Il n'est pas assez difficile de se forger une opinion sur le champ de vision environnemental qui s'offre à nous à chaque levée du jour où, en quête d'assouvir le plaisir des yeux, nous ne balayons que des sites muets, des paysages meurtris par la grisaille du ciel, amplifiée par l'ionisation du ciment gris et le noir bitumeux des voies urbaines. Les effets pervers de l'insouciance humaine ont réussi à exclure toute symétrie des repères ou la hiérarchisation des ensembles, au point d'accélérer le processus de dénaturation de nos villes, entravant ainsi l'harmonieuse répartition des constructions et annihilant tout effort consenti en vue d'un urbanisme rationnel, cohérent et fonctionnel. Après les errements dans la création d'un POS nord sacrifiant un patrimoine agricole à haut rendement, l'urbanisation du chef-lieu de wilaya a été réorientée sur le cap sud-sud-est, projetant une extension sur les bas contreforts au pied des massifs de la Mahouna, dont les reliefs y attenants, aspirant à un reboisement intensif et à haute qualité d'agencement sylvestre. Les différents plans directeurs mis en oeuvre n'ont pas manqué de se faire biseauter dans des maillages alternés par des desseins spéculatifs, l'excès de zèle de l'infamant squat ou les incivilités envers les équilibres socioéconomiques et écologiques de nos villes. En cela, la variante de création des segments attractifs et les vecteurs multidimensionnels d'une bonne occupation au sol, n'ont abouti qu'à une prolifération des infrastructures non consolidées par des liaisons durables et cohérentes, sans omettre les indues découpes sur des espaces destinés à la dispersion des flux d'échanges et à l'aération des villes. Dans ce charivari environnemental où la chose publique, l'édilité et la participation civique citoyenne sont reléguées au second plan, l'on ne peut que concevoir une urbanisation en perpétuelle refonte et en constante quête d'une hypothétique nuance d'esthétique. C'est dans cet état d'âme de nos villes que l'on s'apprête à célébrer les journées mondiales de la forêt, de l'eau et de la météorologie. Les grandes conférences onusiennes sur l'environnement ont toujours favorisé les options de «solutions vertes», pour les fluides de la vie que sont l'air et l'eau, en cataloguant l'arbre comme un «être-ressource», contribuant à la fourniture de bois, la protection contre les dangers naturels, la création des lieux de détente oxygénés et les refuges pour les nombreuses espèces ainsi que les foyers de la biodiversité. «Forêts & villes durables» est le thème de 2018 qui place une interpellation adjacente de «faire de nos villes des lieux plus verts et plus sains, où il fait bon vivre». La mise au vert de nos territoires implique la revitalisation à travers le reboisement pour compenser les 5.936 hectares du patrimoine forestier incendié en 2017 et l'essaimage à outrance des points verts en milieu urbain, sans oublier de replanter les arbres victimes des incivilités criminelles, notamment, pour l'exemple, les fucus centenaires déracinés sur l'avenue Bab Skikda et les platanes sciés à la tronçonneuse sur la rue Aïssat Idir, à la faveur d'une impunité déclarée effrontément.