
Pupille. Roman de Riadh Hadir. Anep Editions, Alger 2017, 800 dinars, 214 pages.
Un roman d'anticipation, de fiction, accompagné d'une satire sociale ayant pour cadre une société imaginaire régie par des pouvoirs totalitaires - chacun à sa manière - invisibles mais dont les idéologies dominantes (libertaire ou religieuse ou collectiviste..) sont là, toutes néfastes. Ce qui fait qu'il y a plusieurs sujets dans le sujet. Le livre plonge le lecteur dans un monde qui connut une grande guerre (nucléaire) qui a entraîné son partage en plusieurs Etats : l'Union occidentale, le Nouveau Maghreb, l'Union des Tribus arabes, le Grand Empire chinois... et, juste à côté, bien sûr, le Pays Kabyle (fournisseur de l'huile de contrebande la meilleure... «n'ayant rien à voir avec cette bouillie catalane importée d'Occident») ... et une bonne partie du monde irradiée.
Il y a, bien sûr, une histoire : celle d'un orphelin né et vivant en Union Occidentale qui se voit «renvoyé» dans le pays de ses parents, au Nouveau Maghreb. Le processus d'adaptation n'est pas facile, entraînant, peu à peu, le désir de fuir un monde totalement dirigé par l'extrêmisme religieux. Il a été donc obligé d'apprendre la langue arabe, à faire les prières et... avant tout cela, à passer par une purification qui n'est autre que la circoncision.
La fuite, une «harga» (un ami et ...une jeune fille désireuse de découvrir un autre monde, plus libre) ... pour l'Union occidentale est programmée... mais elle sera assez vite contrecarrée, tout le territoire étant surveillé par des drones. Ils découvriront alors des résistants vivant sous les sables du Sahara et qui les aideront ... puis, au-delà, une Afrique subsaharienne que l'on croyait irradiée, disparue, effacée du monde, un autre pays, inconnu de tous, construit par les «occidentaux d'ascendance africaine». Enfin l'harmonie ?
L'Auteur : Né en juin 1982 à Oran. Un long parcours de graphiste. Finaliste au Prix littéraire Mohammed Dib (octobre 2016), figurant parmi les quatre œuvres sélectionnées en langue française. Premier roman.
Extraits : «C'est étouffant ici. Sous couvert de religion, tout le monde peut se mêler de ta vie, intervenir dans tes affaires. On vit tous dans la peur qu'un jour quelqu'un nous accuse de quoi que ce soit d'irréligieux et qu'on se retrouve fouetté, amputé ou lapidé» (p 113), «Un peuple qui a peur des histoires est voué à l'extinction. La pérennité est la grande sœur de la rébellion, et l'évolution sa cousine» (p 191).
Avis : Construction (volontairement ?) compliquée, d'où une lecture quelque peu difficile. Il suffit seulement de dépasser les premières pages pour se plonger dans un autre monde. Belle couverture !
Citations : «Pour mériter sa place dans le monde, il est bon de montrer que l'on n'est pas trop concerné par des banalités aussi dépassées que la politesse» (p 150), «La cupidité est de ces choses qui accélèrent un dénouement souvent vers la direction souhaitée par l'offrant» (p 171), «Les guerres (...), c'est rentable quand on se pointe après les combats pour reconstruire» (p 191)
Les femmes ne se cachent pas pour pleurer. Roman De Ali Kader. Enag Edition, Alger 2016. 850 dinars, 451 pages.
Du deux en un ! Tout d'abord, l'histoire d'une jeune ( belle et attirante ) femme, épouse fidèle et aimante qui, après la «découverte de son cancer du sein, se voit rejetée (et expulsée brutalement de son logis) par son époux auparavant plus qu'aimant. L'idiot ! il avait peur d'être «contaminé».
Ou, peut-être une simple excuse pour se dérober à ses responsabilités et pour voir si l'herbe n'était pas plus rose ailleurs. De médecin en médecin et d'hôpital (public) en clinique (privée), femme courage, heureusement soutenu par des parents aimants, et bénéficiant d'une mise en disponibilité, elle entreprend un long et douloureux combat, véritable parcours du combattant, pour parvenir aux soins idoines et à la «guérison».
Il y a ensuite, après l'ablation d'un sein, le retour au poste de travail d'antan. Se sentant «diminuée», le combat est désormais psychologique, tout particulièrement face aux regards des autres, face à son image refletée dans le miroir de sa chambre (elle si fière de ses seins et connaissant l'attrait des autres les hommes, cela s'entend- pour les belles poitrines), face à ses besoins normaux et légitimes de jeune femme.
Heureusement, tout est (presque) bien qui finit (très) bien. Pas pour toutes les femmes, hélas !
L'Auteur : De formation Ingénieur agronome. Auteur de plusieurs romans, tous édités à l'Enag sauf un en France (en 2015)
Extraits : «Apparemment, tout allait mal. L'hôpital public avait besoin de soins. Personne n'était à sa place... Au moins, dans les établissements publics, le patient pourra mourir gratuitement. Chez le privé, il te faudra débourser pour rendre l'âme» (p 38), «Dans cette société qui nous étouffe, une femme divorcée devient une tare pour les uns, une proie pour les autres» (p 64), «Un vrai marché que cet hôpital. Quelquefois des insultes et des insanités. Voilà, c'est le service public !» (p 162).
Avis : Encore un flacon plein d' «eau de rose» sur fond de lutte contre la maladie. Assez réaliste sous tous ses aspects, il faut le reconnaître. Surtout les atmosphères hospitalières (publics et privés), et les rapports hommes-femmes.
Citations : «La religion a pris le dessus sur tout. Elle a bon dos pout tout expliquer. Jusqu'aux échecs les plus cuisants qui, pourtant, ne relevaient point du mystique. Il faut dire aussi que les décideurs d'en haut favorisent cet état de fait en n'interdisant pas les salles de prières dans les administrations et les lieux de travail» (p 41), «L'amour ne se donne pas. Même s'il ne se commande pas, au final, il s'arrache» (p 122), «Les hommes sont ainsi. Ils sont comme du métal, il faut les battre de suite, chauds de préférence et les maintenir ainsi. Sinon, ils refroidissent rapidement et disparaissent pour réapparaître ailleurs sous d'autres formes» (pp 282-283).
PS : A méditer. Phrase de Slimane Benaissa, dramaturge et comédien (entretien, El Watan, samedi 9 décembre 2017) : «Nous sommes un pays qui ne capitalise pas ses expériences. On ne capitalise pas nos malheurs. On ne capitalise même pas l'expérience de la réfection des trottoirs. Chaque année, ils ont une nouvelle gueule»


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