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LA VIE, LA MORT
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 17 - 03 - 2016


Livres
L'Aube au-delà. Roman de Amine Aït Hadi, Editions Aden, Alger 2015, 151 pages, 650 dinars.
Entre une mère qui n'a jamais su se tenir droite devant les jugements cruels lancés par un «bravache de mari», un père à «l'austérité primaire» qui violente, frappe et torture sans raison (les femmes de la maison, c'est-à-dire l'épouse et la fille), enfermée dans une «tombe meublée de simulacres» , une «maison-tombeau», Meryem engrange les rancœurs. Elle macère le ressentiment.
La haine se greffe dans ses entrailles et prolifère dans sa tête. En fait, elle est à la recherche de la liberté, car elle sait qu'elle a «le droit de vivre parmi les êtres et leurs débâcles»
Elle est jeune, (on pense qu') elle est belle et elle ne veut pas ressembler à sa mère, «femelle apeurée et soumise», acceptant toutes les injustices maritales. Elle veut fuir, s'évader, être libre, sortir de sa chrysalide, aimer…
La goutte qui fait déborder l'esprit: la «maison-tombeau» reçoit la visite d'hommes décrits comme des «géants aux allures sombres» chuchotant des propos sur des «affaires d'ogres» et sur des «desseins» prêtés au «Seigneur».
L'horreur atteint son comble à travers le récit délirant de la longue nuit du massacre perpétré par Abou Al Khalil et ses compagnons, et dont Meryem est le témoin.
Ces chapitres sont datés du 22 et 23 septembre 1997, une référence - la seule du roman - au massacre à Bentalha qui a fait, en une seule nuit, des centaines de morts parmi la population civile de cette banlieue d'Alger.
Elle veut régler les comptes. Non ! Elle veut rétablir la justice. Sa main, armée va devenir celle des centaines de morts, assassinés, qui souhaiteraient se venger. Des centaines de cris d'outre-tombe privés de prières. Ils sont tous présents en elle… tout en pensant que les portes de la géhenne lui (son père, le monstrueux terroriste) seront ouvertes car il n'a été ni père, ni mari, ni homme, ni serviteur de Dieu.
Elle tue donc le «méprisant», le «prédicateur de la déchéance, du meurtre et des jouissances sans entraves». Il devient alors un «cadavre banal». Vidé de son sang et ses viscères en l'air, il n'a ni l'étoffe d'un émir ni couronne, rien de spectaculaire comme la puissance terrifiante qu'il a projetée allègrement de son vivant. «Crève Abou Z-‘bel» ! Elle se délivre et, en même temps, permet à sa mère de recouvrer sa liberté.
L'Auteur: Né dans les années 80 à Alger, il a déjà publié trois recueils de poèmes. Pour un essai, c'est un coup de maître que ce roman, puisqu'il a décroché, en marge du Sila, le Premier Prix Assia Djebbar 2015, dans la catégorie «Langue française».
Avis : Selon un critique (APS), «un roman glauque et halluciné». Ecriture chaotique, infernale même, pas facile à suivre et à comprendre car bien souvent trop «recherchée».
A lire, mais attention aux âmes sensibles, surtout celles qui ont vécu et subi les horreurs de la décennie rouge. Attendre le prochain roman pour trancher définitivement sur les qualités d'auteur (une nouvelle vague rejoignant ainsi Ryad Girod («La fin qui nous attend»). Au fond, un poète tourmenté par des vérités que personne ne veut ni ne peut voir.
Citations: «Qui est la voix qui ordonne et dicte ses lois abominables à partir de la très sainte écriture. Pas Dieu, qui ?» (p 15), «Dieu n'est pas une société d'assurance ou de gardiennage en cas de faiblesse»(p 16), «Dans tous les salons du monde, on éructe de plaisir à prendre le petit bol de café avec ses tartines au beurre… Mais, à la caverne, nous tâchons de bien garder le silence, avec l'ordonnance d'une satisfaction démesurée. Se tenir suffisamment droit et ne pas éveiller le moindre mécontentement sur la figure pétrifiée de nos ancêtres et leurs profils flanqués sur les tableaux» (p 45), «Demeure aux faux-semblants. La vraie ruine se révèle parfois par le truchement de cris qui font trembler les fissures de la maison»(p 59).
