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Moral marocain en berne
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 28 - 02 - 2018

L'arrêt tant attendu de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) sur l'accord de pêche Maroc-UE est tombé. Il fait pleinement droit aux arguments contre le susdit accord développés devant elle par l'avocat général. Suivant celui-ci, la haute juridiction européenne a statué que le Maroc « ne peut exercer sa souveraineté que sur les eaux adjacentes de son territoire ou de sa zone économique exclusive » et que compte tenu du fait que le « territoire du Sahara occidental ne fait pas partie du territoire du royaume du Maroc, les eaux adjacentes du territoire du Sahara occidental ne relèvent pas de la zone de pêche marocaine visée par l'accord ».
Partant, elle a confirmé l'illégalité au regard des règles internationales de l'inclusion du territoire du Sahara occidental dans le champ d'application de l'accord de pêche Maroc-UE. Pour les défenseurs de la thèse de la marocanité du Sahara occidental, l'arrêt de la Cour européenne est un coup de massue dont ils auront du mal à s'en remettre. Il réduit en effet à néant toutes les arguties juridiques avec lesquelles ils ont espéré convaincre les juges européens de ne pas fonder leur arrêt sur les arguments de l'avocat général. Pour le Palais royal et le Makhzen, il constitue une déroute juridico-diplomatique dont ils ne pourront cacher l'ampleur à leur opinion nationale qu'ils ont abusée en lui faisant croire que leurs pressions et le lobbying qu'ils ont suscité allaient avoir effet sur la CJUE et l'incliner à rendre un arrêt favorable au Maroc.
Quant à la Commission européenne qui a entrepris de renégocier l'accord de libre-échange UE-Maroc et par conséquent celui de la pêche sans tenir compte de l'arrêt précédent du 21 décembre 2016 de la CJUE, il va lui falloir clairement se positionner sur la question de savoir si elle est respectueuse ou non de la décision de la plus haute instance de la justice européenne. En tout cas, l'arrêt de celle-ci va conforter le Parlement européen dans sa méfiance et critique sur un accord avec le Maroc qui s'est renégocié par cette Commission européenne dans l'opacité et l'intention affichée de ne pas faire droit aux stipulations des décisions de justice de la Cour européenne.
L'arrêt de ce 27 février a une portée historique pour le peuple sahraoui et la RASD et le Front Polisario qui sont ses défenseurs et représentants. Ils ont vu, en effet ,confirmé la justesse et la légitimité du combat qu'ils mènent pour la libération de leur territoire de l'occupation marocaine et par une instance de justice que Rabat et ses relais propagandistes ne peuvent accuser d'être inféodée à l'Algérie voisine dont ils dénoncent systématiquement la main derrière chaque camouflet juridique ou diplomatique que le royaume essuie sur la question du Sahara occidental.
L'on se doute que le moral est en berne dans le Palais royal et au sein du Makhzen. Ils n'en reviennent probablement pas de s'être vus clairement présentés comme ayant violé la légalité internationale par l'occupation du Sahara occidental et qui plus par la cour de justice de l'ensemble régional européen où ils ont pensé qu'ils n'avaient qu'à hausser le ton ou agiter un quelconque chantage à des mesures de rétorsion pour obtenir de lui ce qu'ils voulaient.


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