La rencontre Ligue de football professionnel-clubs, tenue mardi dans un hôtel à Alger, aura démontré, une nouvelle fois, que les responsables du football en Algérie s'attardent sur les faux problèmes, reléguant au second plan les questions de fond concernant le développement de cette discipline sportive. En ce sens, le président de la LFP, Mahfoud Kerbadj, a insisté dès le départ sur les bonnes relations qu'entretiennent la Ligue avec la FAF et lui-même avec le président de la fédération, Kheireddine Zetchi. En apportant un démenti à des informations communiquées en off par les responsables de la LFP et de la FAF, Kerbadj aura confirmé, une nouvelle fois, qu'il y a un malaise profond dans les relations LFP-FAF. A cet effet, le président de la FAF a tenu à déléguer deux membres du bureau fédéral pour assister à la réunion, mais aussi pour avorter toutes éventuelles tentatives de coup d'Etat contre la FAF. Un coup d'Etat qui allait être fomenté par les présidents de club et la LFP. Or, il se trouve que même Kerbadj n'est pas à l'abri d'un coup d'Etat, ce qui explique sa dernière sortie quand il avait déclaré qu'il a le soutien des présidents de club. Il a également envoyé un message à ceux qui le ciblent en leur signifiant qu'il compte se porter candidat à sa propre succession, après la fin de son mandat en 2019. C'est ce discours qu'a tenu Kerbadj à l'ouverture de la réunion, alors que la logique aurait voulu qu'un débat soit ouvert sur l'avenir du football et du professionnalisme en Algérie. Au cours de cette réunion, les présidents de club se sont attardés sur le recrutement des joueurs et ont demandé à la LFP et à la FAF de revoir la réglementation en vigueur. Pour rappel, les clubs ayant des dettes dépassant un milliard de centimes ne sont pas autorisés à recruter des joueurs durant le mercato hivernal, qui s'étale du 15 décembre 2017 au 15 janvier 2018. Au lieu de se montrer intransigeant quant à l'application de la réglementation, le président de la LFP a promis de trouver une solution à ce problème. La Chambre de règlement des litiges (CRL), qui interdit aux clubs endettés de recruter, a menacé de leur défalquer des points au cas où ces clubs n'auront pas régularisé les joueurs et les entraîneurs non payés depuis plusieurs mois. Trois présidents de club, ceux de l'ASO (Medouar), de l'ESS (Hamar) et du WAT (Souleimane), font partie de la CRL, ce qui est illogique dans la mesure où leur rôle c'est de défendre les clubs. Il se pourrait ainsi que le WAT ou l'ASO ou encore l'ESS aient des litiges avec leurs joueurs et ne peuvent pas de ce fait être « juge et partie » au sein de la CRL. Il faut donc s'attendre à ce que des décisions allant dans le sens d'annuler les mesures prises par la FAF et la LFP, soient prises par la CRL. Dans le même sillage, les clubs ont demandé à ce que la Commission fédérale d'arbitrage soit mise sous tutelle de la LFP, alors qu'elle dépend directement de la FAF. L'exigence des clubs n'est pas motivée par le souci de développer l'arbitrage, mais plutôt de manipuler ce corps et de s'immiscer dans la désignation des arbitres. Il faut, par ailleurs, relever que la réunion LFP-clubs, qui n'a pas évoqué le devenir du football national, a vu la présence de 26 présidents et représentants de clubs sur les 32, ce qui constitue un record. Ces présidents de club ont tenu à assister à la réunion LFP-clubs car il s'agit d'argent, de financement et de recrutement des joueurs. Or, ces mêmes présidents de club avaient brillé par leur absence lors du dernier symposium sur la relance du football national. Ils étaient aussi absents lors d'un séminaire international organisé au temps de l'ancien président de la Ligue nationale de football, Mohamed Mecherara. Ce séminaire qui a été animé par des experts anglais avait traité du professionnalisme, de la gestion des clubs et de lutte contre la violence. Un séminaire inutile puisque les premiers concernés étaient absents. Ce sont malheureusement ces mêmes présidents de club qui continuent de sévir et d'enfoncer le football national dans une situation sans issue.