Après Ahmed Ouyahia c'est au tour du ministre de la Justice de se prononcer sur l'affaire de la cocaïne saisie à Oran fin mai. Tayeb Louh est revenu hier sur ce dossier qui tient en haleine l'opinion publique en indiquant que le principal accusé dans ce dossier, en l'occurrence Kamel Chikhi, est visé par quatre enquêtes dont deux sont liées au trafic d'influence et une sur le blanchiment d'argent. Sans donner plus de détail, il révèle que «six personnes sont en détention» et «12 autres seront présentées au juge» au plus tard aujourd'hui «et pourraient être mises en prison». Des commissions rogatoires internationales ont également été délivrées par la justice dans le cadre de l'enquête sur le trafic de drogue. Si le ministre ne précise pas l'identité des prévenus, la presse nationale avait rapporté que des magistrats avaient été suspendus pour avoir bénéficié «d'avantages indus». Des révélations qui ont fait sortir de son silence le Syndicat national des magistrats (SNM) qui affirme, dans un communiqué rendu public samedi dernier, que les informations relayées sur une pseudo-implication de juges dans l'affaire des 701 kg de cocaïne saisies au port d'Oran ont pour objectif de «faire dévier l'enquête» et visent «à attenter à la crédibilité de la justice et à ses institutions». Le SNM a exprimé dans ce cadre sa «stupéfaction» de ce qu'il a qualifié d'«allégations» impliquant des magistrats nommément désignés dans l'affaire de trafic de cocaïne alors que l'enquête est «au tout début», soulignant «son droit à user de toutes les voies et moyens légaux contre ces agissements». Pour le Syndicat, ces informations répercutées par certains médias sont de nature «diffamatoire» afin de «porter atteinte à l'image des magistrats», d'autant qu'elles «ont terni l'image du secteur de la justice en Algérie devant l'opinion publique nationale et internationale». Le SNM a ainsi appelé les différents médias au «respect de l'image et de la crédibilité des institutions et des cadres de l'Etat algérien, notamment le secteur de la justice». Un appel repris par le ministre de la Justice qui a déclaré qu'«il faut respecter les institutions, les responsables des institutions». A l'adresse des sceptiques qui pensent que la justice ne va pas aller à fond dans cette affaire, Louh a promis qu'il n'y aura «pas d'impunité». Les déclarations publiques du ministre de la Justice n'apportent aucun élément nouveau à l'affaire et tout le monde est en attente d'une véritable communication à propos de ce dossier pour couper court à toutes les rumeurs et les supputations qui ne cessent d'alimenter la compréhension déjà difficile de cette affaire.