L'Algérie appelle à l'investissement étranger dans son amont pétrolier et gazier ainsi que dans le domaine de la pétrochimie et des industries de transformation. C'est en substance le discours tenu par le ministre de l'Energie, jeudi dernier, aux leaders mondiaux de l'énergie, a indiqué le département de Mustapha Guitouni dans un communiqué. Lors du sommet des leaders mondiaux de l'énergie qui se tient à Milan, en marge de la tenue de la Semaine mondiale de l'énergie, Guitouni a rencontré plusieurs de ces leaders, évoquant la nouvelle carte énergétique mondiale ainsi que les positionnements actuels et futurs des majors énergétiques et pétrolières en fonction des transformations, innovations et opportunités nouvelles, précise la même source. Citant l'exemple algérien, le ministre a indiqué que l'une des priorités du pays réside dans une transition énergétique qui devra se concrétiser effectivement «avec la réalisation, d'ici 2030-2035, d'un parc d'énergies renouvelables d'une capacité totale de 22.000 MW». Le ministre est revenu sur l'expérience «réussie » de la première étape de la concrétisation du Plan national des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique «par l'intégration dans le système électrique algérien d'une capacité de 400 MW en solaire et éolien». Pourtant, le pays qui bénéficie de 3.500 heures d'ensoleillement dans le Sud, soit 86% du territoire et 2.650 heures au Nord est parmi les bons derniers dans la transition énergétique, estimait l'expert international en énergie, Mourad Preure, dans une interview accordée à un quotidien national en octobre 2017. Il avait appelé à «investir puissamment dans les renouvelables, le solaire en particulier, et viser à entrer dans le cercle des leaders industriels et technologiques de la transition énergétique». Pour cela, il a expliqué qu'«il nous faut profiter de la crise que traverse l'industrie des renouvelables dans le monde, particulièrement en Europe, du fait de la guerre des prix menée par les Chinois. Beaucoup de pépites, des sociétés de haute technologie dans le domaine sont en difficulté en Europe. Elles sont disposées à construire des partenariats industriels et technologiques avec nos entreprises». Restant dans la transition énergétique, Guitouni a annoncé le lancement, «incessamment» d'enchères pour la réalisation de 200 MW en direction des investisseurs nationaux, seuls ou en partenariat avec des étrangers, dont 50 MW seront réalisés par la société publique Shariket Kahraba wa Taket Moutadjadida (SKTM) afin d'hybrider les centrales diesel. Il a aussi indiqué que cette stratégie de transition est «associée à une stratégie industrielle pour une meilleure valeur ajoutée et plus de création de richesses et d'emplois». Pour Preure, cet engagement dans la transition énergétique «doit être une ambition industrielle qui ne se limite pas à la réalisation d'installations. Nous devons investir l'amont de la chaîne et entrer dans la filière du silicium qui nous mènera aussi vers les semi-conducteurs, nous devons investir les nanotechnologies et nous mettre en veille dans la filière des couches minces. Nous avons des ressources considérables en silice et pouvons produire du silicium. Nous avons des ressources en lithium et nous pouvons engager dans la filière des batteries lithium-ion qui fonde le nouveau paradigme de la mobilité. Nous devons nous engager dans les systèmes distribués où chaque foyer produirait une part de son électricité ». Le ministre de l'Energie a également présenté à ses interlocuteurs la politique de relance de l'effort d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures par la refonte du cadre légal de manière à valoriser le domaine minier, de restaurer la compétitivité de l'amont pétrolier et gazier algérien, de favoriser le climat des affaires et d'accroître les investissements, en particulier dans les activités d'exploration/exploitation en partenariat. En marge de cet événement, Guitouni a rencontré le P-dg du leader mondial du conseil technique, de l'ingénierie et de l'innovation dans le domaine de l'électricité CESI, Matteo Codazzi, où il a été question des études d'intégration des énergies intermittentes d'origine renouvelables dans le système électrique, en perspective de la réalisation du Plan national des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique qui prévoit, à terme, l'intégration dans le réseau algérien de 22.000 MW en énergies renouvelables. Des solutions ont également été discutées pour l'exportation de l'électricité produite en Algérie vers les pays voisins et vers l'Europe, précise le communiqué. Par ailleurs, et lors de sa rencontre avec le P-dg de la Société tunisienne de l'électricité (Steg), le ministre a évoqué le succès du renforcement des interconnexions électriques entre l'Algérie et la Tunisie, tout en appelant à les consolider davantage afin de pouvoir étendre l'exportation de l'électricité vers d'autres pays de la région, sur les deux rives de la Méditerranée. En outre, il a annoncé le raccordement de la région de Sakiet Sidi Youcef en Tunisie en gaz algérien avant la fin de cette année.