Mme Raïs Fatma Zohra, wali de Guelma, a présidé cette semaine une séance de travail avec son staff exécutif pour débattre deux offres de maîtrise d'œuvre liées au secteur du tourisme, renfermant des variantes «d'études de valorisation, réhabilitation et protection des sites touristiques de la cascade de Hammam Debagh», ainsi que les «propositions d'hypothèses de développement, à travers des schémas directeurs de stratégies d'aménagement et de prospective du secteur du tourisme local». Mettant en avant sa volonté de promouvoir le concept de la démocratie participative, elle a élargi le débat en plénière aux membres de l'APW, de par son statut d'organe de contrôle populaire, et des représentants du mouvement associatif, qui ont fructifié les échanges avec des idées et points de vue très pertinents sur les sujets. La responsable de l'exécutif a invité les bureaux d'études contractants de revoir leurs esquisses à la lumière des remarques formulées dans le débat et de faire un effort de répondre aux attentes en améliorant leurs prestations avec plus de créativité et d'innovation. «Vos offres corrigées, dira-t-elle, seront soumises à l'appréciation des citoyens sur le site de la cascade. Nous dresserons s'il le faut une tribune à ciel ouvert pour permettre à la population d'exprimer ses opinions». Le volet de l'aménagement du territoire local a toujours connu des soubresauts qui auraient donné naissance à diverses appréhensions sur un maillage qui laissait entrevoir les biseautages à desseins spéculatifs, les excès de zèle injustifiés ou encore les incivilités à l'endroit des écosystèmes et des grands équilibres environnementaux des cités que nous érigeons. Cet effet d'hésitation et de tâtonnement avait généré la déstructuration de toute symétrie des repères et la hiérarchisation des ensembles, au point d'accentuer le processus de dénaturation de nos villes, entravant ainsi l'harmonieuse répartition urbaine s'articulant sur la cohérence, la rationalité et la fonctionnalité. En cela, l'édilité en tant que première cellule sociétale de réflexion, et le civisme aigu de sa composante humaine, se doivent de rester à l'avant-garde dans la conception des variantes de création des segments attractifs et des vecteurs multidimensionnels d'une bonne occupation des sols, donnant naissance à des infrastructures de haute facture architecturale, consolidées par des liaisons durables et cohérentes. Ceci doit intervenir sans découpe sur les espaces destinés à la dispersion des flux d'échanges et à l'aération des agglomérations et, surtout, à leur oxygénation à travers les développements des espaces verts. Nos différents plans d'occupation des sols, comme instruments initiaux de l'urbanité, sont souvent conçus d'une manière rébarbative, n'offrant aucune sensation de renouveau ou de perceptibilité des espaces convexes et leur interactivité, ou encore la visibilité des lignes axiales dans la projection de symétrie urbaine. L'amélioration du cadre de vie des citoyens se traduit par la promotion de son environnement urbain immédiat dans une application stricte des règles régissant la matière urbanistique, sans démesure ni populisme ou désinvolture. Nos praticiens aménagistes, architectes, urbanistes et paysagistes doivent revoir leurs copies au-delà des logiciels et leurs formules sobres sans âme, pour rester assez prévenants et imprégnés des concepts évolutifs, modulables sur les valeurs tissulaires et réticulaires, dans un projet d'ensemble prometteur avec ses nuances esthétiques recherchées. Notre équipage opérationnel nous montre chaque jour ses limites dans la perception de l'équation citoyenne qui aspire à une certaine douceur de vivre dans une cité équilibrée, caressant l'espoir de voir ériger de grands jardins publics et les «green-space» à biodiversité oxygénante. Pour le cas d'espèce, l'on se complaît dans l'exécution de la fonctionnalité routinière adossée aux supports de l'informatique, source de fixation, sans projection futuriste d'objectifs communautaires, ni l'intensification de l'action urbaine comme catalyseur de l'essor d'un réel environnement durable. Cette attitude laxiste ne fait que favoriser une descente aux enfers dans un bouleversement de toute la cohésion de l'urbanité. C'est dans cette perspective d'éviter les déviations sur le sens de la bonne gouvernance que Mme Raïs appelle à la flamme innovatrice auprès des citoyens de la wilaya, en les associant aux actions du développement local et en participant aux grands débats d'où jailliront les idées pertinentes qui peuvent effacer les éventuels angles morts perçus sur le terrain. Cette approche participative aura aussi l'avantage de sédimenter les réflexions constructives tout en mettant un terme aux flots de jaseries stériles des chapelles obscurantistes et des rumeurs saisonnières fomentées par les marabouts à la boule de cristal. Le développement local reste une affaire de tous, avec le travail et la sueur. Il serait judicieux de se rappeler qu'hier, nos aînés avaient versé du sang alors qu'aujourd'hui, l'on se refuse à verser de la sueur. C'est l'ingratitude consommée.