A défaut d'exportation commerciale, l'Algérie a réussi à livrer aux autres pays, un mode de vie protestataire, un peu rebelle sur les bords. La campagne de boycott des véhicules made in bladi' avec extension aux véhicules d'occasion, lancée il y a quelques mois, en Algérie, sous le slogan «Khaliha tsadi», a été si bien exportée au Maroc que nos voisins de l'Ouest ne jurent que par «Khaliha ». Répercuté à grande échelle, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, notamment grâce aux réseaux sociaux ou le social média, les campagnes de boycott se succèdent sous le même rythme de «Khaliha», qu'on peut coller sur n'importe quelle marchandise, ciblée par les internautes. Mais, «Khaliha tsadi» reste de loin la meilleure, la copie originale de la campagne de boycott qui carbure le mieux en Algérie. La seule qui a su trouver son chemin dans les cœurs des Algériens. Tant d'autres sujets auxquels on a voulu coller la formule «Khaliha » suivront, comme «Khaliha t'bour» et d'autres encore, mais le résultat n'a pas donné une forte mobilisation des internautes qui restent concentrés sur leur cher slogan Khaliha tsadi', qui demeure toujours d'actualité, tant qu'il n'y a aucun arrangement sur les prix des véhicules. Au Maroc, «Khaliha » fait des sensations. Et elle réussit là où on l'applique, du boycott d'un yaourt, passant par la mise en quarantaine de tout un centre commercial et allant jusqu'à la chose culturelle, puisque certains veulent faire capoter le festival mawazine. Cela commence même à inquiéter le gouvernement de Sa Majesté. La contagion a atteint le royaume wahhabite, où les Saoudiens ont lancé leur campagne de boycott des salles de cinéma. Dans ce pays, où le premier cinéma a ouvert ses portes le 18 avril dernier, les Saoudiens ont été choqués par le prix très élevés des tickets et ont lancé une campagne de boycott sous le slogan Khaliha fi dhalma', qui a secoué les responsables du secteur. Pour dire que la formule trouve ses adeptes ici et ailleurs. Chez nous également, Khaliha tsadi', qu'on croyait au départ une simple occupation, «gasra», de jeunes internautes, qui allait se dissiper de la Toile, après quelques jours, est devenu une hantise pour les constructeurs autos, qui font le montage en Algérie, ainsi que les autorités centrale. On commence à s'inquiéter, sérieusement, de cette campagne qui a paralysé le marché automobile alors qu'il était des plus florissants, en Algérie, malgré des prix pratiqués jugés «abusivement» chers. Ciblant les véhicules neufs, la campagne de boycott n'a pas épargné les véhicules d'occasion. Vu que les prix exorbitant des véhicules ne faisaient pas la différence entre le neuf et l'occasion. Hélas, jusqu'à présent, rien sur le front des prix. Le ministère de tutelle a promis de tirer au clair le prix de revient des véhicules montés en Algérie, mais toujours rien. Malgré une campagne de boycott, jamais vue en Algérie, les prix des véhicules n'ont pas baissé. Aucun résultat. Jusqu'où la confrontation alors ? L'Etat doit assumer son rôle de régulateur et d'arbitre, pour que ni les uns (les constructeurs), ni les autres (les consommateurs), ne soient victimes de dommages collatéraux, sur le plan socio-économique, de cette campagne de boycott.