Entre Washington et Téhéran le ton et la tension montent sur fond de mises en garde et de menaces échangées. Leurs échanges verbaux musclés ont été enclenchés par le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo qui dans une déclaration s'en est durement pris au régime iranien et à ses plus hauts dirigeants qu'il a accusés d'être un «cauchemar pour le peuple iranien» et prévenu que les Etats-Unis n'ont «pas peur» de les sanctionner au plus haut niveau. Sa diatribe a provoqué la réaction du président Hassan Rohani qui a répliqué en lançant l'avertissement en direction de son homologue que la poursuite de sa politique d'isolement de l'Iran et ses intentions bellicistes à son égard provoqueraient une guerre qui sera «la mère de toutes les guerres», ce à quoi a aussitôt violemment répliqué en le sommant de ne «menacer plus jamais les Etats-Unis car à défaut l'Iran s'exposera à des conséquences telles que peu au cours de l'histoire en ont connues». Une désescalade dans les échanges agressifs entre les deux pays paraît fort improbable sachant qu'à Washington l'on a opté à l'encontre de Téhéran d'une stratégie de subversion visant ni plus ni moins que la chute du régime. Pompeo et John Bolton le conseiller aux affaires de sécurité à la Maison Blanche, tous deux fervents interventionnistes contre l'Iran, ont en effet convaincu Donald Trump qu'il ne suffit pas d'avoir fait dérailler l'accord nucléaire iranien mais qu'il faut que les Etats-Unis entreprennent contre Téhéran sinon une guerre ouverte des opérations de subversion qui alimenteraient le mécontentement populaire qui grandit en Iran contre le régime et ses dirigeants pour provoquer la chute de ces derniers et un changement de régime. A la guerre économique qu'ils ont déclarée à l'Iran en le soumettant à des sanctions drastiques auxquelles ils ont sommé le reste du monde à se conformer, faute de quoi les contrevenants s'exposeront à des représailles américaines économiques et financières, les Etats-Unis ont ajouté celle psychologique consistant à saper le moral des Iraniens. Les stratèges américains de cette sorte de guerre ont pour ce faire décidé d'abreuver les Iraniens en propagande anti-régime et en «fake news» démoralisantes pour les pousser à la révolte. La montée des tensions entre Washington et Téhéran est suivie avec satisfaction et jubilation à Tel-Aviv et à Ryad qui en attendent qu'elle comble leur plus cher désir qui est qu'elle débouche sur une confrontation militaire ouverte avec l'Iran à laquelle Israël et l'Arabie saoudite piaffent de prendre part. Israël ne fait pas qu'attendre que cela advienne, Benyamin Netanyahu et son cabinet de faucons à tout crin s'adonnent en Syrie à des agressions provocatrices clairement destinées à créer une situation intenable politiquement et militairement pour Téhéran avec le calcul qu'il en résulterait une réaction iranienne donnant prétexte à l'intervention armée de l'axe anti-iranien américano-israélo-saoudien. Ce après quoi cet axe s'emploiera, pourquoi pas, à réclamer le prix Nobel de la paix pour Donald Trump qui aura établi la «pax americana» venue à bout de la menace iranienne sur la région. Au Moyen-Orient en particulier le pire, hélas, est à craindre de ce maléfique axe.