Ayant misé sur le soutien occidental à leur projet d'établir leur propre Etat dans le nord de la Syrie auquel s'opposent tant Damas qu'Ankara, les Kurdes des YPG ont rejeté l'offre des autorités syriennes d'une administration conjointe de l'enclave d'Afrine passée sous leur contrôle pour enlever à la Turquie le prétexte de l'intervention de ses forces armées contre celle-ci. Il en résulte que confrontés à l'offensive militaire finalement déclenchée contre eux par Ankara, ils se sont découverts être les dindons de la farce du trouble jeu auquel leurs soi-disant «protecteurs» occidentaux s'adonnent dans le conflit syrien. Washington et les autres capitales occidentales n'ont en effet nullement volé à leur secours et se sont contentés de conseiller à Ankara de faire preuve de «retenue» les laissant ainsi seuls face à la machine de guerre déployée contre eux par la Turquie. Abandonnés, les Kurdes syriens n'ont pour ultime recours que de solliciter l'intervention à leur côté de l'armée syrienne en faisant valoir qu'il n'a jamais été dans leur intention d'établir un Etat kurde séparé dans les régions sous leur contrôle. C'est pourtant ce qu'ils ont projeté de faire à l'instigation des Occidentaux et qu'a démontré leur refus à la proposition des autorités de Damas d'administration conjointe de l'enclave d'Afrine. Cela étant, le régime syrien n'en considère pas moins l'intervention turque dans le nord de son territoire comme une agression militaire violant la souveraineté nationale de la Syrie et qu'il ne peut accepter le fait accompli de la tutelle turque sur cette région qu'elle vise à l'imposer. Si Ankara proclame en effet que son seul objectif avec l'offensive militaire turque menée dans l'enclave d'Afrine consiste à empêcher la constitution d'un Etat kurde syrien qui représenterait un danger pour sa propre sécurité nationale et son unité territoire à cause des liens qu'ont les YPG avec le PKK turc, il est clairement avéré qu'il en cache un autre, qui est de permettre aux auxiliaires syriens enrôlés aux côtés des forces armées turques dans l'offensive qu'elles mènent de substituer leur contrôle sur la zone à celui qu'y exercent les «YPG» et autres «FDS». Ce qui pour le régime syrien est aussi intolérable et inacceptable au plan de la souveraineté de l'Etat syrien. Les auxiliaires syriens que l'armée turque met en avant ne sont autres que des groupes armés dont l'affiliation à El Qaïda est franchement revendiquée dont le projet est d'asseoir leur mainmise sur une région du territoire syrien d'où ils pourraient poursuivre la lutte contre lui en vue de sa chute. Pour les Occidentaux qui font leur en Syrie la priorité d'un changement de régime, il n'a pas été «douloureux» de lâcher les Kurdes sachant qu'au final Ankara vise à obtenir le même résultat. Par leur attitude, ils ont créé les conditions d'une confrontation armée directe entre Damas et Ankara dont ils prendraient prétexte pour apporter leur soutien militaire à l'armée turque au motif que c'est leur obligation à l'égard d'un membre du pacte de l'OTAN. C'est dire que les évènements qui se déroulent au nord de la Syrie ne sont qu'un des développements du plan occidental tramé contre la Syrie dont il importe peu aux stratèges qui l'ont conçu que sa réussite soit conditionnée par la participation des Kurdes syriens ou celle des groupes armés terroristes sponsorisés par Ankara.