Lorsque nous sommes sortis de l'annexe administrative de l'APC après avoir retiré des documents à l'état civil, on s'est dit pourquoi ne pas aller rendre visite, en cette moitié de Ramadhan, aux gens de Dar EL Ihsan mitoyenne à la mairie du mythique quartier de Sidi Saïd ? Une fois à l'intérieur de la bâtisse érigée sur deux étages surplombant un coquet jardin, nous avons surpris quelques femmes aux fourneaux et d'autres s'affairant à mettre en place les derniers ustensiles de vaisselle sur les tables recouvertes de papier fleuri et fièrement dressées au milieu de la salle de restauration aux murs ornés de photos et de portraits du président de la République. Une ambiance laborieuse et sereine d'où s'échappent des effluves d'odeurs épicées provenant du coin de cuisine. On demande à voir M. Benkhal Mimoun, le président de Dar El Ihsan. La cuisinière en chef, Mme Gherrab, nous accompagne alors vers celui qui, depuis la disparition de presque tous les membres fondateurs de l'association dont les regrettés MM. Bekhchi, Sebaa, Tchenar, Ikhlef, Mazouz, Bakhti, El Hachemi, Hassini et tant d'autres qui ont assisté à l'inauguration de ce fleuron de la bienfaisance le 1er Janvier 2004 en présence du ministre de la Solidarité, a pris la relève pour perpétuer l'œuvre de ses aînés. Nous l'avons rencontré dans son bureau entouré des chefs scouts d'El Malah venus pour un échange d'expérience puisque leur section a ouvert un restaurant 'Errahma'' dans le village, lequel restaurant, semble-t-il, draine beaucoup de monde. Mimoun, soutenu par une nouvelle équipe de bénévoles, ratisse large. Disert et doué d'entregent, il consacre la majeure partie de son temps au rayonnement de l'association et a su tisser un réseau de fidèles bienfaiteurs même en dehors de la wilaya d'Aïn Temouchent. «Nous avons au fil des années amassé un précieux capital de sympathie grâce à notre sérieux. C'est ce gage de crédibilité et de confiance qui fait la force de l'association», tiendra à préciser le président de Dar El Ihsan qui s'efforce, selon ses termes, à élargir le champ d'intervention de l'association au profit de tous les démunis sans exclusive : «la philosophie qui est la nôtre, tend, aujourd'hui, en plus des personnes âgées, frange qui constitue l'essentiel de notre action, à toucher le maximum de démunis. Le foyer est ouvert à longueur d'année et nous essayons de porter secours à tous ceux ou celles qui se manifestent selon nos moyens. La soupe populaire en hiver, des vêtements propres aux nécessiteux, des aides aux malades chroniques sans ressources à travers l'émission radiophonique ' le pont de la Rahma'' quand nous le pouvons». Concernant le mois de Ramadhan, le foyer de l'association fait le plein pour les repas servis à table, quatre-vingts (80) personnes en moyenne ; ceux emportés par les familles, choisies selon leur niveau de revenu, atteignent une vingtaine parfois plus certains jours. Le foyer est bien équipé et il arrive que des bienfaiteurs prennent en charge le repas au complet. Lors de notre visite impromptue, les marmites mijotaient à petit feu et pour satisfaire notre curiosité les cuisinières n'ont pas hésité à lever les couvercles, histoire de confirmer qu'en ce lieu de générosité on ne lésine pas sur les moyens mis à la disposition de l'association ; ce qui est vrai à en juger par les mets encore en cuisson. Au menu du jour : poulet entier aux pruneaux d'Agen et raisins secs, salade variée, bourek, poivron, dessert yaourt et fruits, boissons gazeuses ou jus, café avec gâteaux ou 'chamia'' offerts par un pâtissier connu sur la place. Qui dit mieux ? Un f'tour qui n'a rien à envier aux cartes de restaurants les plus chics de la région. Et puis, ce n'est pas tous les jours de l'année que les démunis sont choyés. Ce mois de piété reste pour eux une occasion de se sentir proches des gens ordinaires. Dar El Ihsan a assurément gagné en audience et en crédit vu sa bonne tenue et le staff qui assiste le président peut être fier du travail accompli. «Nous remercions tous les bienfaiteurs et notamment nos amis de Tlemcen et Sidi Bel Abbès pour leur précieux concours. Dieu leur rendra. Nous espérons seulement que notre appel pour la réalisation d'une cuisine soit entendu par le ministère de la Solidarité auquel nous avons envoyé une fiche technique», tel est le message que l'association a voulu transmettre à travers le journal.