Après les médecins résidents, le ministère de la Santé doit également dénouer un autre conflit, celui des paramédicaux qui ont annoncé une grève nationale illimitée pour le 5 février prochain. Une autre rencontre entre les représentants des médecins résidents, regroupés au sein du collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) en grève ouverte depuis le mois de décembre dernier à l'appui de revendications socioprofessionnelles, et des représentants du ministère de la Santé doit se tenir demain dimanche au ministère. Selon le chargé de la communication et conseiller du ministre de la Santé, Slim Belkessam, la réunion sera consacrée exclusivement à la principale revendication des médecins résidents, à savoir l'abrogation ou la révision des conditions du service civil, introduit en 1984. «L'ordre du jour de la réunion portera sur le service civil», a précisé M. Belkessam qui a rappelé que la réunion devait se tenir mercredi dernier mais a été reportée à dimanche en raison d' «un nouveau calendrier proposé par les représentants des médecins résidents», regroupés au sein du Camra. Les travaux de ce comité sont coordonnés par le doyen de la faculté de médecine d'Alger, le Pr Salaheddine Bendib, et l'inspecteur général du ministère de la Santé, Omar Berradjouane, et, autour de la table des négociations, il y aura également les représentants des ministères de l'Intérieur, des Finances, de l'Enseignement supérieur, du Travail et de la Fonction publique. La dernière rencontre de mardi dernier de ce comité avait été suspendue par le Camra, déçu selon un communiqué du comité de l'absence du ministre de la Santé, parti négocier un contrat de partenariat avec les autorités cubaines pour l'envoi de médecins spécialistes en Algérie. Le jour même où était également organisé un sit-in national des médecins résidents au CHU Mustapha Bacha. Mardi dernier, le conflit s'était en fait durci avec une note du ministère de la Santé appelant les grévistes, à travers les directions de wilaya, à reprendre le travail, alors que ce bras de fer devait trouver un début de règlement. Mais, l'absence du ministre avait fait capoter, selon un communiqué du Camra, un début de solution à la crise. Dans un communiqué rendu public juste après la suspension de la réunion de mardi, le collectif avait exprimé sa «colère» et sa «déception devant la tournure qu'ont prise les événements», déplorant «l'absence du ministre à la table des négociations du fait de son déplacement en dehors du pays en cette période de crise». «Aucune contre-proposition n'a été soumise», ajoute le communiqué selon lequel le Camra s'est retrouvé «à la table des négociations avec un comité de réflexion sans aucun pouvoir décisionnel». Depuis, le ministère semble avoir changé de fusil d'épaule et propose une réunion dimanche autour de la principale pierre d'achoppement de ce bras de fer. Car les médecins résidents tiennent à ce que le service civil, une de leurs principales revendications, soit supprimé, ou revu. Selon le Dr Yassine Balhi, «nous sommes les seuls à faire un service civil obligatoire. Partout dans le monde, le service civil est une alternative au service militaire». Les revendications portent ainsi sur l'abrogation du caractère obligatoire du service civil et son remplacement par un autre système de couverture sanitaire, le droit à la dispense du service militaire, un statut aux médecins résidents, à une formation de qualité pour le médecin résident, la révision du statut général du résident, et l'accès aux œuvres sociales. Le ministre de la Santé devrait assister cette réunion pour faire baisser la tension d'un cran, d'autant que lors du sit-in de mardi dernier, les représentants des médecins résidents avaient menacé de ne plus assurer le service minimum devant le harcèlement des grévistes par le ministère, qui leur demande de rependre le travail sans conditions. Dans les rangs des médecins résidents, on estime que la lenteur de ces discussions est le fait du ministre de la Santé lui même, M. Mokhtar Hesbellaoui, pour qui les préoccupations et les revendications du Camra sont reléguées au second plan. «Le ministre n'a d'autres soucis que la gynécologie. Il ne s'est à aucun moment intéressé à nos revendications», assure au Quotidien d'Oran un médecin résident, spécialiste en pédiatrie. «Depuis le début, le ministre n'a pas montré des signes de dialogue. (Après ce qui s'es passé à Djelfa), il a la pression», explique le même médecin résident sous le couvert de l'anonymat. Une parturiente est morte en juillet dernier à Djelfa après avoir été refoulée de trois structures hospitalières. Une enquête, après un tollé général et une levée de boucliers de l'opinion publique, menée par le ministère avait conclu à une responsabilité du personnel médical. «En outre, poursuit-il, nous évoluons dans un environnement dépourvu du minimum pour l'exercice de notre profession», ajoute ce médecin résident du CHU Frantz Fanon de Blida, selon lequel «le service civil doit être revu». Selon M. Belkessam, les représentants du syndicat national des sages-femmes algériennes «a été reçu mercredi dernier» au ministère de la Santé autour des «préoccupations exprimées par le syndicat sur la situation socioprofessionnelle des sages-femmes et les mesures à prendre pour améliorer les conditions de travail et la normalisation des tâches dévolues à cette corporation». Le projet du guide de prise en charge de la femme enceinte, finalisé par un groupe d'experts du ministère de la Santé, a été «soumis au syndicat pour enrichissement». Quant aux paramédicaux, qui menaçaient de faire grève, ils ont été également reçus mercredi dernier au ministère où ils ont tenu une réunion avec la commission centrale de dialogue avec les partenaires sociaux. Le mot d'ordre du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) portait sur un débrayage de 48 heures à partir du 1er février. La hausse des salaires avec un effet rétroactif, ainsi que la promulgation, dans des délais raisonnables, du statut particulier des paramédicaux, qui serait en souffrance au ministère de la Santé. Le SAP, qui avait déploré que le ministère s'adresse au syndicat UGTA des paramédicaux plutôt qu'à leur syndicat légitime, a également annoncé la semaine dernière qu'il compte organiser le 5 février prochain une grève nationale illimitée. La réunion de mercredi avec les délégués du SAP aurait, selon le conseiller du ministre, permis de «mettre en évidence et de régler toutes les situations de conflit social, à l'origine du mot d'ordre de grève». Le SAP doit cependant donner une réponse claire au ministère à l'issue de la réunion de son conseil national sur la tenue ou non de cette grève.