L'ex-ministre des Finances et expert financier, Abderahmane Benkhalfa, a affirmé hier dimanche que l'Algérie «est arrivée à un tel niveau d'investissements dans l'agriculture, les nouvelles technologies, les infrastructures, qu'elle doit passer d'un pays qui produit à un pays qui exploite ces investissements dans le cadre de l'économie des services». Il a expliqué à la radio nationale que «le secteur financier et bancaire est le moteur de la croissance de l'économie des services». Il a présenté ainsi les grands axes du 1er Symposium international sur la place financière, prévu du 3 au 6 avril prochains à Alger. «Il y aura beaucoup d'experts, de décideurs financiers et trois colloques dédiés à la finance islamique, le marché des assurances et l'économie numérique», a-t-il annoncé. M. Benkhalfa a par ailleurs estimé que plus que jamais, l'économie nationale, en particulier le système bancaire, doivent être «digitalisés» pour profiter de la valeur ajoutée que procure l'économie numérique, dont le e-paiement, les financements à distance. Cependant, sur la généralisation de l'économie digitale en Algérie, il a relevé qu'elle «marque le pas et reste en retard par rapport à ce qui est attendu». «L'économie numérique doit faire plus d'efforts pour atteindre ce qu'il est attendu d'elle dans le développement de nouveaux comportements des consommateurs, des produits financiers, en particulier le e-paiement et l'abandon progressif du paiement par cash». Car en Algérie, «les transferts électroniques d'argent ne sont effectués qu'à 25% des capacités du système bancaire, alors que le téléphone mobile est passé de 6 millions à 30 millions d'utilisateurs. Pour l'économie numérique, le déclic n'est pas encore enclenché», estime encore M. Benkhalfa. D'autant qu'il s'agit, ajoute-t-il, de généraliser la finance islamique, qui s'appuie sur d'autres produits que la finance classique, mais qui utilise de plus en plus les NTIC dans son processus de développement et l'accès à ses produits. En fait, le but dans la digitalisation de l'économie nationale, et par ricochet pour améliorer les performances et la compétitivité des banques, est de «réduire l'argent qui circule dans les circuits informels», souligne-t-il. M. Benkhalfa a ainsi rappelé que selon le dernier rapport de la Banque d'Algérie, 25% de la masse monétaire circule hors des circuits classiques, alors que «le paiement par cash est très important». «Donc, il faut aller vers un autre modèle financier et bancaire, notamment avec le dépôt électronique, non pas seulement le retrait électronique à travers les GAB», d'autant que, ajoute-t-il, «la loi de finances 2018 impose aux commerçants d'avoir des terminaux de paiement électronique (TPE). Il y a une organisation à ce niveau pour réguler les transactions financières et bancaires, y compris pour la finance islamique». Quant à bancariser l'argent qui circule dans les circuits informels que M. Benkhalfa évalue à 1.700 milliards de DA, il estime que la finance islamique est l'une des solutions, même si, précise-t-il, «le passage à la finance islamique nécessite du temps, les instruments étant en train d'être mis en place. Dans une année, le client peut choisir ses produits». L'ex-ministre des Finances a cependant rassuré sur la nature de cet argent de l'informel, car «les fonds hors des banques sont propres mais, pour diverses raisons, ils ne rentrent pas dans les banques. Donc, il s'agit de garantir la bancarisation de ces fonds, avec le retrait à tout moment pour leurs détenteurs, sans bureaucratie». La Banque d'Algérie avait, dans une note émise au mois de mars dernier, appelé les banques de la place à ne plus demander l'origine des fonds pour les dépôts, ni les raisons des retraits de fonds, y compris pour les transactions en devises. A ce niveau, M. Benkhalfa a rappelé que «nous sommes classés par le GAFI parmi les premiers dans la clarté des opérations bancaires nationales». «1.70 milliards de dinars ne sont pas dans les circuits financiers ou bancaires, et donc il faut les bancariser. Tous est mis en place pour attirer les fonds vers les circuits bancaires», explique-t-il, avant de souligner qu'«il faut que notre économie soit performante et compétitive pour consolider la monnaie nationale par rapport aux principales devises». Quant à la modernisation de l'économie nationale, il a préconisé l'introduction «au plus vite de l'économie numérique, et donc éviter les opérations bancaires, et augmenter les retraits par TPE, qui font développer l'économie numérique».