Le Seigneur des cinquante… Roman de Hocine Mezali, Enag Editions, Alger 2015, 329 pages, 650 dinars.
Un quartier perdu, la Koumine, contraction du parler local de «La Commune» du hameau Aïn Bouharou durant l'époque coloniale, mais hameau rural, avec ses paysans et ses miséreux, ses petits colons et quelques gros, son caïd, son commissaire et leurs gros bras… hameau vivant presque en marge. A travers l'histoire de Lakhdar, un «gros» propriétaire terrien (cinquante hectares pour l'époque, c'était déjà du lourd, en tout cas aux yeux des autochtones, la plupart dépossédés par la colonisation ). Sa vie dans une société vivant presque en vase clos, ruminant en silence la présence forcée des «infidèles», les uns épiant les autres, les uns jalousant les autres, mais tous se débattant dans une société bloquée dans la superstition et des traditions appliquées si aveuglément qu'elles permettent bien des dérapages et des aventures (comme ce «ouali» qui s'en donne à cœur joie avec les femmes supposées «stériles» de la région, en quête -involontaire- de semence fertilisante; ou, comme ce beau gosse célibataire arabe du village qui «tombe» toutes les dames européennes en «état de manque», mais qui sera assassiné par un mari trompé).
Problème de taille: le héros est infertile et comme on le sait, voilà qui est bien mal vu et malvenu de ne pas laisser de descendance… mâle, cela va de soi. Marié pour la troisième fois, et toujours rien… alors que d'autres se retrouvent «surchargés» de mioches… en plus de la misère.
Son autre drame, il n'a plus envie de se séparer, cette fois-ci, de son épouse: elle est si belle, si aimante… et il l'aime (sans se l'avouer, ce serait trop lui demander).
Jalousé par tous, correligionnaires et Européens: pour sa terre, pour sa femme, pour son orgueil, pour sa force de caractère, pour son indépendance. On fera donc tout pour l'abattre. Obligé donc de s'enfuir dans les montagnes et de devenir bandit d'honneur, loin de sa famille. Poursuivi par les harkis, il mourra, sans jamais croire un seul instant à son infertilité… et sans voir le fils qu'il venait d'avoir… grâce au «miracle» du ouali des Béni Bounouah. Dans la discrétion la plus absolue et dans l'honneur protégé.
L'Auteur: Né en 1938 à Bordj Menaïel, journaliste d'abord et avant tout (il est un des doyens de la corporation), essayiste et écrivain, auteur de deux romans et de plusieurs essais dont un sur «Ferhat Abbas: un homme, un visionnaire» et un autre sur «Alger: 32 siècles d'histoire», collaborateur dans l'équipe qui a réalisé le film «La Bataille d'Alger» et principal assistant littéraire de Yacef Saâdi (dont il est très proche) dans la rédaction des volumes de «La Bataille d'Alger».
Avis : Une très (trop !) longue et très (trop !) lente histoire.
Citations: « Soigner le mal par le mal n'est pas une solution, mais un mal profond et souvent incurable»(p 23), «Celui qui s'est volontairement éloigné des siens pour aller chercher son bonheur ailleurs, celui-là ne peut espérer retrouver leur confiance à son retour tant qu'il n'a pas fourni la preuve de se contenter de la plus modeste place et tout faire pour réintégrer une société qu'il avait délibérément abandonnée»(p 126) .
La Nuit des origines. Roman de Nourredine Saadi, Editions Barzakh, Alger 2005, 205 pages, 400 dinars.
Quel hasard ! Les Puces de Paris, un lieu mondialement connu. Un vieux lit «turc» dans une vitrine. Une Constantinoise, Abla, divorcée sans enfant, «exilée» (non, «réfugiée mentale», insiste-t-elle), est happée par la ressemblance avec celui qu'elle avait durant son enfance. Elle entre dans la boutique et fait la connaissance du propriétaire et de son ami.
Ce dernier est, lui, Alain (ou Ali, quelques lettres ayant sauté) un enfant de la Dass, né de père inconnu (un militaire français) et d'une Algérienne (de Constantine, quel hasard !) venue mourir à Paris en faisant les ménages.
