Les différents acteurs intervenant dans les énergies renouvelables avancent, "mais en rangs dispersés". Le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, a proposé, jeudi, la création d'un conseil consultatif regroupant l'ensemble des parties concernées (institutions, industriels nationaux et étrangers, chercheurs, experts,...) pour pérenniser la concertation et l'échange sur la mise en œuvre du Programme national des énergies renouvelables. Le ministre a relevé "un manque flagrant de communication". Il a indiqué que les différents acteurs intervenant dans les énergies renouvelables avancent, "mais en rangs dispersés". Le ministre de l'Energie a annoncé l'organisation de portes ouvertes avec la commission de régulation de l'électricité et du gaz, méconnue par beaucoup d'opérateurs, selon lui. M. Guitouni a souligné la nécessité de développer une véritable industrie orientée vers les énergies renouvelables. Selon le ministre, les pays, qui se sont lancés dans les énergies renouvelables, qui ont importé les composants de l'étranger, notamment les panneaux, "n'ont pas réussi". M. Guitouni estime qu'il faut produire des panneaux en Algérie, qualifiant les quatre ou cinq investisseurs qui se sont lancés dans cette industrie de "courageux". Cependant, le ministre a laissé entendre que la capacité de production de ces entreprises est relativement faible. "C'est une affaire de 150 mégawatts les cinq entreprises réunies", a-t-il relevé. Un chef d'entreprise, qui a investi dans la fabrication de panneaux photovoltaïques, a précisé que le problème ne se pose pas en termes de capacité de production, mais plutôt en termes de plan de charge. Mais pour Abdelmadjid Attar, expert, l'Algérie doit relever cinq défis pour réussir sa transition énergétique. Le premier défi est industriel. Il consiste à mettre en place, d'amont en aval, une nouvelle filière industrielle englobant, notamment, l'engineering qui est pratiquement inexistant, la fabrication d'équipements, la production d'énergie qui est insignifiante actuellement et la maintenance qui nécessite le développement de nouveaux métiers. Le second défi concerne la gouvernance et le pilotage. Sur ce point, M. Attar relève l'absence de coordination entre les acteurs énergétiques. L'expert a, également, insisté sur la nécessité d'élaborer "une carte énergétique du pays". Le troisième défi est technologique. M. Attar constate que les technologies, dans le secteur des énergies renouvelables, évoluent rapidement, d'où la nécessité d'une veille technologique. Le quatrième défi est économique et de régulations. Le dernier défi porte sur les ressources humaines. Evoquant le contexte mondial, M. Attar a estimé que 85% du taux de croissance de la demande énergétique mondiale, entre 2016 et 2040, proviendront du gaz naturel et des énergies renouvelables. Le P-DG de Sonelgaz, Mohamed Arkab, ne partage pas le constat d'Abdelmadjid Attar. "On ne peut dire que l'Algérie n'a pas démarré ou n'a pas un noyau sur l'engineering. Nous avons un noyau", a-t-il réagi, en insistant sur la nécessité d'associer la composante industrielle, indispensable pour réussir le programme des énergies renouvelables. Dans ce cadre, le ministre de l'Energie a annoncé l'organisation de portes ouvertes sur l'aspect industriel lié au programme des énergies renouvelables. "Je proposerai au ministre de l'Industrie de m'accompagner sur ce dossier", a-t-il affirmé. Pour l'ancien ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa, "il ne s'agit pas de faire uniquement le programme national, il s'agit d'attaquer la marché international à terme". M. Boutarfa soutient que le partenariat international "est incontournable", d'autant que la technologie, dans ce domaine, évolue rapidement. L'ancien ministre estime qu'il faut régler la question du financement. "C'est la grande question", a-t-il souligné. Meziane Rabhi