Des destins qui se croisent, se parlent, se racontent, s'aiment, se fuient, rient, chantent, boivent, le tout… après une dure journée de labeur… bien fait, dans une ambiance populaire seulement trouvée à Paris, autour des Puces, à Saint-Ouen. «Lieu réel mais totalement réinventé, tel un pays des merveilles, drôle, cosmopolite et merveilleusement insolite».
Hélas, on se débarrasse difficilement de sa ville, de son pays, de ses origines. Le lit à baldaquin a été le déclic. Un très vieux manuscrit (de très grande valeur, selon les spécialistes consultés) du saint Sidi Kébir Belhamlaoui sur la prière d'Ibn Maschich, porteur de «baraka», héritée de son père et qu'elle souhaite(rait) vendre, va être la «goutte» qui fera déborder l'amour et la nostalgie de la ville natale et de ses traditions enfouies au tréfonds de l'âme. Malgré le prix d'achat faramineux proposé, elle refuse de s'en défaire, de «se» libérer. Malgré l'amour retrouvé, et l'ambiance pacifique et fraternelle rencontrée dans les petits bistrots de Saint-Ouen, elle n'arrive pas à oublier les horreurs terroristes. Car, un pays, une histoire, une famille, des traditions… ça ne se vend pas ! Et puis, c'est si lourd à porter. Elle sombre dans la déprime, avec la mort au bout du chemin… La paix retrouvée, peut-être ?
L'Auteur: Originaire de Constantine, enseignant universitaire diplômé de l'université d'Alger (génération des années 60, au tout début de l'indépendance), il vit et enseigne le droit en France. Auteur de plusieurs romans dont «Dieu-le fît» en 1996 et «La Maison de lumière» en 2000. Il a également publié des essais, des monographies d'artistes et il a contribué à plusieurs ouvrages collectifs.
Avis : Du grand roman. Du style. Des histoires qui se croisent. De la tristesse et de la nostalgie. Une lente montée en puissance. Du sens… et un amour sans limite pour… Constantine. Nostalgie, nostalgérie !
Citations: «La nuit dans ces bistrots, on rencontre une humanité si peu visible le jour.
Des créatures déchues dont les mains tremblotantes prennent la forme des verres, des insomniaques éternellement effrayés par la nuit, des êtres dont la vie est à l'envers, des anciens de ceci ou cela, épaves du sport, accrochés à une barre de cuivre d'un comptoir, des émigrés dont le sol vacille sous les pieds, une humanité qui rappelle combien chaque vie est une énigme et pour chacun un accident du hasard»(p 54), «Ici, tout est dans la parole, le bluff, la valse des Puces: écouter, c'est acheter, parler c'est vendre» (p 92).
PS: - Boudouaou qui rend hommage à Rachid Mimouni, Azzaba qui rend hommage à Azzedine Mihoubi, les enfants du pays… Le champ culturel est, enfin, en train de changer, de se (dé-) localiser, ne se cantonnant plus aux grandes métropoles ou supposées telles (Alger, Constantine, Annaba, Sétif, Tlemcen, Oran, Sidi Bel-Abbès…). On a déjà eu Guelma pour Kateb Yacine. Pourquoi pas Blida pour Fanon, El Harrouch pour Harbi (pourquoi attendre la mort pour rendre hommage), Collo pour Bouhara (qui a écrit quelques beaux livres d'histoire), M'Daourouche pour Apulée… Ne pas, ne plus se limiter au politique et à l'histoire de la Révolution et sortir du champ musical… avec tout le respect dû aux chouhada et aux chouyoukh.
- Ca commence à bien faire, toutes ces histoires de sculptures ratées de personnalités. Le ministère de la Culture devrait se saisir provisoirement de l'affaire et se charger des demandes, des commandes (à des vrais sculpteurs, dont certains sont à l'étranger, et non à des «tailleurs de bois» ayant «horreur» du corps humain ou ne l'ayant jamais apprécié dans sa totalité ) et du suivi... sur les budgets communaux ou associatifs, cela s'entend. En attendant de réformer les cours de sculpture des Beaux-Arts, en réintroduisant, entre autres, l'utilisation de modèles... humains. Pour bien saisir les proportions et les harmonies physiques !


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